Une note de 20 sur 20 à l'épreuve de philosophie Lauréate de la section lettres avec une moyenne de 17,25, meilleure moyenne obtenue à l'échelle nationale depuis l'Indépendance, Haïfa Ben Salem s'est pourtant vu refuser net une bourse d'études pour l'étranger par le ministère de l'Enseignement supérieur, au motif que cette dernière n'est accordée qu'aux sections mathématiques et sciences expérimentales. La déception a été grande pour cette jeune fille, qui a vu son rêve de faire des études à la prestigieuse université d'Assass, partir en fumée. «Le refus a été sec et abrupt de la part du ministère de l'Enseignement supérieur. Le gouvernement ne fait rien non plus pour motiver les élèves, notamment les plus brillants d'entre eux. Pourtant,j'ai toujours pensé que la Tunisie mettait tout en œuvre pour valoriser ses compétences», affirme, dépitée, la jeune lauréate qui estime mériter cette bourse pour pouvoir réaliser son rêve, à savoir celui de poursuivre ses études dans l'une des plus grandes universités françaises qui enseignent le droit. La brillante élève a également obtenu la note de vingt sur vingt à l'examen de philosophie, une prouesse dans la section lettres, quand on sait qu'il est difficile, voire très difficile, d'obtenir une note supérieure à quinze dans les matières littéraires, notamment en philosophie. La jeune fille, qui a découvert la philosophie au gré de ses lectures — elle est passionnée de Nietzsche, de Sartre et de Camus dont elle a lu la majorité des oeuvres — s'est retrouvée à son aise comme un poisson dans l'eau en classe de terminale philosophie. Le jour de l'épreuve, elle opte avec enthousiasme pour le second sujet qui porte sur la communication et les médias et qui est, selon elle, «un sujet contemporain et d'actualité . C'est un thème que j'ai beaucoup apprécié. L'énoncé était clair et explicite». La jeune fille s'attelle au travail et rédige une réflexion de quatorze pages, en étayant son argumentation à partir des lectures qu'elle a faites. «Je pense que c'est peut-être ce qui m'a avantagée par rapport aux autres candidats. Mon épreuve était truffée d'exemples tirés de mes lectures. J'ai argumenté non de façon arbitraire mais en me basant sur les diverses positions d'auteurs contemporains», affirme-t-elle.. La moyenne obtenue au baccalauréat n'est pas le fruit du hasard. Outre son sérieux et son assiduité tout au long de l'année — la jeune fille assiste à tous les cours et ne rate aucune séance — sa grande histoire d'amour avec les livres a beaucoup contribué aux résultats obtenus tout au long de son cursus scolaire. Son père, avocat, et sa mère, magistrate, l'initient à la lecture dès son plus jeune âge et lui transmettent leur passion des livres et des revues. Dès la première année primaire, la petite fille est sérieuse et appliquée et montre de bonnes prédispositions pour les études. Son assiduité au cours des années des cycles primaire et secondaire lui permet d'obtenir de bonnes notes dans toutes les matières et de passer sans encombre d'un niveau à l'autre. L'année du baccalauréat, elle observe une régularité sans faille dans ses études pour pouvoir décrocher haut la main le sésame qui lui permettra de réaliser son rêve: celui de pouvoir poursuivre ses études à l'étranger et de devenir avocate afin de plaider la cause des démunis et des victimes de l'injustice. La pilule est dure à avaler lorsqu'elle apprend que le ministère ne veut pas lui accorder de bourse. «Je dédie cette réussite à mes parents et mes professeurs. J'espère que le ministère finira par m'accorder cette bourse».