C'est la grand-messe de l'aéronautique. Elle se tient dans la banlieue de Paris tous les deux ans en alternance avec le site de Farnborough en Grande-Bretagne, le 49e salon du Bourget a été inauguré ce 20 juin par le président français Nicolas Sarkozy. Un salon placé sous le signe de la reprise et des énergies renouvelables, mais ce Bourget 2011 commence mal pour Airbus, après un accident au sol qui pourrait empêcher le géant A380 d'effectuer des démonstrations quotidiennes dans le ciel parisien, alors que Boeing joue aussi la carte du gigantisme en présentant sa dernière version du légendaire 747 Jumbo-jet. Tous les observateurs le disent, cette année promet d'être un bon millésime : «Nous avons cette année plus de 2100 exposants, 150 avions.» explique Louis le-Portz, le commissaire général du salon. Nous avons aussi un invité d'honneur, le Solar Impulse, car le salon a toujours été une vitrine technologique, c'était important que cet avion solaire soit là alors que les précopuation environementales sont sur toutes les lèvres». Solar-Impulse est une immense libellule solaire. Un avion expérimental conçu et piloté par l'aventurier Suisse Bertrand Picard. Il sera certainement la vedette de ce salon 2011, et effectuera une démonstration, si le temps le permet de le courant dans la semaine. Reprise économique Le Bourget n'est pas qu'une vitrine technologie, c'est aussi l'arène des géants du secteur qui se battent à coups de milliards de dollars de contrats. Après un salon plutôt morose en 2009, à cause de la crise financière, 2011 devrait être l'année du redécollage grâce au retour sur le devant de la scène des grosses compagnies aériennes traditionnelles. Pour Yann Derocles, analyste financier chez Oddo Securities, «les compagnies à bas coût, et les compagnies des pays émergents avaient un peu amorti la crise; c'est maintenant le retour des compagnies dites matures, c'est-à-dire des transporteurs américains ou européens. L'âge moyen de la flotte mondiale d'avions civils est de 8 ans et demi, il est de 12 ans et demi en Europe et 17 ans en Amérique du Nord, il y a un réel besoin de renouvellement des flottes dans ces parties du monde, et pour le moment ce besoin n'a pas été comblé». Après un recul de 4% du trafic aérien en 2009, Airbus table à présent, sur une croissance de 7 à 8%, et compte engranger d'importantes commandes pour son A320 Néo, la dernière version de l'avion le plus vendu de la gamme A 320 : «Cet avion permet d'économiser 15% de carburant, ce qui est énorme, compte tenu du prix du kérosène actuellement, et nous aurons certainement plusieurs centaines de commandes lors de ce salon», indique l'avionneur. A380 contre 747-8 : le choc des titans Cette année encore, Airbus qui va devoir faire face à la concurence de Boeing , qui expose au Bourget deux de ses géants : le dernier 747-8 Super Jumbo et le 787 Dreamliner qui, après plusieurs années de retard devraient être livrés en fin d'année à son premier client All Nippon Airways. Le constructeur de Chicago effectue cette année une démonstration de force sur le sol français alors qu' Airbus ne devrait pas pouvoir présenter en vol, son A380 et son A400M à la suite d'un «accrochage au sol» survenu alors que le géant européen était tracté vers son aire d'exposition.... Quant au cargo militaire A400M, dont les débuts ont été difficiles, il est victime d'une panne sur l'un de ses quatre énormes turbopropulseurs. La guerre en Libye, vitrine des armements français Cette année, nul doute que les industriels de l'armement, vont essayer de «surfer» sur la démonstration de force effectuée en Libye pour faire la promotion de leur matériel. Ce fut le cas 1991, après la guerre du Golfe. Les américains étaient venus en force au salon du Bourget avec leurs machines de guerre couleur «sable» tout juste de retour d'Irak. Dans les mois qui ont suivi, les constructeurs américains, Lockheed Martin, Raytheon, Boeing avaient remporté de juteux contrats dans les monarchies du Golfe. Yann Derocles, analyste financier chez Oddo Securities, précise que «les opérations en Libye peuvent jouer en faveur du Rafale français, précisément dans le cas du Qatar qui est impliqué dans l'opération Unified Protector avec l'Otan et avec l'armée de l'air française. Les aviateurs qatariens voient toute l'utilité de l'appareil, mais il n'est pas sûr que cela joue vraiment dans la décision de pays comme l'Inde ou le Brésil». «Dragon vigoureux» chinois, brille par son absence On attendait cette année les productions chinoises, mais finalement, ça ne sera pas la peine de chercher le JF 17/FC1 qui devait être l'une des nouveautés de ce salon 2011. Le consortium sino-pakistanais Chengdu Aircraft Industry Corporation (Caic) / Pakistan Aeronautical Complex (PAC) qui fabriquent cet avion de combat léger a déclaré forfait. L'appareil avait pourtant était présenté à l'exposition statique, lors du salon de Farnborough en 2010. A 25/30 millions de dollars pièce, (soit le tiers du prix d'un F16), l'appareil intéresse déjà plusieurs pays africains, dont le Soudan, l'Egypte, le Zimbabwe ou la Tanzanie. Pour Jean Michel Gulh correspondant en France du magazine spécialisé Defence Review Asia, «L'objectif de la Chine est d'atteindre le niveau de l'Europe et des Etats-Unis d'ici 20 ans, la transformation de l'économie chinoise a été très rapide, mais dans le secteur aéronautique la pierre d'achoppement reste les moteurs. Les chinois ne sont pas très doués pour fabriquer des réacteurs, ils ont copié les plus mauvais moteurs russes, et il leur faudra 15 à 20 ans pour être indépendants dans ce domaine» . En attendant, il sera possible, cette année, de voir une maquette grandeur réelle de la cabine de l'appareil chinois Comac C919 qui s'attaquera au marché d'Airbus et de Boeing à partir de 2016. Un avion de ligne chinois propulsé par des réacteurs franco-américains CFM « Leap X ».