«Si l'existence précède l'essence, Mélik Ould a vécu avant d'être peintre. Aussi, pour sa première exposition, nous livre-t-il quelques fragments de sa vie». Cet autodidacte d'origine kabyle nous convie depuis le 24 juin à ses réminiscences de vie à travers sa première exposition de peintures «Fragments de vie». Vingt-cinq «morceaux» sont, ainsi, suspendus sur les murs de l'espace culturel «Effesto», où les sédiments de la matière font écho aux chapitres d'une existence. La toile est couverte dans sa totalité comme dans une tentative d'investir tout le territoire, à la manière d'un travailleur de la terre qui ne raterait aucune parcelle. Mélik Ould appréhende la surface (terre) en «all cover», nous rappelant l'approche de l'Américain Jackson Pollock qui investissait de grands formats avec sa technique du «dripping» (de l'anglais to drip, goutter) qui consiste à faire des superpositions de plusieurs couleurs d'un même spectre. Souplesse et fluidité de la peinture se mêlent, ainsi, à la rigidité des matériaux disparates récoltés ici et là (métal, bois, résine, tissus, poudres...), à la chaleur des couleurs terre et à l'agressivité du geste. Les objets épars se mêlent et se juxtaposent dans ses tableaux-objets ou tableaux sculptés, revêtant une existence nouvelle et honorant une autre antérieure, pour livrer à nos yeux les réminiscences de l'artiste. «C'était resté longtemps enfoui au fond de moi et c'est votre “révolution” qui m'a libéré, me permettant de livrer ce premier jet que je compte retravailler. Il me reste encore tant de choses à explorer», nous déclare Mélik. Dans son travail, il existe un fort rapport avec la matière, le relief, le toucher. «Le fait d'étaler la matière, de la toucher, de la modeler sur une surface me permet d'en prendre conscience», affirme l'artiste dans ce sens. «Ces tableaux sculptés» comme il les appelle, récit d'une vie, nous renvoient à notre tour à nos propres sentiments. «Récits d'une vie, il conviendra de se laisser envahir par ses émotions avant de pousser toute forme de réflexion technique et (esthétique) de ces tableaux inscrits dans l'abstrait, mais pour le moins sensibles. En l'absence de mots, le spectateur est libre de vagabonder et de projeter son histoire, son fragment de vie», nous dit encore Mélik Ould. L'exposition se poursuit jusqu'au 10 juillet.