Mûsîqât est, comme son nom l'indique si justement, un festival de musique. Il existe depuis six ans. C'est jeune pour un festival. Pourtant, dès le départ, il a fait le choix risqué de s'aventurer dans des territoires inhabituels à contre-courant d'une démarche dominante. Organisé conjointement par le Centre des musiques arabes et méditerranéens Ennejma Ezzahra et Scoop organisation, ce festival propose une musique élitiste qui attire un public d'initiés. Cette 6e édition se tient du 30 septembre au 8 octobre dans des conditions particulières puisque le pays vit au rythme des prochaines élections de la Constituante le 23 octobre, dont le compte à rebours vient de commencer. Au cours d'une conférence de presse, tenue hier matin au Cmam, Anas Ghrab, directeur artistique, a mis l'accent notamment sur l'ouverture de la manifestation à d'autres espaces de représentation comme le Théâtre municipal et l'Acropolium pour permettre au plus grand nombre de gens d'accéder à cette musique. Il a également indiqué que cette 6e édition, organisée avec un budget d'environ 180 mille dinars, se caractérise par la recherche d'un équilibre à trouver entre musique traditionnelle et néo-traditionnelle. Ainsi, Mûsîqât a pour principal objectif de promouvoir un certain style de musique raffiné peu connu parce que mal diffusé. A ce titre, il tente de faire découvrir des genres musicaux différents et des sonorités rares venues des coins reculés du monde. Une musique vacillant entre traditionnelle et néo-traditionnelle, puisant ses inspirations dans des patrimoines culturels ancestraux qui se transmettent de génération en génération. Mais il tente aussi de provoquer des rencontres entre les cultures. En empruntant cette voie de traverse, Mûsîqât remonte le cours de la création jusqu'à la source pour nous faire partager le fonds commun de la musique traditionnelle et néo-traditionnelle. Tel est le credo décliné par chacun des spectacles programmés qui sont autant d'escales d'un voyage dans les musiques du monde éloignées et perdues de vue. L'Egypte, l'Espagne, l'Inde, la Turquie, l'Iran, l'Autriche, le Mali, Cuba et la Tunisie s'offrent à nous dans la diversité de leur musique d'hier. La pérennité de ce festival est due à la présence d'un public pour une forme musicale réputée difficile. De la musique confrérique tunisienne, au flamenco espagnol, à la musique populaire égyptienne, à celle mystique du Bengale à la musique néo-traditionnelle turco-perse, à celle du Mali, etc. autant d'histoires qui se croisent pour nous permettre d'explorer toutes les possibilités d'écouter la diversité du monde. Du Mjarrad de Sidi Bou Said aux Fakhirs de Ghorbanga, Mûsîqât 2011 prend de gros risques mais il peut compter sur un public fidèle à cette forme de musique qui s'inscrit si bien dans le cadre d'Ennejma Ezzahra. Pour offrir plus d'opportunités aux mélomanes, deux nouveaux espaces sont programmés : l'Acropolium de Carthage et le Théâtre municipal de Tunis. Programme Au palais Ennejma Ezzahra - Sidi Bou Saïd Vendredi 30 septembre 2011 - 21h00 Al-Manga : la séance du Mjarrad de la Issawiyya de Sidi Bou Said (Musique confrérique de Tunisie). Samedi 1er octobre 2011 - 21h00 David Pino & Gabriel Expósito (Flamenco, Espagne). Dimanche 2 octobre 2011 - 21h00 Troupe nationale égyptienne (Musique populaire égyptienne). Lundi 3 octobre 2011 - 21h00 Les Fakirs de Ghorbanga (Musique mystique du Nord-Est de l'Inde, Bengale). Mardi 4 octobre 2011 - 21h00 Erkan Ogur & Derya Turkan (Musique turque). Mercredi 5 octobre 2011 - 21h00 Weiner Tschuschenkapelle (Musique de l'Europe de l'Est, Autriche). Jeudi 6 octobre 2011 - 21h00 Azam Ali & Niyaz (Musique néo-traditionnelle turco-perse, Iran). Vendredi 7 octobre 2011 - 21h00 Fatoumata Diawara (Musique néo-traditionnelle malienne). Au Théâtre municipal de Tunis Vendredi 7 octobre 2011 - 21h00 Troupe nationale égyptienne (Musique populaire égyptienne). A l'Acropolium Samedi 8 octobre 2011 - 21h00 Ibrahim Ferrer Jr. et La Latin Cuban Group (Musique cubaine).