Sous sa forme actuelle, le rythme scolaire est loin de satisfaire tout le monde. On aimerait bien que cela change dans un sens ou dans l'autre. Le débat a été bien entamé, mais il a fait long feu. La question, pourtant, a été abordée à plusieurs reprises, mais aucune décision concrète n'est venue renforcer l'orientation des autorités vers un possible réaménagement. Aussi bien les parents que les élèves sont pour un nouveau rythme scolaire qui leur faciliterait les rapports avec l'école, leurs enfants et l'environnement socioculturel et sportif. Les uns rêvent d'offrir aux jeunes des opportunités d'épanouissement culturel et ludique en ouvrant les portes des institutions d'enseignement à d'autres activités. D'autres cherchent à introduire une note plus avenante aux méthodes en vigueur, en établissant des passerelles réelles entre cette enceinte éducative et son milieu immédiat. De tels efforts n'avaient aucune chance d'aboutir en dépit de l'abnégation de nombreux enseignants et de leur disponibilité. Toutes ces activités étaient minées de l'intérieur. Elles étaient récupérées à des fins politiciennes ou instrumentalisées. Les rares jeunes qui s'y adonnaient étaient attirés, notamment, par de vagues promesses d'aide sociale ou de profits en nature (trousseau scolaire, cours particuliers gratuits..). Par ailleurs, le temps imparti à ces activités n'était pas nécessairement convenable car se déroulant, généralement, les vendredis après-midi. Or, certains établissements ont cours. De plus, une grande partie des élèves libres consacrent cette période aux cours particuliers (chez des enseignants ou dans le cadre de l'Otef (Organisation tunisienne de l'éducation et de la famille). Sur ce point, il conviendrait de s'attarder un petit peu sur le rôle de cette organisation ou de celle de la Jeunesse scolaire, ou de toute autre organisation qui aurait des desseins sans lien avec les objectifs nobles de l'Ecole. Devant cet état de fait, des volontés se sont manifestées pour accélérer l'idée d'adopter, finalement, un nouveau rythme dans la vie scolaire. Leur philosophie est que l'école n'est pas un lieu pour dispenser uniquement le savoir, mais pour dispenser aussi le savoir-vivre. C'est dans ce cadre que les jeunes devraient trouver ce qu'ils cherchent. L'école est appelée à leur procurer cet espace convivial où l'effort d'apprentissage et d'émulation le disputerait à l'envie de s'affirmer dans d'autres domaines que celui de l'éducation et de la formation académique. En d'autres termes, ouvrir de vastes horizons aux divers dons et talents (culturels, artistiques, sportifs…). D'ailleurs, ce débat n'est pas propre à la Tunisie. Beaucoup d'autres pays ont engagé ce travail de réaménagement ou sont en train de le faire. En France, par exemple, la rentrée 2008 a connu une nouvelle organisation du temps scolaire pour les élèves du primaire qui a conduit à consacrer 24 heures d'enseignement par semaine pour tous les élèves avec, en plus, 2 heures de rattrapage pour ceux qui ont des difficultés. Cet emploi du temps est applicable à raison de 6 heures par jour, (le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi). Chez nous, la moyenne officielle est de 32 à 36 heures par semaine contre une moyenne internationale de 22h00. On estime, aussi, que le nombre des jours d'études est de 168 (ce chiffre est loin de refléter la réalité. On pencherait plutôt pour 32 semaines et, donc, pas moins de 180 jours) contre 200 dans certains pays européens et 240 aux Etats-Unis. On estime, aussi, que nos enfants passent trop de temps sur les bancs et peu dans des activités ludiques et culturelles. Dans le primaire, le nombre est de 710 heures en moyenne par an et de près de 900 pour les collèges et lycées. Cela a amené à une réflexion approfondie sur les possibilités d'introduire une nouvelle cadence scolaire. Mais, à l'heure actuelle, aucune décision n'a été envisagée dans ce sens. Pour les raisons que nous évoquions, l'idée n'avait pas de grandes chances de se réaliser. Or, le rythme scolaire doit être revu de fond en comble. Le nombre des jours scolaires, le nombre des trimestres, les examens et leurs fréquences, les vacances et leur répartition annuelle, la création de nouveaux espaces spécialisés, la mise à disposition d'un personnel adapté… sont les éléments essentiels qui pourraient faire réussir ce projet. Mais, avant tout, une volonté d'entreprendre un tel programme doit animer les décideurs et les acteurs de la scène éducative.