Malgré son maillot jaune, l'enthousiasme du public et le jugement des suiveurs, Thomas Voeckler répète le même message à l'envi : «Je n'ai aucune chance de gagner le Tour» Les applaudissements associés traditionnellement au maillot jaune sur les routes du Tour de France se sont mués en une vraie ferveur autour de Thomas Voeckler au fil de la semaine passée en tête du Tour de France, voire en délire d'enthousiasme et de fébrilité dimanche à Limoux, départ de la 15e étape. «Je sais que les Français attendent un vainqueur du Tour depuis Bernard Hinault (1985), un Français sur le podium depuis Richard Virenque (1997), explique Voeckler. Je ne veux pas mentir. Je pourrais dire : ''J'ai une chance de gagner''. Cela ferait de la pub. Mais j'ai 0% de chance de gagner le Tour de France. La dernière semaine sera décisive. Les organisateurs ont tracé le parcours pour que le Tour se décide dans cette dernière semaine». A la conquête des Alpes Après la journée de repos, Thomas Voeckler partira à l'assaut des Alpes, de l'arrivée au Galibier (jeudi) et de l'Alpe d'Huez (vendredi) avec 1'49'' d'avance sur Frank Schleck, 2'06'' sur Cadel Evans et même 4'00'' sur le double tenant du titre Alberto Contador. Une marge qui n'a rien de ridicule depuis l'étape du Plateau de Beille où le leader d'Europcar a rivalisé avec les meilleurs. Les pentes plus raides annoncées dans les Alpes et les lacets de l'Alpe lui seront-ils fatals ? «Je ne sais pas, reconnaît-il. J'ai réussi à les suivre hier. Ce serait un bonheur de les suivre par la suite mais je sais ce que sont les Alpes. Je m'attends à des moments difficiles.» La chance de Thomas Voeckler dans les Pyrénées est aussi une baisse, contre 44'17'' pour Contador et Rasmussen en 2007, 45'40'' pour Armstrong et Basso en 2005 et 43''30'' pour Pantani en 1998 (sur une montée légèrement plus courte). Un grimpeur confirmé Le dernier Dauphiné, où Voeckler avait pris la 10e place, offre d'ailleurs un aperçu des performances du Français en haute montagne. Il livre aussi un indice de ce qui peut l'attendre lors du contre-la-montre de Grenoble, déjà au programme à l'identique lors du Dauphiné. Quarantième, le Vendéen y avait lâché 3'18'' sur Bradley Wiggins, mais seulement 1'58'' sur Cadel Evans. « C'est flatteur de rappeler cela. Mais je m'étais fait rattraper par Brajkovic et je l'avais suivi jusqu'à la fin », tempère-t-il. Les traits fatigués, épuisé physiquement par la traversée des Pyrénées et nerveusement par les attentes médiatiques et populaires suscitées par le maillot jaune, Voeckler assure néanmoins que ce ne sont pas les attentes nées de ses performances qui le feront craquer : «Ce n'est pas difficile, je me concentre sur mon vélo. Je vais donner le meilleur. Je ne suis pas là pour gagner le Tour de France. Je n'ai aucune chance de le gagner mais pour moi, je ferai le travail.»