Deux mois après la première sévère pénurie de lait constatée au cours du mois d'octobre dernier, quelques jours avant les élections de la Constituante, le lait disparaît de nouveau des grandes surfaces et des épiceries de la capitale, laissant les consommateurs pantois, impuissants, face à une succession, tout au long de ces derniers mois, de pénuries et de perturbations de la distribution, surtout des produits alimentaires. Depuis quelques jours, le lait manque donc de nouveau alors que rien ne laissait prévoir une telle perturbation. La semaine dernière, ce fut l'alerte à la pénurie de la levure à fabriquer le pain et, avant cela, l'approvisionnement en gaz naturel dans la région de Gabès qui paralyse encore la région. Mais si pour la levure et le gaz, la raison est connue, en l'occurrence des revendications sociales exprimées sous forme de sit-in bloquant l'accès aux usines de production, pour le lait, c'est l'interrogation générale. Contacté pour fournir des explications à cette nouvelle pénurie du lait, M. Habib Dimassi, directeur général du commerce intérieur, est catégorique et surtout serein: «Ce n'est pas une pénurie, c'est un manque saisonnier de lait inhérent à la période de basse lactation qui atteint son niveau le plus bas en hiver et plus précisément en décembre et janvier ». En chiffres, cela donne précisément : jusqu'au mois de novembre, le marché intérieur fournissait chaque jour 1 million 600 mille litres ; actuellement, cette quantité a baissé à 1 million 200 mille litres par jour. «Le Grand-Tunis est la région la plus touchée car tout le monde consomme du lait et en grande quantité; ce n'est pas le cas dans les régions intérieures où les habitudes culinaires sont différentes», explique M. Dimassi. Attention à la spéculation La baisse est perceptible — 400 mille litres par jour— et pour la compenser, le ministère du Commerce tente autant que possible d' injecter une quantité supplémentaire à partir du stock stratégique. Cette quantité est toutefois mesurée car le stock des réserves a lui même reçu un coup dur lors de la pénurie automnale puisqu'il a été réduit de 50% de sa capacité, passant de 15 millions de litres à près de 7 millions actuellement. « Nous devons maîtriser ce stock jusqu'au mois de février qui marquera le démarrage de la période de haute lactation », explique encore M. Dimassi qui exclut l'importation de lait jusqu'à cette date. «Si on importe aujourd'hui, la marchandise arrivera dans deux mois» ajoute-t-il. Ce qui ne résoud pas le problème. Pour le directeur général du commerce intérieur, il n'y aura pas de problème si tout le monde se résigne à consommer avec modération et à faire preuve de patience, surtout les commerçants. Ces derniers sont vivement appelés à faire preuve de responsabilité et à ne pas tomber dans le cercle vicieux de la spéculation qui entraîne systématiquement la frénésie de la consommation. Autrement dit, il faudra s'attendre à ce que le lait ne soit pas disponible en grande quantité, partout et à tout moment jusqu'à la fin du mois de janvier. Certes, les Tunisiens ne sont pas habitués aux pénuries surtout des produits de première nécessité mais la conjoncture est particulière, elle exige de tous beaucoup de compréhension et de patience.