Les compétitions arabes, pourquoi faire? Si elles peuvent apporter quelques trophées et médailles de prestige au sport national, elles n'en encombrent pas moins les calendriers de la saison, sans pourtant apporter une réelle valeur ajoutée technique. En 1973, l'équipe nationale triomphait à Tripoli, à l'occasion de la défunte coupe de Palestine, laquelle représentait une petite Coupe arabe des nations. Emmenée par Ameur Hizem, elle s'appuyait sur le talent immense d'une génération dorée, Attouga, Chakroun, Chammam, Zitouni, Khouini… et surtout sur la classe cristalline d'un certain Mohieddine Habita, baptisé à l'occasion «Pelé arabe». Un surnom qui lui collera à la peau jusqu'à la fin de sa carrière. En ce temps-là, un championnat (ou coupe) arabe savait passionner le public sportif et l'intéresser au plus haut point. Le calendrier international ne comportait pas toutes ces compétitions et les occasions de se mettre en valeur étaient rares. Mais le contenu technique qui valait ce qu'il valait, passait au second plan. Depuis, les temps ont changé. Si l'on écarte l'aspect politique d'un simple engagement dans l'espace identitaire arabe, ces compétitions sont devenues aujourd'hui un boulet que traîne le sport tunisien pour plusieurs raisons. Celle inhérente à la valeur technique est d'une évidence qui saute aux yeux : presque toutes les compétitions arabes font figure de simples prétextes pour conforter un engagement politique — et qui n'a rien de sportif — derrière les idéaux de fraternité et d'union de destin entre les pays de la région. Contre quels champions mondiaux — ou même continentaux ou régionaux — y concourent nos athlètes? Très peu en fait. Le boulet est également d'ordre financier, puisque ces participations sont coûteuses à partir de la préparation jusqu'au transfert dans le pays organisateur. Alors que les championnats africains servent de qualifications aux mondiaux (en handball, en basket-ball…) ou aux Jeux olympiques (dans les sports individuels) les manifestations arabes ne font avancer nulle part. Sauf sur le terrain du shopping et des voyages qui forment la jeunesse. C'est pourquoi nous ne voyons guère l'utilité de l'engagement de la Tunisie à prendre part à la Coupe arabe des nations, dernière trouvaille de l'Union arabe de football (Uafa). Cette coupe, initialement prévue du 7 au 17 juillet au Yémen a été finalement fixée pour la deuxième moitié du mois de juillet prochain en Arabie Saoudite, en raison des troubles politiques qui secouent le Yémen. Le calendrier de cet été est déjà suffisamment surchargé comme il ne l'avait jamais été. On peine à trouver des dates pour les deux derniers tours de la Coupe de Tunisie de football. Même en y engageant la sélection olympique — ou ce qui y ressemble — la présence du foot national à la prochaine Coupe arabe des nations relève, à notre avis, d'un acte démagogique sans véritable efficacité pour le sport-roi.