The Tree of life (l'arbre de vie), de l'Américain Terrence Malick, a, ainsi, remporté la Palme d'or de la compétition du 64e Festival de Cannes. C'est ce qu'a annoncé Robert de Niro, président du jury. Une palme accueillie de façon mitigée par la presse internationale, tant la salle qui lui était consacrée pour suivre le palmarès sur grand écran était divisée : tandis que les uns applaudissaient, les autres sifflaient et huaient le choix du jury. Le film bruisse d'une méditation au souffle poétique sur la condition humaine et la création du monde et la lutte des personnages entre la violence et la mort, ou la grâce et la vie. Ce sont les longueurs de plans-séquences focalisés sur la création filmés en numérique et la lenteur du rythme qui ont dérouté les «spectateurs impatients» semble-t-il. Bref, c'est Jane Fonda qui a remis la palme aux producteurs de Terrence Malick qui ne se déplace jamais, puisque même pour la conférence de presse du film, il a fait faux bond. Le grand prix a été décerné en ex æquo à Il était une fois en Anatolie du Turc Nuri Bilge Ceylan et à Le gamin au vélo des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique) déjà détenteurs de deux Palmes d'or (Rosetta et L'Enfant). Le premier propose, avec quelques lenteurs, un voyage à travers des personnages perdus entre désirs, fantasmes, illusions et mesquineries, créant un climat et une atmosphère magnifiques. Le second, très bien ficelé et interprété, se focalise sur l'enfance de l'histoire d'un enfant qui court derrière l'amour paternel. Le prix de la mise en scène a été décerné à Drive de Nicolas Winding Refn, un film d'action bien goupillé qui se focalise aussi sur les personnages. Certes, on peut contester ce choix, car il y a certainement mieux, comment passer inaperçu la merveilleuse mise en scène de Melancholia de Lars Von Trier… Mais le bannissement du cinéaste du festival a ses raisons que le cinéma ne connaît pas. Probablement. Toutefois, le jury s'est ressaisi et a bien vu en récompensant l'actrice principale de Melancholia : Kristen Dunst, qui s'est écriée, en allusion à cette affaire : «Quelle semaine !», elle qui a tellement convaincu dans le rôle de Justine, une femme mélancolique et dépressive qui a renoncé au monde qui court vers sa fin, selon le réalisateur. Le prix de l'interprétation, raflé par Jean Dujardin pour son rôle dans le film muet The artist du Français Michel Hazanavicius, est presque téléphoné tant tout le monde s'y attendait. Dujardin au sommet de son art cite à travers son jeu plusieurs acteurs de l'époque du muet : notamment des clins d'œil à l'inénarrable Douglas Fairbanks, par exemple. «Je profite, je prends et je partage ce prix avec Béatric Béjio, ma partenaire», dit-elle en recevant son prix. Et de poursuivre avec humour: «Bon, je vais me taire, car cela me va plutôt bien». Le Prix du jury a échu à la réalisatrice française Maïwenn, qui a filmé la misère du monde à travers le quotidien d'une brigade de la protection des mineurs. Très émue et au bord des larmes, la réalisatrice a visiblement bien apprécié son prix. Le Prix du scénario a récompensé l'Israélien Joseph Cedar pour son film Foot note, dénonçant Israël en tant que forteresse qui cache des vérités, privilégiant la tradition et les croyances sur la recherche de la vérité. Le film évoque la rivalité entre un père et son fils, tous deux chercheurs et universitaires. Paradoxalement, le premier privilégie la vérité en se focalisant sur l'altération subie par le Talmud alors que le deuxième se fond dans la masse des manipulateurs. Enfin, le Prix du court métrage a été attribué à Cros de Maryna Vroda, tandis que la caméra d'or qui récompense les premiers longs métrages parmi lesquels le film tunisien de Mourad Ben Cheikh Plus jamais peur, a été décerné au film Las Acacias de Pablo Girogelli, un opus présenté dans le cadre de la Semaine de la critique. Déception pour Aki Kaurismäti dont on s'attendait à voir le film Le Havre figurer au palmarès. Et tombe le rideau.