La Tunisie, qui célèbre comme tous les pays la journée mondiale de lutte contre le sida, a choisi cette année pour thème «Je m'informe, je m'engage, discrimination dégage». Une occasion de rejenir sur l'histoire et l'évolution de cette maladie dans le monde et en Tunisie 60 millions de personnes sont atteintes du VIH dans le monde. 33,3 millions de personnes vivent avec le virus et 25 millions en sont morts. Apparaissant pour la première fois au début des années quatre-vingt chez les homosexuels vivant aux USA, le VIH laisse perplexe la communauté scientifique qui est confrontée pour la première fois à un virus inconnu dont ils ignorent la provenance et le mode de transmission. Le nombre de plus en plus élevé d'homosexuels qui sont atteints de cette maladie étrange laisse supposer au début que le virus se transmet uniquement par voie sexuelle. Le sang, second mode de transmission, est découvert avec en France, une équipe de l'Institut Pasteur conduite par le Pr Luc Montaignier, qui se penche sur les cas qui sont hospitalisés, procède à une série d'analyses en laboratoire. Un des chercheurs prélève les ganglions d'un malade mort du virus et arrive à déterminer une de ses formes humaines. Des recherches sont également effectuées de l'autre côté de l'Atlantique par l'équipe du scientifique Robert Gallo, travaillant au National Cancer Institute. Les efforts des deux équipes française et américaine finissent par payer. Ils isolent un virus provoquant l'effondrement du système immunitaire et l'appellent virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Depuis, des tests de dépistage ont été effectués dans le monde entier afin de détecter les cas atteints du virus et plusieurs molécules rétrovirales sont mises sur le marché. En Tunisie, le premier cas est déclaré en 1986. Dans les années qui suivent, grâce à la mise en place d'un programme national de lutte contre le sida, les personnes qui vont être contaminées par le virus vont avoir accès gratuitement à la trithérapie à partir de 2000, ce qui permettra de freiner la transmission du virus dans les populations vulnérables. Vingt-cinq ans après, le nombre total de cas en Tunisie s'élève à 1.633 cas recencés à la fin de l'année 2010. 513 personnes sont décédées dont 400 sont des femmesUn système de surveillance épidémiologique permettant de suivre l'évolution de la situation en Tunisie a été mis en place. Ce dernier se base sur la déclaration obligatoire des maladies transmissibles dont celle du VIH, les enquêtes épidémiologiques effectuées régulièrement, les rapports des centres de transfusion sanguine et des banques de sang, ceux des laboratoires de microbiologie ainsi que les enquêtes sérocomportementales. Selon le Dr Ahmed Maamouri, responsable du programme de lutte nationale contre le sida, les données actuelles disponibles sur le VIH montrent que l'épidémie s'est certes stabilisée et est peu active avec une prévalence inférieure à un cas pour 100 mille cas mais le virus est en train de se propager de plus en plus dans les trois populations à risque les plus touchées, à savoir les homosexuels, les usagers de la drogue et les travailleuses du sexe (le taux de cas contaminés par le virus s'élève à 0,43% chez les travailleuses du sexe, 3,1% chez les usagers de la drogue et 4,9% chez les homosexuels). Une stratégie a déjà été définie pour la période 2012/2016, comprenant plusieurs axes. Celle-ci prévoit de réduire l'infection au VIH par l'accès universel à la prévention chez les populations vulnérables. Il s'agit, par ailleurs, de dépister et de garantir l'accès des populations à haut risque à des services adaptés.Le troisème axe de cette stratégie prévoit la réforme de la législation et la promotion des droits des personnes porteuses du VIH afin de préserver leur dignité ainsi que leur droit de vivre normalement. Aujourd'hui, les personnes porteuses du VIH en Tunisie sont protégées par la loi et jouissent des mêmes droits que les autres personnes mais elles continuent à souffrir d'une mentalité sclérosée qui ne s'est pas débarrassée de préjugés qui ont encore la peau dure.