• La viande à 20 dinars le kilo L'activité commerciale entre la Tunisie et la Libye reste toujours intense malgré les quelques soubresauts qui brisaient de temps en temps l'élan par la fermeture provisoire du point de passage, à Ras Jédir ou à Dhéhiba. Des camions chargés de fruits et légumes, de denrées alimentaires, de boissons, de produits de tous genres font quotidiennement la queue dans les deux postes frontaliers. D'autres véhicules empruntaient des pistes sahariennes pour faire passer des marchandises subventionnées par l'Etat ou des produits prohibés, loin du regard des douaniers. Dans l'autre sens, c'est surtout le carburant, les bananes et l'électroménager qui proviennent à travers le Sahara. Ce trafic permanent explique, en partie, la pénurie du lait, au Sud-Est et la flambée du prix de la viande qui a atteint 20 D le kg. C'est la raison pour laquelle les patrouilles mixtes ( douaniers, gendarmes et militaires ) se sont renforcées et multipliées ces derniers jours, tout le long de la frontière, espérant mettre fin aux pérégrinations des contrebandiers entre les deux pays. Un camion transportant 30 tonnes de phosphate a été arrêté, lundi dernier. Le bétail n'est plus autorisé à passer. Les vaches et les veaux ne dépassent pas la ville de Médenine. Les fouilles sont plus minutieuses qu'avant, en raison de l'infiltration des armes, des munitions et de la drogue. Au poste de Ras Jédir, à l'entrée en Tunisie, le nombre de passagers a augmenté ces derniers jours. Les voitures libyennes attirent l'attention. Des centaines de Tunisiens et des familles libyennes franchissent chaque jour la frontière. Approché, un ressortissant, originaire de Kasserine, qui arrive de la ville de Zaouia où il travaillait comme boulanger, nous dit: «Franchement, il y a de quoi avoir peur. Les armes sont à la portée de tout le monde et des rumeurs circulent faisant état d'un nouveau soulèvement populaire. En Tunisie, on est en sécurité». En revanche, à la sortie, le trafic est moins dense par rapport aux mois précédents.