Par Magali Barthès VoilA une révolution qui permet de communiquer son actualité personnelle en temps réel ! Marque, prix, couleurs et «mensurations» de son dernier écran plasma. Très important pour faire tourner la terre, le détail ! Galilée y laisserait son cœur ! Facebook, cette prouesse numérique est un support momentané essentiel pour jeunesse à la dérive ou adultes rentiers de leur temps. Quel aïoli, diraient les anciens Provençaux ! Dans les pays arabes, Facebook, artisan des révolutions, apparaît comme un progrès social. Mais au sein de notre société de trop-plein, c'est juste la dernière farce à la mode. Pour la jeunesse occidentale, cette invention américaine n'est rien de plus qu'un jouet, un attrape-nigaud numérique. En Occident, beaucoup de jeunes ne connaissent pas le prix de la liberté et gâchent la leur à travers des frivolités. L'opulence rend aveugle. Alors, pour ses millions de membres, le réseau est-il un piège d'oisiveté ou un support d'activisme ? Tout dépend de l'utilisation que l'on en fait. Décryptage. En arrivant au sein de cette secte numérique, il ne faut surtout pas déroger au sacro-saint questionnaire «numérico-civique» du parfait facebookien en cochant la case adéquate : «célibataire», «en couple» ou «marié». Et comme la bête numérique se doit d'être morphologiquement conforme à la société actuelle, le maniaco-inconscient utilisateur se voit aussi proposer la case «C'est compliqué» ! Il n'est pas rare de lire sur les pages personnelles («le mur» en langage facebookien) : «X est heureux», traduction d'une gaîté folâtre, signe affectif d'une volonté effective de partager un sentiment de passage, mis en péril par sa nature éphémère même. Témoin des premiers émois, des grands malheurs du monde individualiste, supplantant d'ailleurs le café du Commerce et surtout, initiateur de rencontres en tous genres... Un jour, Facebook deviendra peut-être la nouvelle agence matrimoniale, à moins que ce ne soit déjà le cas. Et dire que la rumeur le disait payant... Ambassadeur de cette société du paraître, le réseau virtuellement social incite ses adhérents à montrer ce qu'ils font et qui ils sont. En peu de temps, Facebook a réussi là où maints et maints politicards et bonimenteurs ont failli : le vivre ensemble ! Un parangon de vertu ! La grande tendance aujourd'hui est de battre le record du plus grand nombre d'amis sur ce réseau dit social, quitte à solliciter les membres de sa famille ou de purs inconnus. Ainsi, le site planétaire permet d'assouvir un fantasme vieux comme le monde : être ami avec une célébrité ! Qui affirmait que les différentes classes sociales ne se côtoyaient pas ? Il ne manque plus que la cérémonie d'amitié. Facebook procure des privilèges exceptionnels comme l'appartenance à un groupe. Juste un clic de confirmation d'adhésion et vous entrez dans le monde merveilleux créé par le fameux Mark Zuckerberg. L'important est que toute la planète soit connectée. Le reste, les contacts réels des gens, est secondaire ! Il n'y aurait donc pas assez de relations sociales pour éprouver le besoin d'en créer... Normal, depuis que la vie virtuelle s'est substituée à la vie réelle. Dans quelques années, le «livre du visage» remplacera peut-être la «has been» carte d'identité... Mark Zuckerberg peut penser qu'il a inventé la poudre du XXIe siècle... La poudre aux yeux. Un simulacre de vie sociale ! Jeunes Tunisiens, Egyptiens, Libyens, Syriens, vous avez donné à Facebook ses lettres de noblesse. Vous avez su l'utiliser sainement, au nez et à la barbe de nombreux jeunes occidentaux, pour revendiquer vos idées d'hommes et de femmes libres, épancher votre soif de liberté, échanger avec des milliers de jeunes du monde entier. Vous avez gagné votre liberté, vous en savez le prix. Chez vous, les anciens ont vite cerné les avantages de ce bijou numérique. Ne gâchez pas ce formidable outil en un support de Big Brother et vidéos grotesques. Continuez à en faire bon usage, et surtout, ne vous perdez pas dans des errances sans nom. Car pour vous, cette invention a été aussi précieuse que l'ont été les chiffres arabes pour nous.