Plus d'une quarantaine de tableaux, -gouache sur papier, bois gravé et peint, huile sur panneau ou sur toile-, de vrais bijoux, ornent les cimaises de la galerie d'art Kanvas à la Soukra. Cet éventail représentatif des trésors du patrimoine pictural tunisien est actuellement et jusqu'au 31 janvier 2009, exposé à l'espace Kanvas devenu, un véritable lieu de rencontre entre de grands noms provenant de la rencontre de deux mouvements de création artistique différents : l'Ecole de Tunis et la nouvelle vague. L'exposition se veut ainsi une sorte de flash-back documentaire qui restitue l'empreinte d'un groupe d'artistes, considérés parmi les pionniers de l'art pictural en Tunisie. Signés par les pinceaux de grands peintres de l'école de Tunis, les tableaux illustrent, par leur richesse et diversité, le parcours de ces maîtres qui ont marqué la scène picturale en Tunisie. Toutefois ce que propose l'exposition dépasse la simple contemplation d'œuvres inédites. Car c'est un regard sur 11 artistes peintres tunisiens fascinés par la lumière, les couleurs, les lignes, les formes…et dont les palettes sont seules capables de tirer la ressemblance entre l'oeuvre et son créateur. Cependant parler d'art tunisien authentique nous ramène forcément à l'art tunisien à ses débuts. Des Tableaux comme « Champs de fleurs », « Fleurs d'opium », « Chevaliers » ou « Biches » du Peintre Ali Ben Sale, incarnent cette époque où la peinture puise dans des thèmes s'inspirant de scènes de la vie quotidienne. Dans les années 50, l'Ecole de Tunis puise l'essentiel de son répertoire dans le thème populaire. Une sorte d'orientalisme, à l'époque très en vogue, et qu'on retrouve dans les œuvres d'art de Abdelaziz El Gorgi, Ammar Farhat, Brahim Dhahak et Jalel Ben Abdallah ou Ali Bellagha. Ce sont essentiellement des œuvres qui s'inscrivent dans le figuratif baignant dans des couleurs printanières, et liées directement à la vie traditionnelle où les formes s'intéressent de prime abord à des portraits d'humains, fêtes, métiers, scènes quotidiennes. « Femme tatouée » de Ali Bellagha, « Chuchotements » de Ammar Farhat, « Jeu de cartes » de Abdelaziz El Gorgi, « Nature morte » de Brahim Dhahak et « Femme au foulard » de Jalel Ben Abdallah. Autant d'œuvres qui incarnent cette référence à la réalité tunisienne tout en apportant une certaine vision de la beauté à travers le jeu des lignes, des couleurs et du détail précis. Les oeuvres exposées de Khlifa Chaltout, Mahmoud Séhili, Rafik El Kamel, Habib Bouabana et Ahmed Hajeri donnent quant à elles l'image de cette « génération de la rupture » qui a émergé à la fin des années 50 en apportant de nouvelles conceptions artistiques et une vision particulière de l'art : art qui n'est pas confiné dans les frontières d'un pays, mais universel. C'est la nouvelle vague moderniste avec sa nouvelle vision de l'abstrait, de la forme pure, de la présence de la calligraphie et des signes dans le champs de la création artistique contemporaine. Autant de traces dans les œuvres de Chaltout « Ecole coranique ». Ou encore dans l'univers des figurations, à travers des tableaux comme « Entrée du désert » ou « la médina » de Mahmoud Séhili, « Après le bain », « Calme et volupté » de Rafik El Kamel, « Zmorda » et « Portrait de femme » de Bouabana. Un ensemble de tableaux qui dégage cette tendance à refléter une vision du réel toujours plus allusive très proche de l'abstraction. Et s'ajoute à ce groupe, la touche poétique dans l'art plastique de Hajeri « Le peintre devant sa toile » et « Les deux racieuses », où glisse un art, d'un grand symbolisme, entre l'expressionnisme et le surréalisme.