Au moment où les spécialistes se demandent ce que le football deviendrait sous un soleil de plomb où les températures peuvent atteindre 45 degrés à l'ombre, l'étalement de la saison sportive tunisienne suscite plusieurs interrogations. En effet, avec vingt-six journées sans compter les matches avancés de l'épreuve de la coupe, les observateurs avertis s'interrogent sur l'efficacité d'un tel système où les joueurs s'essoufflent et les équipes perdent le vrai sens de la compétitivité. En effet, la dernière journée de la saison 2010-2011 est pour le 10 juillet. La finale de la coupe de Tunisie aura lieu le 25 juillet. Tandis que le démarrage de la nouvelle saison est prévu pour le 25 septembre. Tout cela sans compter l'engagement de certains clubs en compétitions africaines, comme le cas de l'Espérance qui entamera la phase des poules à partir du 16 juillet. Epreuve de spectacle et d'épanouissement, le football ne mérite pas le traitement forcé qu'on lui inflige, ni l'excès dont il est la victime. D'où la nécessité d'une révision urgente et fondamentale avec ce qui s'ensuit comme position engagée et engageante à même de débarrasser ce sport de tous les maux qui portent préjudice au football et viennent étayer la défense des valeurs du sport. Car, il n'est plus accepté d'évoluer dans le chaos : un jour on établit une liste des principes, quelques jours après on revient sur les termes et un autre jour on découvre un nouvel argumentaire qui plaide pour le contraire. N'est-il pas temps de mettre un terme à ces stratégies à géométrie variable? Pour cela, il est nécessaire de décrypter les faits pour mieux comprendre. Mais comprendre quoi au juste? Les décisions fédérales qui n'ont jamais fait l'unanimité? Le seuil qu'on n'hésite pas à franchir pour un oui ou pour un non? Comprendre aussi comment le football a perdu beaucoup de son âme et une grande part de sa notoriété en meublant des après-midi de canicule insupportable pour toutes les parties prenantes. Victime d'une programmation hâtive, accablé par les éternels remaniements du calendrier, le football tunisien ne risque pas de reprendre de sa superbe de sitôt. Mauvaise gestion, absence de structures stables, les maux qui secouent notre football ne manquent pas d'où l'urgence d'un système clairement défini et d'un style qui lui soit propre et assumé par tous, pour le sortir du tunnel. Car une compétition, qui se prolonge jusqu'à la fin du mois de juillet, ne peut que nuire à la santé des joueurs et affecter leur condition physique. Lesquels joueurs ont assurément besoin de respirer pour recharger leurs batteries. Autant le corps et l'esprit des sportifs devraient rester en éveil en dépit de toute la pression qu'ils subissent, autant ils ont besoin de repos pour se ressourcer et évacuer la masse de stress accumulée pendant de longs mois de compétition. Les équipes ont besoin d'être compétitives. Les joueurs ne l'ignorent pas. Les épreuves par lesquelles ils peuvent aussi passer peuvent les rendre sans doute plus forts. Ils vivent certes des choses magnifiques, même si à l'arrivée ils seront un peu déçus. Mais ce qu'ils ont déjà accompli ne manque pas de leur montrer le chemin qu'il leur reste encore à faire. Et tout cela est difficile à avaler. Tous ces détails, toutes ces contraintes qui ne pardonneront pas un autre jour... Bien qu'on ne soit pas tous d'accord sur le mode de programmation de la compétition, et encore moins sur la qualité et la valeur du spectacle présenté dans un cadre et dans un contexte difficiles à supporter, on est en droit de manifester le rejet d'un jeu qui privilégie la médiocrité et l'excès à la rigueur. On sait maintenant comment une équipe pourrait tomber si bas surtout quand la condition physique de ses joueurs est fortement compromise. Canicule et chaleur étouffante. Il n'y a pas de plus dangereux pour le football. Le miroir à deux faces... En cette fin de saison suffocante, il manque à la plupart des équipes du fond, du style, de la cohérence et une capacité générale à gérer et à supporter une série de matches avec aisance. C'est beaucoup? C'est énorme effectivement. D'autant que nous n'évoquons pas l'invisible qui mine l'édifice: l'état d'esprit qui affecte la sérénité, l'immédiat qui compromet l'avenir et le long terme et l'inaptitude à se fondre dans un cadre défini et à en accepter les contraintes. C'est pourquoi on est souvent en présence de beaucoup d'équipes spécialistes des départs canon et des arrivées au pas de charge. Elles n'ont jamais su montrer qu'elles peuvent être aussi des équipes de toute une saison. La compétition n'est pas simple. Elle ne l'est pour personne, et pas davantage pour les joueurs et les entraîneurs. La seule chose dont on peut être persuadé, c'est que les grands hommes en matière de football figurent plutôt dans les livres d'histoire que sur les terrains et dans les stades. Les temps ont changé plus vite qu'on ne le croyait, et maintenant que le football est aussi l'affaire des joueurs étrangers, on n'est pas sûr que certains pourraient se reconnaître dans l'univers nocif du football de plein été. Qu'ils puissent se sentir à l'aise ne nous effleure même pas l'esprit. La qualité d'adaptation des joueurs ne s'est point améliorée même s'ils ont pu sacrifier beaucoup de choses sur le fond. Cela n'empêche pas les mauvaises décisions de chaque week-end, ni leurs conséquences. Mais ce à quoi ils ne devraient pas céder, ce sont les dérapages de tous genres. Sont-ils obligés de se comporter comme ils le font ces derniers temps? Ils sont là, en fait, pour protéger l'intégrité du jeu et l'image du football. Un besoin d'exemplarité qui intervient dans une période où l'image du foot s'est bel et bien dégradée et développe une fâcheuse tendance à se robotiser . Tout aussi regrettable, la tendance de privilégier la quantité à la qualité, le physique à l'adresse, la puissance à la finesse. Mais au moment où des technocrates «éclairés» estiment que le jeu peut être soumis à des règles scientifiques, comme la mise en fiche des aptitudes physiques des joueurs, il nous semble qu'on parie beaucoup plus sur la machine que sur l'homme. Or, quel que soit le côté où l'on se tourne, l'homme émerge du système. Unique. Indispensable. Irremplaçable. Souverain. Car il est le football. La liberté. L'imprévisible... La vérité de base est que la philosophie actuelle au sein des équipes et des instances sportives de formation et de programmation repose davantage sur la notion du duel et de combat que sur la technique et la qualité. Une carrière de footballeur d'élite se gère aujourd'hui plus par l'exploitation astucieuse des circonstances et des phénomènes de mode que par l'aptitude indiscutable à être un joueur de haut niveau. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons d'un vrai malaise et d'une profonde interrogation sur un football qui ne prend pas suffisamment en considération ses fondamentaux.