Inscrite contre toute logique aux Jeux africains de Maputo alors qu'elle prépare l'US Open, Ons attend toujours la prime versée par le CIO et le Cnot… Nous poursuivons aujourd'hui notre voyage à l'intérieur de la planète sport en Tunisie. Un voyage dans un monde souvent inconnu pour plusieurs alors que nous autres spécialistes, qui croyons tout savoir, avons découvert au lendemain du 14 janvier que nous étions loin du compte et sûrement pas au bout de nos… mauvaises surprises. Ce qui est terrible dans cette affaire, ce n'est pas tant ce que nous savons (et, croyez-nous, nous en savons un bout !) mais ce qu'on devrait savoir et que nous ne savons pas. Nostra culpa. Ce qui est terrible également, c'est la souffrance des athlètes (exception faite des footballeurs, pas tous il est vrai), le chantage et le silence qui leur ont été imposés. Nous savons, par exemple, que les présidents des fédérations avaient pratiquement droit de vie et de mort sur les athlètes, qu'ils usaient et abusaient de leur pouvoir, qu'ils faisaient (rarissime) et ,surtout, défaisaient des carrières, imposaient des choix sportifs et stratégiques alors qu'ils ne maîtrisent pas le sujet, géraient les institutions et les hommes comme s'ils leur appartenaient. Pauvre Ons Jabeur ! Après la natation hier, retour au tennis, au président de la fédération, Mehrez Boussayane, et à notre championne Ons Jabeur. Autant nous avions été heureux et enthousiastes du succès de Ons à Roland Garros juniors, autant nous avions été choqués par la mauvaises gestion de son parcours après la grand tournoi parisien. Non inscription en simple à Rochampton et même omission pour Wimbledon où elle a eu recours à une Wild Card et où elle s'est fait éliminer au premier tour pour cause de préparation insuffisante. C'est qu'au sortir de Roland Garros, toutes les tenniswomen se sont plongées dans la préparation du grand tournoi londonien avec pour objectif de s'adapter au gazon. Notre Ons nationale a, elle, été retenue à Tunis et promenée d'une réception à une autre dans l'habituelle œuvre de récupération de la fédération de tennis. Ceci d'autant que la confiance n'était plus de mise, que les clubs contestaient la légitimité du bureau fédéral et que le vent commençait à tourner pour Boussayane et ses collaborateurs et ses… collaboratrices. Reparti en campagne, le président de la FTT n'en a pas moins continué à appliquer les mêmes pratiques. Aussi bizarres que destructrices car il faut véritablement être inconscient pour gérer de la sorte la carrière d'une future championne comme Ons Jabeur. Examinons les faits. Où est passée la prime CIO-Cnot ? Nous venons d'apprendre qu'un incident verbal a opposé le père de Ons Jabeur au président de la fédération Mehrez Boussayane. Motif : non attribution à l'athlète de la prime CIO virée par le Cnot. En effet, dans le cadre de l'aide de la CIO aux athlètes d'élite des pays émergents, celui-ci verse des primes de préparation aux Jeux olympiques de Londres 2012 à un nombre d'athlètes désignés par les comités olympiques nationaux, variant de 7 à 16. En Tunisie, les athlètes élus sont : Khélil Maaoui (haltérophilie), Khawla Ben Hamza (taekwondo), Houda Miled (judo), Ajmed Mathlouthi (natation), Azza Besbès (escrime), Rim Jouini (Boxe) et Ons Jabeur (tennis). Enquête Pour en revenir à notre sujet, nous avons contacté M. Mahmoud Hammami, secrétaire général du Cnot, qui s'est étonné du non-versement de la prime due à Ons Jabeur. «Ce qu'il faut savoir, c'est que le CIO a accordé 1.000 dollars pour chaque athlète, soit 1.200 dinars environ et ce, du dernier trimestre 2010 jusqu'au Jeux olympiques de Londres l'été prochain. Ayant reçu l'argent du CIO, nous avons effectué un premier virement en faveur de Ons Jabeur via sa fédération en mai dernier si mes souvenirs sont bons. Il n'y a donc aucune raison pour que la fédération de tennis bloque cette somme ou l'interdise à notre championne. Nous allons d'ailleurs ouvrir une enquête immédiate dans cette affaire». Dont acte! La seconde anomalie est d'ordre sportif Ons Jabeur qui a perdu du temps et du terrain depuis sa victoire à Roland Garros est actuellement en pleine préparation pour l'Open des Etats-Unis, un tournoi qui veut beaucoup dire pour elle dans la mesure où cela lui permettra de remonter au classement et de se frotter aux meilleurs avant de faire le grand saut dans le circuit professionnel. Ce sera alors tout bénéfice pour elle et pour la Tunisie. Actuelle 5e mondiale junior, elle pourrait devenir première après l'Open des USA. Or, voilà que la FTT décide de lui faire disputer les Jeux africains de Maputo (3/18 septembre). Ils sont certes qualificatifs pour les JO de Londres 2012 mais il n'est pas écrit que Ons s'y imposera et, puis, le CIO peut toujours demander une Wild Card à notre championne pour les JO. Voilà en tout cas deux échantillons de ce qu'on fait faire à nos championnes et champions, voilà ce qu'on leur fait subir, voilà comment on gère leur carrière !