Le réalisme béjaois face à l'affligeante indigence offensive du Stade Tunisien. On peut résumer la rencontre en ces termes, vu le mutisme des avants stadistes et l'opportunisme des Cigognes Et pourtant, Patrick Liewig avait mis en garde son groupe depuis quelque temps déjà: "Disposer d'une défense de fer, c'est rassurant, mais plus haut, rien ne sert de courir, si au final, on ne met pas la balle au fond des filets ". Ces propos, le technicien stadiste les a tenus suite au nul face au CA, suivi d'un certain goût d'inachevé, vu le ratage monstre des siens, ce jour-là...Qu'à cela ne tienne, face à un adversaire béjaois adoptant un tout autre style (via une toute autre configuration de jeu), le ST était amené à prendre le match à son compte et à trouver la faille devant un OB attentiste au départ, évoluant en bloc et prônant l'arme du contre pour surprendre les Stadistes. A ce titre, Liewig a-t-il adopté le schéma qui convient? Le 4-3-2-1 cadrait-il avec le profil de l'adversaire? Débuter la rencontre avec trois pivots (Tombadou, Bâ et Kouakou) a-t-il permis à terme de saper les manœuvres adverses et trouver la faille au sein du dispositif des Béjaois? Autant de questions qu'il est certes facile de soulever après coup, bien que vraisemblablement, le ST est passé à côté du sujet. Tout d'abord, volet amorces offensives, le Stade manquait cruellement de solutions. Kasdaoui n'a rien réussi de bon depuis quelque temps déjà. Jédidi, la plupart du temps esseulé, et décalé sur le couloir, a manqué de soutien, alors que Tej, ne peut à lui seul faire le printemps stadiste. Aussi, les latéraux, Rhouma et Chagra n'ont à aucun moment épaulé leurs coéquipiers en situation de relance, alors que la création du surnombre, les dédoublements et la variation du jeu (par opposition à un jeu stadiste quelque peu stéréotypé comme entrevu hier), auraient pu constituer des solutions intéressantes . Liewig en convient d'ailleurs: " Nous n'avons pas assez joué dans les intervalles, nous n'avons pas renversé le jeu tantôt et nous ne sommes pas assez passés par les côtés faute de surnombre créé en situation de relance ". Il faut dire que les solutions de rechanges manquaient cruellement sur le banc. Riahi et Guelbi sont certes des attaquants mais nullement des buteurs, des catalyseurs... L'aptitude à emballer un couloir et à aspirer (en course) toute une défense, voilà le maillon qui manquait à la chaîne stadiste. La présence d'un joker de la trempe d'Alvés aurait pu faire l'affaire, encore fallait-il qu'il soit présent sur le banc...En somme, le ST s'est compliqué la tâche dès le coup d'envoi. Les stadistes ont certes " touché du bois " à deux reprises mais le football est ainsi, forcément, cruel; alors que le ST est globalement passé à côté du sujet. Tombadou en convient à l'issue du coup de sifflet final: "L'ouverture du score nous a coupé les jambes, au moment où nous nous sommes installés dans la moitié de terrain adverse. Nous avions pourtant commencé à harceler les Béjaois, mais l'ouverture du score, intervenue contre le courant du jeu, nous a quelque peu assommés. C'était un but assassin. Par la suite, nous étions dans l'obligation de revenir au score, mais vu le bloc défensif adverse et le pressing haut adopté, nous avons peiné à développer note jeu face à un adversaire appliqué et bien regroupé en défense". Jeu en mouvement et redéploiement Appliqué, l'OB l'était à plus d'un titre avant- hier. Les Cigognes nous ont rappelé au bon souvenir de leur épopée de 1993, avec une première coupe de Tunisie remportée haut la main, face à un autre spécialiste de l'épreuve, l'ASM. Du banc de touche, l'entraîneur-adjoint, Hédi Mokrani (capitaine de l'équipe victorieuse en 1993) était sûrement un brin nostalgique. Il faut dire que cette équipe béjaoise est composée d'assez bons joueurs, à l'instar de Garbouj, Derbali, Soltani, Camara et autre Rodrigue (de quoi nous rappeler la vertueuse équipe formée de Nabil Kouki, Maher Zdiri et consorts), avec l'espoir de faire mieux que lors des deux finales perdues en 1995 et en 1998. En attendant, l'OB peut actuellement savourer ce premier palier atteint avec mérite. Il faut dire que les Béjaois ont optimisé leur potentiel. Prônant un 4-4-2 classique, Belhout a concocté un schéma audacieux avec un duo offensif qui joue en mouvement et qui permute. Appels et contre-appels incessants ponctués de démarrages dans le dos de leurs anges gardiens respectifs, Soltani et Derbali s'en sont donnés à cœur joie. L'autre facette du jeu béjaois a consisté en un redéploiement offensif rapide en situation de contre attaque. A ce jeu, un joueur a brillé, en l'occurrence, le jeune Nizar Garbouj. A lui seul, cet inter-gauche a emballé son couloir, faisant prévaloir sa percussion, sa vitesse d'exécution, ses coups de rein et ses centres en course. Le latéral Chagra en sait d'ailleurs quelque chose...Heureux qui comme Soltani en fin de rencontre. S'il n' a pas marqué, l'attaquant béjaois a pesé sur la défense adverse, tout au long du match: "On est resté solidaires et attentifs jusqu'au coup de sifflet final. On a su gérer nos émotions et nous armer d'humilité pour tenir le coup jusqu'à la fin ". Des paroles qui disent long sur l'état d'esprit du joueur, ce dernier étant le buteur de l'OB en championnat, alors que son coéquipier Sameh Derbali a, jusque-là, excellé en Coupe de Tunisie (les deux font la paire d'ailleurs). De toute évidence, l'OB en voulait beaucoup plus. Duels bien négociés, "grinta" et vélocité sont à l'actif des "Rouge et Blanc", avec au final, un ticket composté pour disputer l'apothéose de la Coupe de Tunisie.