Il n'y a presque pas de vie culturelle à Sfax, considérée pourtant comme la deuxième capitale de la République. Quelques activités ponctuelles, un festival d'été sans identité et des spectacles importés de Tunis sous le prétexte de la décentralisation...Par ailleurs, la ville s'endort très tôt pour se réveiller le lendemain aux horaires du bureau. Les motocycles et les voitures redémarrent pour envahir les rues. Les commerces lèvent leurs rideaux de fer dans l'attente d'une clientèle de plus en plus rare. Les fonctionnaires boivent leur énième café du matin et les gargotes dégagent déjà leurs odeurs de friture et de pizza. Idem dans le nouveau centre-ville appelé «Nassria». Les Sfaxiens s'y rendent juste pour changer et pour se donner l'impression d'avoir une vie autre que celle en famille, dans les «Jnènes» clôturés. Mais là-bas non plus, il ne se passe rien. L'évènement le plus important se résume aux ventes et aux locations. Les immeubles, les boutiques, les cafés et les restaurants de fast food poussent comme des champignons. Et bien entendu, pas l'ombre d'un jardin, d'un théâtre, ni d'une salle de cinéma. Pour tromper l'ennui et changer d'humeur, il n'y a pas mieux que «Sfax 2000», la friperie géante. Là-bas, au moins, il y a le plaisir de la découverte. Mais s'il y a encore place au rêve, c'est grâce à ces hommes et femmes qui y croient. Il existe, par exemple, une association qui organise tous les ans la foire du livre pour enfants, des activités parallèles et des rencontres de réflexion pour satisfaire cette soif culturelle et implanter le désir de la lecture et le désir tout court. Il existe également des amateurs de 7e art, qui s'entêtent à donner une autre exigence au cinéma tunisien. Le Club Ftca (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs)fait ce qu'il peut pour honorer sa mission. On nous apprend que ses activités ont été gelées pendant toute une année par l'ancien délégué régional de la culture. Nous avons rencontré le nouveau président, Mohamed Damak (écrivain et enseignant), qui nous a expliqué les raisons pour lesquelles le club n'a plus donné signe de vie depuis l'an 2010. Contre la soumission C'est parce que certains membres du club, dont Damak, s'activaient ailleurs contre le mensonge et la soumission, que l'ancien délégué régional a décidé de « geler » les activités, sous prétexte que les adhérents passent leur temps à faire de la politique. Ce n'est qu'après le soulèvement du 14 janvier 2011, que le club de Sfax a été, pour le moins que l'on puisse dire, libéré. Aujourd'hui, il a tout un programme qui essaie de rattraper le temps perdu. D'ailleurs, le premier film réalisé après la reprise, s'intitule Relooking. Selon Damak, ce titre a beaucoup de sens par rapport à ce que le club a vécu. Et, à part la formation, les cinéastes amateurs projettent l'organisation de trois événements : un hommage au documentariste, feu Mustapha Hasnaoui. Un cycle de films, en hommage également au cinéaste syrien feu Omar Amiralay et la projection d'un bon nombre des meilleurs films de la fédération, à l'occasion du premier anniversaire de la révolution. Le Club Ftca de Sfax est aussi partenaire dans l'évènement « Journées du cinéma iranien », organisé conjointement par le Club Tahar Cheriaa et la délégation régionale de la culture. Nous y reviendrons.