Pour que cet exploit ne soit pas sans lendemain. En remportant haut la main le titre du champion d'Afrique à Antananarivo, l'équipe de Tunisie a frappé un énorme coup. Nous ne reviendrons pas sur les détails techniques du parcours des nôtres, mais nous nous intéresserons plutôt à la signification et aux retombées d'un tel exploit. C'est un rêve qui a hanté des générations de joueurs, d'entraîneurs et de dirigeants qui se sont heurtés à un complexe nommé «Afrique». Ce n'était pas faute d'avoir essayé, ce n'était pas faute de talents, mais le championnat d'Afrique était inaccessible. Les équipes, qui ont défilé ces dernières trente années, ne manquaient pas de volonté, ni de qualités techniques (à des degrés différents). Peut-être qu'elles étaient mal encadrées à un certain moment, mais le problème était le suivant : le niveau du championnat d'Afrique était au-dessus de nos moyens. Contrairement aux autres disciplines, la concurrence est très rude en Afrique. Vous avez au moins, à chaque édition, entre 6 à 8 sélections qui ont les moyens de gagner. On vous nommera bien sûr l'intenable Angola, sans oublier le Sénégal, la RC Afrique, le Nigeria, la Côte d'Ivoire, l'Algérie et l'Egypte. Ils ne sont pas tous en forme sur la même édition, mais ils ne sont pas tous en méforme non plus sur une même édition. C'est ce qui donne un charme fou au titre conquis à Madagascar. Maintenant, le basket et l'équipe de Tunisie ne sont plus pointés du doigt. Ce n'est plus le parent pauvre des sports collectifs. Et ça, c'est quelque chose de très significatif. Le titre de champion d'Afrique a permis au basket tunisien de retrouver sa crédibilité. Maintenant, il faut savourer pleinement cet exploit, tout en répondant à ces trois questions : Que faudra-t-il consolider pour rester au top? Quelle ligne future à définir et surtout comment rentabiliser au maximum ce titre? Beaucoup de choses devront changer à la Ftbb, à la DTN, à la structure sélection et chez les clubs. Le sacre doit nous pousser vers l'avant et créer l'effet d'entraînement souhaité. Commercialiser l'image de la sélection Vous êtes champion d'Afrique, vous êtes qualifié aux Jeux olympiques, tous les regards se tourneront vers vous. Tout le monde va être ravi d'accueillir le cinq tunisien dans les tournois de haut niveau. C'est maintenant ou jamais qu'il faut savoir «vendre» la nouvelle image de la sélection dans le monde. Et ça, ce sont des experts et des agences de management sportif, ayant les agendas pleins de contacts qui savent le faire. Et c'est maintenant ou jamais qu'il faut mobiliser des sponsors tunisiens qui sont sûrs désormais de gagner en visibilité. Garder l'ossature Sept ans à la tête de l'équipe de Tunisie ont permis à Adel Tlatli d'atteindre le palier supérieur. Sa longévité et la stabilité expliquent, en grande partie, le succès de la sélection. En accumulant le vécu, les erreurs, le contact avec les sélections de haut niveau, Adel a pris une distance par rapport à tous ses collègues. Recyclage, personnalité et surtout connaissance approfondie du tempérament du joueur tunisien, Tlatli est parti pour continuer le travail qu'il a commencé. Les Kechrid, Selimène, Rezig, Mejri, Ben Romdhane, Kenouia et Mohamed H'didane constituent l'ossature de la sélection qui ira à Londres. Il ne faut surtout pas effectuer des changements radicaux. Formation, surtout… C'est là le chantier où le retour sur investissement doit être concret. Il y a tout un monde entre l'entité sélection senior et les sélections des jeunes. Ce titre doit réveiller fédération et clubs sur l'état dans lequel évoluent nos jeunes basketteurs. Que ce soient les moyens, la qualité des formateurs, l'infrastructure, la détection, la coordination avec la DTN, tout ça est à revoir. Calendrier Le championnat tunisien va-t-il s'aligner sur le niveau de la sélection ? La première chose à régler est le calendrier du championnat. Les dates, la formule et le temps alloué à la sélection, voilà les trois paramètres à bien gérer.