• Le congrès national de la centrale syndicale prévu pour les 3 et 4 décembre à Tunis • A l'heure du plurisyndicalisme démocratique, les syndicats de base contestataires doivent s'adresser au congrès ou alors fonder une autre centrale Quatre syndicats de base contestant l'autorité du bureau exécutif constitutif présidé par Habib Guiza ont convoqué, le 6 octobre dernier, une réunion des représentants d'une dizaine de syndicats parmi la centaine formant la Confédération générale des travailleurs de Tunisie (Cgtt), qui s'est tenue le 10 octobre à l'hôtel Majestic. C'est cette réunion que les protestataires ont transformée en «congrès extraordinaire» élisant onze «nouveaux dirigeants» et adoptant un «nouveau statut». La Presse a contacté Habib Guiza et un certain nombre de responsables syndicaux de la Cgtt. Et il ressort que plusieurs parmi les clauses statutaires n'ont pas été respectées par le groupe qui s'est proclamé comme nouveau bureau exécutif provisoire et que préside Nasreddine Bouzaraâ, jusque-là secrétaire général provisoire du syndicat du ministère des Finances. En premier lieu, la «convocation» à la réunion n'avait pas pour objet un congrès extraordinaire mais une simple réunion. Or, les réunions groupant les responsables des syndicats Cgtt ne peuvent être convoquées, selon le statut, que par le secrétaire général. De plus, la lettre convoquant la réunion est datée du 6 octobre, soit à peine quatre jours auparavant, alors que le statut prévoit un délai de quinze jours au moins. Par ailleurs, une telle réunion prétendant s'exprimer au nom de l'ensemble de la confédération aurait dû convoquer tous les syndicats de base. Or le procès-verbal dressé par un huissier-notaire assermenté fait état de la présence de 15 responsables syndicaux au total. Sachant qu'une pétition dénonçant le «complot» a rassemblé à ce jour pas moins de 45 signatures de secrétaires généraux de syndicats Cgtt. Le fait est, expliquent les intéressés, que la réunion de syndicalistes mécontents a été transformée en «congrès extraordinaire» puis a cru légitime de destituer le bureau exécutif fondateur. Et ce à quelques jours du congrès national qui doit se tenir les 3 et 4 décembre 2011 et qui avait été annoncé en février. Au sortir de la réunion du 10 octobre, explique Habib Guiza, M. Nasreddine Bouzaraâ a adressé un courrier au gouverneur de Tunis contre décharge au bureau d'ordre, qu'il a utilisée comme preuve de se légitimité auprès du Journal Officiel de la République Tunisienne, lequel lui a ainsi réservé une «annonce légale» l'authentifiant en qualité de secrétaire général. Et le «nouveau bureau exécutif» de se comporter comme tel, publiant les communiqués, exigeant les documents et les archives de la centrale, ainsi que les comptes bancaires. Mais «il s'agit d'un complot mal ficelé», conclut M. Guiza, puisqu'aucune procédure légale n'a été respectée et surtout que «l'écrasante majorité des syndicats restent fidèles à la légitimité et à l'historique militant de la Cgtt qui est née sous Ben Ali, malgré la dictature, et qui a résisté jusqu'à la victoire de la révolution de la liberté et de la dignité». Aujourd'hui que le pays vit en démocratie, avec le règne de la liberté totale d'organisation, explique le secrétaire général de la Cgtt, «les syndicats de base qui contestent la direction ont le choix entre se maintenir dans les structures puis s'adresser au congrès national, ou alors fonder une autre centrale, car nous sommes à l'heure du plurisyndicalisme».