• Le secteur enfin dépolitisé et… «débenalisé» • Recrutement de 160 imams A leur tour, nos mosquées mettent leurs pendules à l'heure de la révolution. C'est là la décision prise récemment par le ministère des Affaires religieuses dans le cadre d'une stratégie de restructuration et d'assainissement qui se veut au diapason des acquis du 14 janvier 2011. Un vrai chantier est ouvert pour les besoins de la cause. Premier coup de pioche: la dépolitisation des mosquées afin de leur redonner leur vocation réelle, à savoir la diffusion des vertus de l'Islam, à l'abri des arcanes de la politique. D… comme «débenalisation» Or dépolitiser nos mosquées ne fut pas chose aisée. Tout simplement parce qu'il fallait arracher… des champignons qui y étaient profondément enracinés depuis des décennies. L'on se rappelle, en effet, que ces temples de la religion étaient bel et bien la chasse gardée du pouvoir. Outre les agissements des Rcédistes qui y faisaient comme bon leur semblait (imposition des horaires d'ouverture et de fermeture des mosquées, licenciements abusifs d'imams et autres collaborateurs, collecte «obligatoire» de dons pour des travaux de restauration et de rénovation qui n'en finissaient pas, etc.), outre donc cette scandaleuse mainmise, les prêches de la grande prière du vendredi, dictés d'en haut, étaient presque entièrement consacrés au développement outrancier du culte de la personnalité de Zaba. Quitte à… marginaliser les valeurs de l'Islam et à en miniaturiser les acquis face à ceux «gigantesques» du 7-novembre 1987 ! A cette époque aussi, la «benalisation désislamisante» a non seulement ulcéré les pratiquants mais également fini par déserter les mosquées. Au point que ceux qui s'y amenaient pour la prière d'El Fajr étaient généralement exposés aux feux de la rampe policière ! Nombreux sont parmi ceux-ci qui ont payé cher leur fidélité à la religion, leur assiduité à cette sacrée prière matinale étant, aux yeux des services de renseignements de la police, mis à la disposition des mosquées, synonyme de… flirt avec les fondamentalistes et même de complicité avec «les groupuscules obscurantistes de Oussama Ben Laden» !! Un fidèle de la prière d'El Fajr n'en revient pas encore. «C'était, se souvient-il, en 2006. Au sortir de la mosquée aux premières heures de la matinée, un intrus m'accosta. Et sans crier gare, il me força, avec l'aide de son collègue, à m'engouffrer dans une voiture de police. Conduit illico presto au centre de détention de Bouchoucha, j'ai dû subir des séances d'interrogatoires serrés et d'une rare intimidation, avant de me sommer de rentrer chez moi, convaincus qu'ils furent de mon innocence. Depuis, je me suis dit: adieu la prière matinale, et plus question d'aller à la mosquée». Métamorphose Tout cela n'est plus, heureusement, qu'un mauvais souvenir. Le ministère des Affaires religieuses, version révolution, s'est depuis embarqué dans un audacieux programme de «débenalisation» qui a débouché sur l'émergence d'une véritable métamorphose des mosquées. Celles-ci sont désormais entre les mains de jeunes imams triés sur le volet par ledit ministère pour se consacrer, exclusivement et sans aucune connotation politique, à l'accomplissement de leur tâche strictement religieuse. Première répercussion positive notable de ce programme: nos mosquées, ainsi assainies et libérées du joug de la dictature, ont regagné d'affluence et de paix d'âme. Dans la foulée, la tutelle a décidé de recruter 160 imams parmi les diplômés de la faculté de la Zitouna. Mais, avant d'être lancées dans le bain, les nouvelles recrues bénéficieront de stages de perfectionnement et d'application, en attendant la mise en œuvre, par ledit ministère, de leurs statuts particuliers.