Le Club Africain réhabilite Patrick Liewig avec sa vocation de formateur-né. Le club de Bab Jedid vient ainsi de nommer le Français,directeur technique et responsable de la formation pour trois ans. La tradition est solidement ancrée en matière de jeunes au club de Bab Jedid. Mais l'infrastructure de plus en plus vétuste et obsolète et les structures d'accueil lacunaires et anachroniques ont fait qu'il périclite ces dernières années et, qu'au niveau des performances, le club où avait exercé le mythique Fabio Roccheggiani, formateur avant l'heure, soit supplanté par l'Espérance de Tunis ou l'Etoile du Sahel. Or, cette tradition trouve peut-être en Liewig une ligne de continuité en ce sens que l'ancien entraîneur du Stade Tunisien possède une solide expérience du secteur des jeunes, établie depuis 1989 au Centre du Paris SG, puis dans ceux d'Al Wahda émirati et de l'ASEC Mimosas de la Côte d'Ivoire. «Je voudrais travailler sur des projets forts et avec des gens passionnés», nous avouait-il, il y a quelques jours avant l'annonce de son passage au CA. A un certain moment, son nom a été cité à Sfax pour succéder à Nabil Kouki. Mais voilà : il a fallu résilier son contrat à l'amiable avec le ST et négocier en même temps un contrat avec le Bureau de Jamel Atrous. Car il lui restait encore un an à honorer au club du Bardo qu'il a quitté sur une amère défaite en demi-finale de la coupe de Tunisie (2-0 face à l'Espérance de Tunis) et sur une impression de gâchis : «S'il n' y a pas de stabilité sportive, il devient difficile d'être performant, constate-t-il. Je garde de l'amertume de notre fin de saison au ST car tout ce qui a été construit a été d'un seul coup jeté à l'eau. Alors que notre objectif était d'amener le Stade dans les trois premiers et de jouer à fond la coupe nationale. Malheureusement, on n'a pas pu défendre toutes nos chances.Je garde aujourd'hui l'amertume de ne pas avoir eu les moyens de travailler.Il aurait fallu être des guerriers. Au lieu de cet impératif, qu'est ce qui se passe? On était allé le 21 juillet en demi-finale contre l'Espérance avec une équipe proche de l'implosion. Mais au fond, ce qui me désole, c'est ce qui s'est passé entre le mois de février et la demi-finale. Nous avons vécu cinq mois dans la tourmente. Et c'est là où le ST a régressé», analyse un Liewig pour lequel ce court voyage du Bardo au Parc A ressemble non pas à un voyage initiatique, mais plutôt à un retour dans le temps. A sa vocation originelle de formation, de planification et de travail sur la durée. Une ambition dont il a fait son métier au lieu d'être «aspiré» par le quotidien et bouffé par la cruelle et impitoyable logique du résultat immédiat.