La dernière grève des taxis a irrité les citoyens mais a provoqué des remous au sein de la corporation. Si le citoyen paye parfois les frais d'un conflit qui perdure entre les taxistes et les autorités concernées (gouvernorat, assurances…), «qu'attend l'Etat pour assainir le secteur une fois pour toutes?», s'interroge un fonctionnaire. Grève jugée «sauvage» par des usagers, avec, en corollaire, des actes condamnables de taximen. Tel ce taximan tabassé par un collègue pour avoir pris un client en urgence. Sans oublier les dégâts occasionnés à plusieurs véhicules, notamment du côté de l'aéroport et de la banlieue-ouest. «Je ne pense pas que notre syndicat épongera mon manque à gagner», s'exclame l'un des taxistes qui affirme être persuadé que «seules les négociations arrangeront les choses». Un autre chauffeur s'indigne à sa manière : «Notez bien que deux grévistes sur trois ont des revenus parallèles». Malaise profond Voilà le clou enfoncé, ces propos témoignent du malaise profond du secteur. Certes, des revendications sont tout à fait légitimes, telles que les taxes, les tarifs du carburant, la hausse vertigineuse des autorisations et des permis de place, ainsi que «la concurrence des taxis collectifs». Cependant, l'arbre ne doit pas cacher la forêt, quand on sait que ce secteur est malade d'abus et de pratiques vieux de nombreuses décennies. Jugez-en‑: - Certaines personnes bien assises possèdent et gèrent plusieurs taxis. Un vrai trésor - D'autres, peut-être moins… nantis, louent leurs taxis, parce qu'ils travaillent ailleurs. De quoi arrondir les fins de mois! - La corruption qui sévit encore dans les concours d'octroi des permis de place, «le plus offrant» étant toujours privilégié - Le niveau d'instruction très bas d'une bonne frange de nos taxistes, d'où des comportements peu civiques avec les clients et des problèmes de communication avec les touristes. - L'absence de tenues correctes chez plusieurs chauffeurs. Autant de plaies béantes dont la cicatrisation tarde encore à se faire. Le sera-t-elle après la promesse donnée par le ministère de tutelle d'«opérer une purge dans les tout prochains jours, afin d'assainir le secteur et de le débarrasser de ses vieux démons»? Accalmie? Délivrance? Peut-être. Mais, pour en avoir le cœur net, attendons la réaction des taxistes qui ont promis de repartir, dans 20 jours, en grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites.