• Un déferlement populaire sans précédent, en dépit des velléités désespérées des ex-rcédistes ! De l 'Ariana-Ville à Raoued, en passant par El-Menazah, Borj Louzir, La Soukra, Borj Touil, Ennasr I et II, Cité Ghazala, Riadh El Andalous et l'Ariana Supérieure, bref dans les quatre coins du gouvernorat de l'Ariana, ce dimanche 23 octobre 2011 ne fut pas comme les autres. Spectaculairement et arithmétiquement, il fut tout simplement exceptionnel. Historique et, pour ainsi dire, du jamais vu dans l'histoire politique de la région. Et pourtant, celle-ci, avec son record national de candidats en lice (95) n'était pas, s'inquiétaient les organisateurs, à l'abri des scènes de débordement et de désordre, d'autant plus que les Rcédistes y ont quand même conservé une base arrière, sous la forme de quelques poches de résistance encore dormantes jusqu'ici et qui ont subitement refait surface dimanche. «Oui, je les ai revus, ce matin», confirme un vieil Arianais qui révèle que «certains d'entre eux qui se reconnaîtront se sont pointés devant les bureaux de vote, prompts à sauter sur la première aubaine pour semer la zizanie». Et c'est malheureusement vrai, car les investigations que nous avions menées à ce sujet nous ont permis de constater que des tentatives de sabotage à la solde de l'ex-tristement célèbre RCD ont bel et bien eu lieu, notamment à l'Ariana-Ville, où des électeurs illettrés ont été poussés, pour un oui ou pour un non, à boycotter les urnes. Mais, nenni, puisque ces velléités désespérées ont été vite démasquées puis avortées. «Mais, qu'est-ce qu'elles ont la peau dure, ces incorrigibles milices du RCD soudainement réapparues, alors qu'elle sont censées être ensevelies depuis le 14 janvier dernier», murmure un habitant d'El-Menzah VI au sortir du bureau de vote. «Pour une fois, jubile un autre, on ne vient pas à la maison pour nous inciter, je dirai même pour nous forcer à aller aux urnes. Hier esclaves de l'ancien régime, nous sommes aujourd'hui libres de voter pour qui nous voulons, sans la moindre menace». Un enthousiasme extraordinaire Hier peu sensibles aux élections qu'ils avaient toujours considérées comme une mascarade et une partie de tricherie sans cesse renouvelée, les Arianais ont tôt investi, dimanche, les bureaux de vote. Dès 7 heures 30 du matin, ils étaient tous là, toutes générations confondues. Des vieillards côtoient des jeunes branchés. Les cheveux gris rivalisent de présence avec ceux en gel, ainsi qu'avec les crânes rasés à la Telly Savalas. La gent féminine en niqab échange discussions et sourires avec de charmantes filles et de belles dames. Un cocktail troublant qui illustre parfaitement l'extraordinaire adhésion de la population, dans toutes ses composantes, au projet d'édification de la Tunisie nouvelle. L'enthousiasme des élections est tel que certains d'entre eux ont mis pas moins de cinq heures pour avoir accès au bureau de vote. D'autres, le flair aidant, ont dû s'armer de parapluies pour contrer les rayons du soleil dominants. A La Soukra, le raz-de-marée qu'ont connu les quatre bureaux de vote a été si intense qu'il a complètement paralysé la circulation routière sur la grande avenue du Maghreg arabe. A la Cité El Ghazala, les files d'attente ont atteint un… kilomètre. Idem pour le bureau de vote de l'école Bilal d'El Menzah VI où l'encombrement était à son comble, un certain Rached Ghannouchi étant passé par là ! A Borj Louzir, on a enregistré la plus grande affluence des handicapés, chaises roulantes en avant. Priorité de vote leur a été évidemment accordée, avec la même spontanéité dont ont bénéficié vieux et femmes enceintes. Les larmes de joie et… de regret A l'Ariana-Ville, une femme quitte le bureau de vote, les larmes aux yeux. «Dieu merci, s'exclame-t-elle, j'ai vécu ce jour historique. C'est un rêve qui devient réalité». Tout près d'elle, sa fille est également en pleurs. «Agée de 17 ans, je me sens frustrée et malheureuse pour être dans l'impossibilité de voter», gémit-elle, visiblement émue. Et d'ajouter, moins abattue : «Qu'à cela ne tienne, puisque toute la Tunisie est allée aux urnes». Bref, un peu partout dans les bureaux de vote que compte le gouvernorat de l'Ariana, l'enthousiasme des citoyens a été extraordinaire en ce dimanche de fête. Si extraordinaire que des jeunes, gais et relax, sont allés jusqu'à improviser des… groupes de chant et de danse à l'intérieur même des centres de vote. Question de faire oublier aux électeurs les tracas d'une attente souvent harassante, à cause de cette affluence record. 21 heures : les derniers électeurs quittent les bureaux de vote. Rideau sur un événement historique que la région de l'Ariana a vécu comme dans un rêve.