Beaucoup d'associations œuvrent depuis longtemps pour le bien-être d'enfants dont les besoins spéciaux en font des gamins à part... Ces enfants qui n'ont rien demandé à personne et qui ont été utilisés durant l'ancien régime comme alibis à une pseudo-politique de solidarité. C'est en tout cas l'avis de M.Ahmed Belazi, directeur de la solidarité sociale au sein du ministère des Affaires sociales. Pour lui, l'enfant handicapé a été plutôt dépourvu de sa dignité et de sa confiance en soi, renvoyant une image désolante du handicap qui a fait fi du protocole signé en 2008, protocole qui accorde au handicapé le droit à l'éducation, à la santé, à l'insertion sociale et professionnelle. La politique de l'ancien président envers le handicap a fait de ces enfants, dont les journées étaient synonymes de difficultés et de souffrances intérieures, des enfants marginaux qui vivotaient grâce à la "bonne volonté" de la classe dirigeante. L'orientation en matière de prise en charge du handicap se veut désormais différente. Les associations se libèrent de l'hégémonie de «Besma» et retrouvent petit à petit leur voie. Le ministère de tutelle opte pour une nouvelle optique qui s'abstient de les utiliser comme vitrine d'une politique de solidarité. Le rapport signé en avril 2011 se veut prometteur et l'Etat retrouve sa place de principal garant dans la prise en charge d'enfants atteints de déficiences physiques et mentales. Une politique réelle en matière d'insertion et de prise en charge commence à voir le jour, et une valorisation du handicapé sans recours au côté "pitre", qui prévalait jadis, se devine à l'horizon, explique Pr Fatma Zahra Ben Salah, directrice de l'Institut de promotion des handicapés (IPH) et active par ailleurs dans diverses associations de handicapés. Pr Ben Salah se veut optimiste malgré, dit-elle, tous les remaniements, le remue-ménage et la cogitation qui ont lieu au sein des associations. Par ailleurs, les associations de prise en charge des handicapés comme l'Association tunisienne d'aide aux sourds (Atas) ou l'Union tunisienne d'aide aux insuffisants mentaux ont évoqué des problèmes structurels qui s'articulent autour de la subvention octroyée par la Cnss aux handicapés, estimée à 800D/an : «Cette subvention est insuffisante», indique Mme Belkahia, présidente de l'Atas qui a soulevé l'importance d'unifier les salaires pour tous les éducateurs spécialisés dans la prise en charge des handicapés. L'autonomie financière des associations a été évoquée par le président d'une autre association, ainsi que la nécessité de préparer les instituteurs à avoir des handicapés dans leurs classes, outre l'impératif d'accompagner ces derniers par des orthophonistes, des psychologues et des éducateurs spécialisés au cours de leur scolarité. Le système FM (isolation des bruits) doit être intégré dans les salles de classe pour optimiser la prise en charge du handicapé mal-entendant… Le programme présidentiel de 2004, qui stimulait l'intégration scolaire systématique des handicapés, est à revoir, indique la présidente de l'Atas, qui insiste sur l'importance des centres spécialisés et de la formation professionnelle. Tant de revendications d'ordre social sont mis à l'ordre du jour afin de revoir toute une politique de marginalisation et permettre aux associations de remplir leur rôle en tant que société civile qui œuvre à la prise en charge du handicapé.