• Instructions ont été données aux mairies pour lutteravec désormais plus de fermeté contre le phénomènedes étals et constructions anarchiques. Il était temps! A partir d'hier vendredi, les défenseurs acharnés du phénomène des étals et constructions anarchiques n'évolueront plus sur du velours : désormais ils n'auront plus la partie facile, en voyant émerger le spectre de l'effondrement de leur petit empire érigé dans la foulée de la révolution du 14 janvier 2011. La bonne nouvelle, tant attendue, nous est venue du ministère de l'Intérieur où instructions ont été données pour sévir avec , plus de fermeté que par le passé. Mais, fermeté ne veut nullement dire répression, dans la mesure où l'indésirable arrêté de démolition ne sera prononcé que si les premières procédures légales (avertissement, saisie, régularisation de la situation) n'auront pas eu d'effet dissuasif. Détermination Cette opération «coup de poing» n'a-t-elle pas été lancée tardivement? Atteindra-t-elle ses objectifs? Concernant la première question, la plupart des maires de nos villes nous répondraient que ce retard est dû essentiellement au problème sécuritaire qu'a accusé le pays au lendemain de la Révolution. Aubaine magistralement exploitée par les contrevenants de la loi que plus rien n'empêchait de s'en donner à cœur joie . Au point que de vrais «buildings» ont alors poussé sans aucune autorisation de bâtir. Au point aussi que les principales artères des villes étaient devenues, le phénomène aidant, la chasse gardée des étals anarchiques. «On n'y peut rien» nous lançait, en ce temps-là un maire visiblement abattu et qui assistait impuissant au développement inquiétant de ces deux phénomènes. Approché, le même maire arbore désormais un air moins triste. Il se fait même menaçant en promettant de «mener dorénavant la vie dure à tous les contrevenants». Une détermination d'autant plus remarquable qu'outre leur police municipale, nos mairies pourraient bénéficier, en cas de besoin, du renfort des unités de la sécurité et de l'armée pour mettre en application les arrêtés de démolition paraphés par les gouverneurs. D'ailleurs, nous estimons que ces renforts sont inéluctables quand on sait avec quelle peine et au prix de quels risques sont généralement appliqués ces arrêtés avec, à l'appui, des scènes de débordement, des menaces…de mort (à l'adresse des agents) et des tentatives de suicide de certains auteurs d'infractions qu'on maîtrisait souvent avec toutes les peines du monde ! «Nous y sommes habitués», indique un maire qui avertit que «la loi, c'est la loi, et ce sera cette fois sans merci». Une «répétition prometteuse» Déjà, certaines municipalités ont annoncé la couleur bien avant l'Aïd, en inaugurant leur tableau de chasse par la démolition d'un premier lot de constructions anarchiques. Particulièrement dans le gouvernorat de l'Ariana où des dizaines d'étals ont sauté, au moment même où des fondations de villas et de dépôts ont été démolies. Idem pour d'autres gouvernorats (Ben Arous, Sousse, Gabès…) où la «lessive» a été entamée depuis deux semaines déjà. Une «répétition» pour la campagne effective déclenchée hier et qui s'annonce tout à fait prometteuse. D'autant plus prometteuse que les instructions données constituent un rempart contre toute tentative d'interventionnisme et de corruption, jusque-là prospères sous l'ère Ben Ali… Trop c'est trop Le fait de voir nos municipalités repartir à l'attaque après être rentrées dans les rangs des mois durant, ne peut que soulager tout le monde. Du simple citoyen aux écolos les plus têtus. «Il était vraiment temps», s'écrie une dame qui n'a pas caché son indignation «face au développement dramatique du phénomène du commerce parallèle qui a transformé nos villes en dépotoirs». Pour une autre concitoyenne non moins outrée, «il est tout simplement suicidaire de tolérer des constructions au bord des oueds et parfois à même la voie publique. C'est l'anarchie avec un grand A». Un Tunisois va plus loin en plaçant haut la barre de la déception. «Moi personnellement, déplore-t-il, je me suis interdit mes promenades coutumières au centre-ville où la circulation des piétons est devenue un vrai calvaire face à la poussée vertigineuse des étals anarchiques et à l'entassement des déchets. Mais, mon Dieu, a-t-on au moins pensé aux touristes, à l'image de marque du pays ?».