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Allah, Allah, Allah !
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 02 - 2012


Par Amel Bergaoui
Dieu soit loué ! Le représentant du peuple à L'Assemblée nationale constituante, Abdessadek Ben Hamza Ben Hammouda Chourou s'est enfin clairement exprimé.
Et le moins que l'on puisse dire, ses propos furent explosifs, révélant le versant, pour ne pas dire le verset de l'aile jihadiste d'Ennahda. Ou l'art, dénué de subtilité, d'utiliser le Saint Coran afin d'étouffer la voix du peuple d'en-bas, empêcheur de tourner en rond d'un gouvernement qui ne représente plus que lui-même.
Sadok Chourou, le fondamentaliste islamiste est sorti de ses gonds publiquement lors de la séance plénière de l'ANC, montant au créneau afin d'appuyer l'action gouvernementale de son Premier ministre désigné, Hamadi Jebali.
La paralysie avérée et dramatique de l'appareil économique national par des revendications désespérées et désespérantes, les grèves et les sit –in expriment la douloureuse réalité d'un peuple qui a délivré tous ses démons en même temps que sa misérable condition.
Aux insurgés de tout acabit, aux insurgés de la faim et du froid, aux grévistes de tous bords, le constituant Sadok Chourou recommande l'application du verset 33 de la sourate «El Maida» (La Table Servie), les assimilant à des ennemis de Dieu et du Prophète. A des ennemis d'Ennahdha par extension. Un ange passe sous la coupole du Palais du Bardo. Mustapha Ben Jaâfar gratifie l'intervention de Sadok Chourou d'un placide «choukran». L'obligé président de la constituante, par son surréaliste « merci» au député Sadok Chourou, confirme l'étrange sentiment de voir l'Assemblée constituante rouler vers une destination à sens unique.
Dès lors, que fait-on aux ennemis de Dieu et de ses «représentants» en Tunisie ?
On en fait un peuple de manchots, de pieds bots, voire on les trucide.
Sorti de son contexte socio-historique, ce verset est un appel du pied aux salafistes prônant le Jihad par le meurtre, soit l'absolution islamiste à nombre de terroristes de retour d'Afghanistan, benladisés à mort promettant de faire couler le sang des Tunisiens «Kofar».
En instrumentalisant le Saint Coran à des fins prosaïquement politiques, le constituant Sadok Chourou a enfin dévoilé l'autre visage d'Ennahdha.
Oubliée l'instauration d'une Constitution civile confortant les droits de l'Homme et les libertés individuelles dans le cadre d'une république démocratique arabo-musulmane.
Bienvenue, à moyen terme, à un califat dont la Chariâa sera l'unique Destour protégé par une police religieuses.
14 janvier 2012 : début du cauchemar
Le «14 janvier 2011» a été un songe.
Les élections du 23 octobre 2011 : un marché de dupes.
L'Assemblée nationale constituante : une parodie de démocratie.
Le «14 janvier 2012» vire au cauchemar sur tous les fronts.
Effondrement économique et social, espace de liberté civile se rétrécissant comme une peau de chagrin, médias ciblés pour être des «béni oui-oui» au lieu de «béni non-non», justice instrumentalisée à travers l'affaire «Perspepolis», insécurité sur l'ensemble du territoire, forces de l'ordre «lâchés» par le pouvoir, tekfir, agressions physiques de libres penseurs, intimidations de femmes dévoilées, voire ne portant pas de niqab.
La liste, malheureusement, est non exhaustive. La révolution a bon teint aujourd'hui. Celui d'une jaunisse démocratiquement acquise.
Même Ali Douagi, du plus profond de sa tombe n'a pas échappé à la vindicte islamisante.
Rabaissé au rang «d'ivrogne impie», d'écrivain maudit, il est devenu malséant pour les arabo-musulmans tunisiens!
L'ère des autodafés est elle initiée ? Le savoir et la culture doivent-ils se soumettre aux critères de «l'islamiquement correct» ? Il n'en demeure pas moins que la machine à diaboliser les libertés individuelles roule à tombeaux ouvert, et ce, depuis l'avènement de la Troïka au pouvoir. La coïncidence est troublante, étayée par la violence des propos et des actes de ceux qui parlent au nom d'Ennahdha et d'Allah.
Rendons grâce donc à Sadok Chourou pour avoir clarifié les quadruples langages et positions d'Ennahdha. Son intervention musclée pour soutenir le gouvernement Jebali entrera dans l'histoire pour être un modèle du genre en matière d'amateurisme politique.
Ex docteur enseignant en chimie à l'Université de Tunis, prisonnier n°1349 H à la prison d'Ennadhour, ex président du Mouvement islamiste en 1988, lors de l'exil à l'étranger de Rached Ghannouchi, le prisonnier le plus célèbre de Tunisie, condamné à la peine capitale en 1992 est désormais libre depuis 2011 de condamner à mort une partie du peuple tunisien. Au nom de Dieu et du Prophète, cela va sans dire.
Le «14 Janvier 2011» nous a donc délivré d'un dictateur pour nous livrer à un «wassi» ,à un «guide suprême», enfin au salafisme jihadiste.
Se rappellent donc à nous les années de plomb de l'islamisme jihadiste entre 1980 et 1992. Femmes vitriolées, menaces et intimidations des résistants à la «République islamique», attentat mortel au Kuriat Palace de Monastir en août 1986 et à Bab Souika en 1992. Et toujours pas de mea culpa.
En 1979, le peuple tunisien n'était pas islamiste. Il était juste musulman ;il méritait donc la mort. Au nom du Jihad, au nom d'Allah. En 2012, le peuple tunisien n'est toujours pas islamiste. Juste musulman. Il mérite donc la mort. Au nom d'Allah, du Prophète... et du « 14 Janvier 2011 » !
Chourou, un jihadiste cohérent
Cet homme, il faut l'avouer est fidèle à ses convictions. Son jihad pour le pouvoir a traversé trois décennies. D'une cohérence limpide et inamovible, il apparaît plus que jamais absurdement figé dans le temps.
Torturé, avili, enchaîné, privé de sa dignité d'homme et de ses droits fondamentaux par deux dictatures, il assume en tant que constituant la cause pour laquelle il a enduré d'inhumaines souffrances. La théocratie qu'il prône et la démocratie se rejettent tout comme une greffe qui ne prend pas. Il le sait et a l'honnêteté, intellectuelle-ou la bêtise, d'en faire la révélation publiquement, faisant sauter du coup les «verrous» d'Ennahdha, confirmant sa division en plusieurs factions.
Sadok Chourou, l'élu du peuple, par son appel à l'application du verset 33 de la sourate V du Livre Sacré a fait plus de mal à Ennahdha que tous les complots gauchisants, rcediste et autres réunis. Au grand désespoir de ses congénères, sapeurs-pompiers de service tentant en vain d'éteindre les feux d'une foi brûlante.
En démocratie, il aurait été expulsé du parti Ennahdha et de l'ANC.
Nous ne sommes pas en démocratie. Mieux encore, le président de l'Assemblée nationale constituante n'a pas cillé en écoutant, imperturbable, la condamnation à mort des Tunisiens «agitateurs mécréants».
Jihad à Bir Ali Ben Khelifa ?
Les accrochages armés à Bir Ali Ben Khelifa (Sfax), les 1er et 2 février derniers, illustrent concrètement l'offensive contre notre pays de terroristes talibanisés .
Face à une guerre qui ne dit pas encore son nom, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali constate benoîtement qu'il s'agit «d'événements sans grande gravité». Cette banalisation d'un acte terroriste, surréaliste politiquement est en soi une insulte aux forces de sécurité nationale, à l'armée et au peuple tunisien. Et un blanc-seing pour l'Aqmi !
Aujourd'hui, plus que jamais, le terrorisme jihadiste a son alibi : l'arrivée légitime au pouvoir d'Ennahdha et son OPA (illégitime) sur l'Assemblée constituante.
Et l'Islam qui, selon les nahdhaouis, devait être «la solution » pour la Tunisie est en passe d'être un «problème». Comble du paradoxe pour un pays musulman !
Face aux élucubrations politico-politiciennes d'une Troïka souffrant d'autisme, le peuple tunisien devra donc se sortir seul de cette spirale infernale dans laquelle on l'a engagé à son insu.
Car la fuite en avant d'un gouvernement qui ne sait plus à quel prophète se vouer afin de contenir de multiples intifadha confirme une incompétence évidente en matière de bonne gouvernance. Voire de gouvernance tout court.
En décalage par rapport aux revendications matérielles du peuple, la Troïka a réussi à diviser les Tunisiens: islamistes contre musulmans, arabophones conte francophones, modernistes contre traditionalistes enjambant cavalièrement le principe de l'identité tunisienne. Le Tunisien demeure dans cette tragi-comédie politique le parent pauvre de la «révolution », si révolution il y a eu.
Avions-nous besoin, en cette heure critique de notre histoire, alors que le peuple de « va nus pieds », transi de froid, de faim et de colère débridée poursuit son intifadha sociale, d'un Torquemada jihadiste ?
Drôle de révolution que celle du «14 janvier 2011». Celle qui fait dire en 2012 à la rue tunisienne étourdie par cette sentence de mort ; «c'était donc cela l'islamisme !» La démocratie a elle aussi ses «houdoud»...


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