Ahmed Hajeri, une illustre figure de l'art contemporain tunisien. Comment illustre, alors que son nom n'est connu que par une minorité d'«avertis» et de collectionneurs d'art (ses œuvres se vendent aux enchères) ? Certains ont le droit de se poser la question, puisque même au programme d'histoire de l'art tunisien, son nom est à peine cité et rares sont les étudiants en art et les gens du milieu artistique à connaître son œuvre ! Et dire que sous d'autres cieux, ce peintre est connu et reconnu. D'ailleurs, quand on tape son nom sur la barre de recherche de Google voilà ce qu'on y lit : …il grandit au sein d'une famille modeste de la ville de Tazarka, petite cité côtière du Cap Bon, en Tunisie. Il émigre en France en 1968 où il commence une vie d'ouvrier spécialisé. Au cours de travaux de dessins techniques qu'il réalise pour Roland Morand, architecte et peintre français, celui-ci remarque la qualité des esquisses personnelles du futur peintre. Morand l'encourage alors à continuer dans cette voie et présente ses premiers dessins à Jean Dubuffet qui y voit un «travail intéressant». En 1977, Hajeri présente sa première exposition à la galerie Messine de Paris (8e arrondissement). Il expose pour la première fois en Tunisie en 1985 à la galerie Médina de Tunis et, un an plus tard, à la Phyllis Kind Gallery de New York. Il participe alors à de nombreuses expositions personnelles et collectives, notamment aux Olympiades des arts à Séoul en 1988, à l'Institut du monde arabe à Paris en avril 1995 ou encore à la galerie Fanny Guillon-Lafaille de Paris. (Wikepedia) Thomas le Guillou dans son Article "l'Eden de Hajeri" extrait de " Le Courrier des Galeries ", Exposition organisée en mars 1988 à la Galerie de Messine (Paris) en parle ainsi: «L'homme traverse le monde comme une épreuve dont les séances sont parfois insupportables et cruelles. Dans ces moments tragiques, le recours à l'art peut rendre la douleur signifiante. Toute la puissance de l'artiste consiste à transposer le drame particulier à un niveau collectif, ou mieux encore, universel. La condition humaine est alors investie par le sens pictural ou le sens musical : elle est sommée de livrer ses mystères. Révolté d'être l'objet d'une fatalité aveugle, l'artiste espère (par son combat) donner un sens à la vie. Hajeri est de ces créateurs qui refusent de véhiculer une parole dérisoire. Gérard Azoulay parle à juste titre de Révélation en évoquant les visions cosmiques de Hajeri. De par sa voyance, l'artiste est assimilable à la race (en extinction !) des prophètes. L'occupation calme et tranquille de l'espace par les couleurs fragiles et le mouvement érotique des formes vaporeuses de Hajeri annonce un tempérament graphique sûr de lui-même, mais en même temps, peu enclin aux certitudes et au dogmatisme. Même s'il connaît le secret des couleurs, même s'il a trouvé son style, Hajeri reste livré au doute, à la remise en question et au vertige de l'être. Son œuvre se propose comme une quête métaphysique inséparable d'une quête plastique.» En Tunisie son apparition sur la scène artistique locale fut tardive (à l'occasion de son exposition tenue en mars 1985) mais suscite immédiatement un intérêt particulier, fait de curiosité et de secrète admiration pour cet artiste que personne, dans les milieux artistiques, ne connaissait alors (ce qui ne s'est pas amélioré avec le temps), et dont le style ne se prête pas facilement aux classifications habituelles. Depuis 2006, l'artiste Ahmed Hajeri expose en permanence à Kanvas Art Gallery à Tunis. Et rien de plus normal que de célébrer les 5 ans de cette galerie en réinvitant l'homme et son œuvre qui y expose une trentaine de ses acryliques sur toiles, depuis le 21 mai 2011 et jusqu'au 25 juin 2011. Des œuvres qui se sont, presque, toutes arrachées dès les premiers jours. C'est dire la notoriété de cet artiste. Un rendez-vous en fête avec cet artisan du rêve qui n'est surtout pas à rater. Une occasion de découvrir, ou de redécouvrir, son travail et son univers, de se laisser aller à ses figures planantes, poétiquement distordues et difformes. Plonger dans son univers en toiles où toute loi de gravitation, toute notion de perspective et autres sciences de l'anatomie semblent s'être, le temps d'une réminiscence d'un songe, effacées.