Schleck superbe vainqueur du Tourmalet, Cantador dans la peau d'un vainqueur, le contre-la-montre d'aujourd'hui va trancher Alberto Cantador a parfaitement résisté au travail de sape d'Andy Schleck dans le Tourmalet. Toujours nanti de huit secondes d'avance sur son rival, l'Espagnol reste prudent. Mais il sait qu'il a franchi une étape importante dans la course au maillot jaune. Le troisième sacre se rapproche. "Je me suis vraiment senti très bien, y compris dans la dernière ascension. Dans le Tourmalet, Andy a imprimé un tempo très rapide parce qu'il voulait distancer les rivaux qui étaient derrière nous. Il a essayé de me lâcher mais je me sentais vraiment costaud. Personnellement je suis resté concentré sur Andy, et ensuite le travail était fait. Après, j'ai attaqué à mon tour à quatre kilomètres de l'arrivée. Je voulais lui montrer que j'avais les jambes. J'avais de très bonnes sensations. C'était un peu pour lui dire: ‘‘regarde, je suis là aussi''. Je ne vous dirai pas ce qu'Andy m'a dit quand il est revenu sur moi. Ce sont des paroles que l'on se dit en course, ça reste entre nous... Je n'ai pas pu lui prendre de temps mais, aujourd'hui, j'ai franchi un pas très important vers la victoire." dira Alberto Cantador. Ce devait être le point d'orgue du duel entre Andy Schleck et Alberto Cantador. Ce fut un coup d'épée dans l'eau. Le Tourmalet a accouché d'un scénario sans grande saveur, mais montré que les deux hommes étaient bien au-dessus du lot. "Je pense qu'on est à égalité dans la montagne," a lâché le coureur Saxo Bank à l'arrivée. A égalité certes quand le terrain s'élève, mais sur les hauteurs du classement général, c'est bien l'Espagnol qui trône toujours. Andy avait un plan. Il n'a probablement pas fonctionné totalement comme prévu. "Aujourd'hui, je voulais tout donner. J'avais en tête de reprendre le maillot jaune, j'ai essayé, mais ce n'était pas possible de lâcher Alberto, explique le Luxembourgeois. J'ai fait tout ce que j'ai pu". Il fut pourtant le premier à passer à l'offensive, à 10km du but après le bon travail des Saxo Bank qui avait permis d'isoler les rivaux: "Mon équipe a fait un travail fantastique, me mettant dans la meilleure position possible avant le final." Et Bjarne Riis de confirmer: "Je suis très fier de ce que l'équipe a accompli aujourd'hui. Il ne pouvait pas faire mieux et Alberto était sans aucun doute sous pression, mais pas assez pour être distancé." a annoncé Andy Schleck. "Tout reste possible" Si d'un point de vue comptable ce succès n'a servi à rien pour le classement, il aura eu le mérite de renforcer la confiance d'Andy Schleck. Il avait pourtant annoncé que celui qui serait en jaune au Tourmalet le serait sur le podium à Paris. "J'ai changé d'avis, confie-t-il dans un sourire. Maintenant, je dis que ce sera fini après le contre-la-montre. Tout est possible. Je vais me battre jusqu'à la fin." Un optimisme tout à son honneur lorsque l'on sait Cantador bien meilleur dans cet exercice. "J'ai beaucoup travaillé, renchérit le champion du Luxembourg contre la montre. C'est un long chrono qui me convient bien. Je vais aller vite. Je suis sûr et certain qu'Alberto ne va pas aller au chrono pour s'entraîner. Il doit aller vite, car je pense que je vais faire un bon chrono." La méthode Coué? Sans doute un peu, mais chez Saxo Bank, on ne veut pas rendre les armes sans combattre. "Le Tour se termine dimanche, pas avant, martèle Riis. Il ne faut pas renoncer quand les choses deviennent dures." Avec seulement huit secondes de retard, Andy Schleck sait que la mission n'est pas si impossible qu'elle en a l'air. Certes, il n'aura pas ce maillot jaune qui transcende sur les épaules, mais un mental renforcé et une indéfectible assurance en ses capacités. Peut-être aussi sent-il qu'une bonne étoile l'accompagne... "Tout peut encore arriver. Tout reste possible. Mon père m'a toujours dit : ‘‘Quand on se donne à fond dans un contre-la-montre, on doit tomber de vélo après la ligne d'arrivée''. C'est ce que je vais faire", prédit-il.