Sept ans d'exercice déjà et une énorme capacité à insuffler l'envie de gagner à ses joueurs Les débuts de Adel Tlatli remontent aux années 80 quand il a commencé jeune le métier d'entraîneur. Très discrète fut son entame. Il a fallu attendre l'an 2000 pour voir un Adel Tlatli plein d'ambition débarquer à Kairouan et accompagner l'impressionnant envol de la JSK. Kairouan lui offre une phénoménale génération de basketteurs dont n'importe quel entraîneur rêvait. Lui, il donne à la JSK un sens de victoires et une ferme ligne de conduite. L'association JSK-Adel Tlatli fait des ravages : trois titres de champion, une coupe et une coupe maghrébine. Il quitte Kairouan en 2004 après une fin de saison ratée et douloureuse. Destination : la sélection où il prend la relève de Mariane Novovic. Le passage de Adel Tlatli à la JSK lui a permis de passer à un nouveau palier dans sa carrière : plus question de jouer les seconds rôles. Il hérite d'une sélection où il y a des talents, mais où il y a un énorme complexe nommé «Afrique». D'ailleurs, les débuts de Tlatli en sélection ne sont pas fameux. Une modeste 8e place en championnat d'Afrique des nations à Alger. Mauvaise préparation, tension autour de la sélection, bref, ça n'a pas bien marché. Deux ans plus tard, on se classe 5e en Angola. Un léger mieux, mais encore une fois de mauvais réflexes et des détails qui nous empêchent d'aller au peu plus loin. Le tournant de Adel Tlatli en sélection a lieu en 2008 avec le premier titre gagné, le championnat arabe des nations à Nabeul. Compétition pas reconnue par le Fiba, nous le concédons. Mais c'est un titre remporté face à des équipes africaines et asiatiques aux riches CV. Malédiction chassée ? Il semble que oui. Adel Tlatli parvient à chasser le signe indien en comptant sur une génération mixte de joueurs de métier et de jeunesse. Ce n'est pas tout. Quelques mois plus tard, Tlatli et ses joueurs récidivent au Maroc avec un second titre arabe conquis. Et comme les progrès sont évidents, et que le moral est au top, l'équipe de Tunisie, emmenée toujours par Adel Tlatli, se classe 3e en 2009. Une historique qualification au mondial qui chambarde l'histoire de la sélection. C'est à ce moment que l'on s'assure que la sélection de Adel Tlatli est dans la cour des grands. L'autoritaire... Adel Tlatli est l'homme le plus heureux du monde. Il gagne, pour la première fois dans sa vie, le titre de champion d'Afrique avec la sélection. Impressionnant! C'est que, quelques jours avant le départ pour Antananarive, le plus optimiste des observateurs n'aurait pas parié sur un tel exploit. On parlait de tension entre Adel et quelques cadres, on voyait bien que l'équipe manquait de solutions adéquates. Ce n'était que fausse impression. Adel Tlatli a eu le mérite, avouons-le, de prendre le taureau par les cornes, et de trouver les solutions à toutes ces absences. Mieux, il nous livre un profil de sélection rarement vu : une équipe qui défend bien et qui joue à armes égales face aux joueurs intérieurs adverses. Dans tout cela, Adel Tlatli n'a pas dérogé à ses principes de vie. Autorité sur ses joueurs, motivation extrême et envie de gagner. Il vous réserve parfois des crises de nerfs sur le banc de touche après une erreur ou une passe ratée. Il peut même entrer en conflit avec un de ses joueurs au cours du match. Mais Tlatli est aussi quelqu'un qui peut —même énervé— lire comme il faut le match. On l'a vu le faire durant ce tournoi où il a déboussolé tous se collègues adversaires. L'effet longévité? Oui, mais en partie. Vous pouvez critiquer son attitude, certains de ses choix, mais avouez que c'est un entraîneur brillant. Son mérite est là dans le sens qu'il a réussi à comprendre le basketteur tunisien. Le message s'est très bien passé entre lui et les joueurs, tel un père qui comprend ses enfants. Il y a ceux qui aiment Adel Tlatli; il y a ceux qui ne l'aiment pas. Il y a ceux qui parrainent ses idées de jeu et son management, d'autres qui ne le font pas. En tout cas, l'homme a réussi. Personne ne peut nier ses qualités de manager et de meneur d'hommes.