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Un problème sérieux et endémique qui exige une croissance économique plus forte propulsée par le savoir et la technologie (1ère partie)
Le chômage, onde de choc de la révolution tunisienne


Par Salah DARGOUTH*
Avec le recul nécessaire qu'exige l'histoire, nos sociologues prendront le temps qu'il faut pour analyser les causes profondes de l'onde de choc révolutionnaire qui a emporté dans sa propagation le régime despote et corrompu de Ben Ali. En attendant, les observateurs avertis de l'actualité socioéconomique tunisienne s'accordent à penser que le chômage a fort probablement été l'un des ferments latents les plus impétueux de cet élan révolutionnaire. Le rôle d'avant garde joué dans cette dynamique par les vagues de jeunes (hommes et femmes) à travers le pays et par les populations des zones déshéritées, qui toutes deux souffrent plus que les autres catégories sociales du pays des retombées désastreuses du chômage, pourrait offrir une explication plausible à cette ligne de pensée.
La contraction des activités économiques, les mouvements sociaux, la mise à l'arrêt de certains projets industriels, le départ de Tunisie de certains investisseurs étrangers et le rapatriement forcé d'un grand nombre de nos compatriotes de Libye au cours des derniers mois exacerbent une situation de chômage déjà très difficile. C'est en réponse à cette aggravation que le gouvernement a lancé un " programme d'urgence de relance économique et sociale " donnant priorité aux régions de notre pays les plus affectées par le chômage. Ce programme d'urgence vise, entre autres, à protéger les emplois menacés (environ 180.000), à créer de nouveaux emplois salariés (environ 40.000 entre les secteurs public et privé), à lancer des travaux d'utilité publique destinés aux chômeurs non qualifiés, et à instaurer un programme global actif d'emploi (appelé Amal) pour aider à la réinsertion des chômeurs diplômés.
Au-delà de cette nécessaire initiative imposée par le cours des évènements, notre pays a besoin d'un plan de réformes ambitieux pour attaquer en profondeur un problème qui est non seulement sérieux, mais un problème endémique qui ne fait que s'aggraver d'année en année.
Je voudrais très brièvement porter, dans les paragraphes qui suivent, un éclairage sur un certain nombre d'éléments qui me semblent importants pour bien saisir les enjeux de cet épineux problème et penser aux voies de sortie possibles. Il est bon de signaler à ce propos que ces éléments sont fondés sur les résultats d'analyses, enquêtes et études sérieuses conduites en Tunisie ces dernières années. Enfin, pour alléger le poids technique de l'article, les chiffres avec décimales ont été volontairement arrondis.
En quoi le chômage est-il un problème très sérieux en Tunisie?
Selon les autorités gouvernementales, le nombre de chômeurs a dangereusement grimpé ces derniers mois pour atteindre aujourd'hui le niveau alarmant, jamais atteint, de 700.000 personnes. Cette dégradation rapide est le résultat de la conjoncture socioéconomique difficile particulière — et espérons-le passagère – que traverse actuellement le pays.
Toutefois, si on se réfère aux dernières statistiques officielles complètes disponibles, le nombre de chômeurs était d'environ 520.000 en 2008. Sur la base d'une population totale en âge de travailler et disponible sur le marché du travail (appelée population active) de 3,7 millions d'individus, le taux de chômage moyen national était légèrement supérieur à 14% en 2008.
Ce taux de chômage peut être qualifié d'élevé si on le compare à celui enregistré ces dernières années par les pays non producteurs de pétrole de la région l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (où le taux de chômage annuel moyen a oscillé dans la fourchette de 9-12%). On peut même le considérer comme relativement très élevé si on prend en compte le fait que la Tunisie a enregistré des avancées économiques et sociales supérieures à celles de ces pays. Seuls les pays en guerre comme l'Irak ou la Palestine ou classés comme pauvres, comme le Yémen, ont enregistré des taux de chômage plus élevés. Clairement, le modèle de développement de notre pays a fait que malgré une croissance économique relativement décente (4-5%), ce modèle n'a pas permis d'améliorer la situation du chômage en Tunisie.
En outre, le taux élevé de 14% est en fait une moyenne qui ne reflète qu'une partie du problème. En poussant l'analyse, on se rend compte que le chômage dégage en réalité de grandes disparités en Tunisie. Il varie de façon très significative en fonction des régions de notre pays ainsi que du sexe, de l'âge, et du niveau d'instruction de nos concitoyens.
En effet, le taux de chômage est nettement plus élevé dans les régions intérieures de l'Ouest que les régions côtières de l'Est du pays. Il atteint par exemple des niveaux alarmants dans les gouvernorats de Tozeur et Kasserine (autour de 30%), de Gafsa (autour de 25%) et Jendouba et Siliana (autour de 20%).
Sur le plan démographique, le taux de chômage est bien plus élevé pour les femmes que pour les hommes (18% contre 12%). L'écart se creuse encore davantage entre les jeunes et les adultes. Alors que le taux de chômage pour les adultes, de plus de 25 ans, est relativement bas (6%), il est presque 5 fois plus grand (28%) pour les jeunes de moins de 25 ans.
Par ailleurs et paradoxalement, le chômage s'aggrave en fonction du niveau d'instruction. Plus les personnes sont éduquées, plus elles prennent le risque de connaître le chômage. Si le taux de chômage n'est que de 6% pour la population active non instruite, il grimpe pour passer à 12% pour les personnes sortant de l'école primaire, à 15% pour celles sortant du secondaire, et à 22% pour les universitaires.
Plus grave encore, le chômage des diplômés universitaires qui a commencé à se manifester au début des années 2000 empire d'année en année. Le nombre des universitaires chômeurs ne cesse de s'accroître, et ce, à une cadence de plus en plus rapide. De 31.000 en 2000, le nombre des chômeurs sortant des universités est passé à 60.000 en 2005, 128.000 en 2008 et 157.000 en 2010. Il représente actuellement le tiers de l'effectif total des chômeurs en Tunisie.
En quoi le problème du chômage peut-il être qualifié d'endémique en Tunisie?
Il faut se rendre à l'évidence que le chômage est un problème qu'on peut indéniablement caractériser d'endémique en Tunisie. L'étude des séries statistiques de l'emploi montre que bien que son économie ait toujours été capable de créer un nombre appréciable d'emplois, à aucune période de son développement la Tunisie indépendante n'a été capable d'atténuer le chômage à la mesure des promesses des dirigeants et attentes de la population. Le taux de chômage élevé de 14% de 2008 ne constitue pas en fait une exception. Il est équivalent au taux moyen annuel enregistré par la Tunisie depuis les années 70.
A aucun de ses plans quinquennaux de développement socioéconomique, la Tunisie n'a pu atteindre les objectifs visés concernant par exemple le nombre de nouveaux emplois à créer annuellement, ou réaliser les niveaux projetés de baisse du taux de chômage. Elle s'en est parfois rapprochée, mais elle n'a jamais été en mesure de créer autant d'emplois que des demandes nouvelles d'emplois entrant chaque année dans le marché du travail. Les niveaux-cibles de création d'emplois, retenus par les plans de développement, sont presque toujours révisés à la baisse. Les objectifs de 70.000 et plus récemment de 80.000 emplois nouveaux à créer annuellement, étaient toujours révisés à la baisse au cours de l'exécution des plans dès qu'il s'avérait que ces objectifs allaient être difficiles à atteindre.
Quelles sont les principales causes profondes de ce chômage endémique?
Bien évidemment, les raisons qui font que le chômage en Tunisie constitue un problème sérieux et endémique sont multiples. Pour l'objet de cet article, je retiens celles qui sont à mon avis les plus importantes.
Premièrement, les secteurs porteurs de notre économie qui sont l'agriculture, les industries manufacturières de textiles et habillement, de cuir, d'agroalimentaire, ou de composants automobiles, et le tourisme sont fortement demandeurs de main-d'œuvre à faible qualification et intensité de savoir et de technologie. Ces secteurs ne génèrent donc qu'une demande relativement marginale en emplois de diplômés sortant de l'université. Cette demande est de plus en plus dépassée par le nombre croissant de ces diplômés. Malgré l'implantation de plus en plus forte d'IDE (investissements directs étrangers), peu d'industries à forte intensité de savoir et de technologie ont été développées en Tunisie.
Deuxièmement, les efforts en matière d'investissements productifs générateurs d'emplois ont été biaisés pour être concentrés dans les régions côtières au détriment des régions intérieures du pays. Le manque d'investissements publics en matière d'infrastructure de base et de services dans les régions intérieures offre peut-être, une explication à l'insuffisance d'implantation du secteur privé qu'il soit national ou étranger, dans ces régions.
Troisièmement, malgré les progrès enregistrés, l'environnement des affaires se caractérise par une intervention encore trop pesante, omniprésente et déstabilisatrice de l'Etat, et ce, à tous les niveaux et pour toutes les filières. Les études effectuées sur ce sujet ont montré que l'environnement des affaires est miné de situations basées sur le privilège, les pratiques frauduleuses et la corruption. Cet environnement a certainement fait obstacle à la création d'emplois et explique probablement pourquoi l'investissement domestique privé est resté irréductiblement faible pour être accaparé de plus en plus par les proches de l'ancien pouvoir.
Quatrièmement, le marché du travail demeure très rigide surtout quand il s'agit de règles et procédures régissant le recrutement et le licenciement, la compression des dépenses et la restructuration des entreprises, etc.


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