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Esquisse d'une réforme de l'enseignement supérieur suite à la révolution
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 02 - 2012


Par Mustapha ZGHAL
Les institutions universitaires ne peuvent vivre et s'épanouir sans s'adapter à leur environnement. Depuis son indépendance, la Tunisie s'est évertuée à développer son système universitaire. Partie d'un embryon d'un Institut d'Etudes Supérieures, hérité du temps du Protectorat, la Tunisie indépendante a créé progressivement les premières facultés : lettres, droit, économie, médecine, à coté de certains instituts tels que l'Institut des hautes études commerciales de Carthage ou l'Institut supérieur de gestion de Tunis. Dans une deuxième phase, l'enseignement supérieur s'est élargi pour s'implanter à l'intérieur du pays : Sousse, Monastir, Sfax, Gabès. Jusqu'en 1979, toutes les institutions de l'enseignement supérieur étaient supervisées par une direction au sein du ministère de l'Education nationale, et ce, avant la création du ministère de l'Enseignement supérieur sous le gouvernement de Hédi Nouira . Le pays n'avait pas à proprement parler d'université. Il a fallu attendre le 10 juillet 1986 pour que l'Assemblée nationale vote la loi instituant l'organisation en universités et la création des trois premières universités : celles de Tunis pour le Nord du pays, de Monastir pour le Centre, de Sfax pour le Sud.
Avec l'augmentation des effectifs des étudiants, l'on a enregistré une accélération dans la création d'institutions d'enseignement supérieur et par voie de conséquence d'universités. On en compte aujourd'hui 13, dont 4 au Grand-Tunis et 9 dans les autres régions. A cela il faut ajouter une 14e : l'université virtuelle (pour l'enseignement à distance). Si en 1956, année de l'indépendance, les étudiants tunisiens étaient un peu plus de 12.000, ils sont actuellement environ 400.000. Cette évolution tant au niveau des structures qu'à celui des effectifs enseignants et enseignés, s'est accompagnée de réformes successives touchant les programmes d'enseignement, les diplômes et leur durée d'études en années ou semestres. La dernière réforme est celle du LMD fixant théoriquement la durée de l'enseignement supérieur à 8 ans répartis comme suit : 3 ans pour la Licence, 2 ans pour le Master, et 3 ans pour le Doctorat. Cette réforme fixant le nombre d'années pour chaque diplôme était à mon avis nécessaire et inéluctable vu nos relations avec les pays de l'Union européenne qui ont adopté cette réforme bien avant nous. En plus de faciliter les problèmes d'équivalence entre nos diplômes et ceux des pays européens, cette réforme a le mérite de réduire la durée du premier diplôme (3 années pour la licence au lieu de 4 ans pour la défunte maîtrise) et de limiter le temps pour préparer la thèse de doctorat à 3 ans avec la possibilité de prorogation. A part cette nouvelle répartition temporelle, la réforme a modifié le contenu des cours dispensés, leur aménagement en fonction des semestres, a introduit de nouvelles licences en distinguant les licences fondamentales des licences professionnelles. Le régime des examens et les modalités du contrôle continu ont été également modifiés. Bref, les institutions universitaires ont eu du mal à suivre le mouvement, soit en organisant les nouvelles filières soit à appliquer le nouveau régime des examens et du contrôle continu. Les premiers diplômés sortant de cette réforme sont déjà sur le marché de l'emploi et on peut d'ores et déjà procéder à une évaluation et établir un diagnostic de ses retombées.
Au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie s'est trouvée en face d'une multitude de réformes à tous les niveaux et dans tous les domaines (sécurité, justice, santé, emploi, etc.). N'oublions pas que la révolution a pour origine le chômage qui a poussé les jeunes surtout diplômés à sortir manifester réclamant le droit à l'emploi et à la dignité. Ce fait est en lui-même suffisant pour nous engager dans une réforme fondamentale de l'enseignement supérieur. Le moment est propice puisque le vent révolutionnaire permet d'aller jusqu'au fond des problèmes. Signalons à ce propos que le principe d'élection des instances dirigeantes de toutes les institutions universitaires a été adopté quelques jours après la révolution (directeur d'institut, président d'université). Dans cette simple esquisse nous procédons par étapes : nous essayerons en premier lieu de dégager les principes fondamentaux à respecter dans toute recherche de réforme universitaire, en deuxième lieu, nous étudierons la situation de certains domaines de l'enseignement supérieur et avancer quelques orientations pour les réformer.
1- Les principes fondamentaux à respecter.
• La participation active des enseignants : ce sont les principaux intéressés et sont donc les mieux placés pour entreprendre toute réforme. En tant que spécialistes, ils savent ce qu'il faut ajouter ou retrancher au programme, quel cours doit précéder un autre et comment agencer le contenu d'un cursus universitaire. Je me rappelle personnellement que durant les années 1970 ce sont les enseignants qui proposaient les réformes, qui rédigaient les textes régissant les nouveaux diplômes. Aujourd'hui, nous avons un ministère bien fourni en personnel compétent qui peut réaliser plusieurs missions. Cependant la participation active des enseignants reste nécessaire et primordiale dans la définition des objectifs et des modalités d'application des réformes. En conséquence, il serait intéressant d'inviter les enseignants de la spécialité à des forums de discussion dans la préparation des réformes.
• Associer les entreprises et les hommes d'affaires : il fut un temps où les syndicalistes représentaient les enseignants et les étudiants refusaient de «professionnaliser» l'enseignement supérieur et de l'aménager «au service du capitalisme». Nous ne pouvons nier que cet enseignement recouvre des dimensions scientifiques, culturelles, spirituelles et éthiques mais aujourd'hui l'université doit servir le pays en compétences habilitées pour son développement. De même il est parfaitement normal que l'étudiant qui s'investit pendant 4 ans ou plus, trouve à sa sortie un emploi ou une opportunité pour créer son propre projet d'entreprise. Pour toutes ces raisons, il devient crucial d'associer les hommes d'affaires à tout projet de réforme. Ils nous diront leurs perspectives d'avenir et leurs besoins en qualifications et technologies nouvelles. Ils aideront à la formation des futurs cadres en offrant les stages en entreprises ou en pilotant les projets de fin d'études des élèves ingénieurs. Si au cours des années 70 et 80 le marché était demandeur d'emploi des sortants de l'université, aujourd'hui il n'arrive plus à absorber qu'une infime partie de ces diplômés qui se chiffrent annuellement à 65.000. Cela nous conduit à favoriser les filières à forte employabilité.
• Assurer la qualité : avec la globalisation des marchés et la mondialisation de l'économie, la qualification de la main-d'œuvre et les compétences des cadres sont devenues les atouts majeurs de la compétitivité des entreprises. Au niveau du recrutement, la concurrence est rude puisque les employeurs cherchent l'excellence. Nos universités n'ont pas le choix ; elles doivent former des diplômés de qualité, de haut niveau, capables de rivaliser avec les diplômés des meilleures universités des pays développés. Pour cela il faut, à l'entrée de l'université, des étudiants de bon niveau, des enseignants compétents, et beaucoup de moyens pour bâtir et équiper une université digne de ce nom.
• Revenir à un dosage adéquat entre enseignement et examens : depuis quelques années, et suite à des réformes successives et sous couvert d'appliquer le contrôle continu, on a enregistré une multiplication des examens, des partiels, des devoirs surveillés et autres formes de contrôle continu au point de limiter considérablement le temps alloué à l'enseignement. Un jeune enseignant m'a dit un jour, sitôt qu'un nouveau chapitre commencé, l'administration nous demande de préparer les sujets d'examen. Alors on posera des petites questions sur des morceaux de chapitre. Comme les étudiants exigent de passer une matière par jour, que le nombre des matières ou de petits cours est élevé et qu'ils exigent un congé d'une semaine pour les révisions, avant les examens et une autre semaine de repos après les examens, il est facile de calculer le peu de semaines restant pour l'enseignement proprement dit. Les délibérations au milieu ou enfin d'année sont devenues une opération de vérification des notes accumulées par un important service informatique. En un mot, il faut réduire le temps alloué aux examens pour élargir le temps de l'enseignement. En ce qui concerne les examens qui sont maintenant en totalité des examens écrits, il y a lieu de réintroduire quelques examens oraux.
• La création de nouvelles filières doit répondre à des besoins clairement identifiés : il ne s'agit pas de créer de nouvelles filières pour augmenter simplement leur nombre et afficher une croissance « respectable ». Au cours de ces dernières années, on a assisté à une prolifération de filières sans perspectives d'emploi, ce qui entraîne des dépenses inutiles et plus de chômeurs. Dans chaque grande spécialité, il y a des enseignements fondamentaux qui sont nécessaires quelle que soit la petite filière choisie. Au moyen de certains cours optionnels qui viennent se greffer sur les fondamentaux on peut créer les filières dont on a besoin à moindre coût.
Si on veut synthétiser on dira que les principes directeurs qui doivent présider à l'élaboration d'une réforme réelle du secteur de l'enseignement supérieur se résument en ceci : il faut la participation active des enseignants, il faut associer les représentants du monde des affaires, il faut chercher la qualité, assurer un meilleur équilibre entre enseignement et examens, et ne créer les nouvelles filières qu'en cas de besoins réels. Ajoutons enfin que la participation des représentants des étudiants est recommandée pour certains aspects de la réforme.
2- L'examen de certains domaines en vue de la réforme :
Dans ce qui suit nous essayerons d'avancer quelques réflexions et orientations pour réformer l'orientation universitaire, le fonctionnement des jurys de recrutement, la recherche scientifique, et enfin l'indépendance ou la spécialisation des universités.
a) Le système de l'orientation universitaire : appliqué depuis plus de 3 décennies, ce système informatisé affecte les bacheliers en fonction de leurs choix et de leurs notes. Au cours de sa longue vie il a subi quelques transformations pour le rendre plus accessible et plus transparent aux intéressés (le calcul du score, introduction de la dimension géographique, concours de réorientation..). Ce système judicieux est fondamentalement juste et équitable. Néanmoins, certains peuvent lui reprocher son caractère rigide et contraignant puisque un excellent élève qui, par accident, réussit son bac avec des notes modestes n'arrive jamais à obtenir sa filière préférée si celle-ci demande un score plus élevé que le sien. Il n'a alors qu'à accepter la filière attribuée ou tenter sa chance en participant au concours de réorientation, organisé un an après. A ce propos, je pense qu'on peut étudier la possibilité de l'organiser la même année, c'est-à-dire pendant les vacances d'été. De la sorte l'étudiant ne perdra pas une année. Autres améliorations possibles : élargir autant que possible les postes à pourvoir afin d'offrir aux candidats passionnés de la filière des chances d'y accéder (7% de la capacité d'accueil de la filière par exemple). L'orientation universitaire se déroule actuellement en 4 tours ce qui amène certains bacheliers à attendre leur affectation au mois de septembre. Il y a lieu de limiter l'opération à deux tours uniquement.
b) Les jurys de recrutement : actuellement les 5 membres composant chacun des jurys sont élus en partie (3 sur 5) et en partie nommés par le ministre (2 sur 5), le président étant nommé par le ministre. Le système d'élection étant généralisé au sein de l'université au lendemain de la révolution, il convient maintenant d'élire les 5 membres. Les jurys sont censés travailler en toute indépendance et dans le respect de la déontologie et de l'éthique universitaires. Exceptionnellement, il peut y avoir quelques dépassements ou abus et le candidat ne trouve aucun recours. Il s'agit généralement des critères adoptés pour la réussite ou grille d'évaluation adoptée par le jury et non communiquée aux candidats. On peut citer comme exemple le cas d'un jury qui décide d'autorité de refuser les dossiers ne contenant pas deux articles publiés dans des revues indexées. En fait, le règlement indique clairement qu'il faut évaluer tous les éléments du dossier et même tenir compte de la leçon préparée et exposée par le candidat. S'en tenir à un seul critère non communiqué aux candidats et non mentionné dans la circulaire du ministre relève de la facilité et de la solution du moindre effort. Si le candidat savait d'avance l'application de ce critère, il aurait épargné pour lui-même les frais de constitution et du dépôt du dossier et au jury l'examen du dossier. Sur un autre plan, pourquoi exiger que la publication soit dans une revue étrangère indexée. A ma connaissance, pour certaines spécialités, chez nous, nous n'avons ni revues ni revues indexées. Voilà pourquoi la plupart des professeurs évaluateurs lisent par eux mêmes les articles publiés et apprécient directement leur valeur, d'autant plus qu'ils savent maintenant qu'il faut payer cher, en devises la publication dans une revue étrangère, et qu'il faut passer par un collègue européen en ajoutant formellement son nom en tant que coauteur. Dans de pareils cas il est utile de constituer auprès du ministre une commission de «sages» pour traiter de ces problèmes et établir une grille complète d'évaluation qui sera respectée par tous les jurys.
c) La recherche scientifique : en 2008, l'Université tunisienne a fêté son 50e anniversaire ; elle est donc très jeune, et elle a commencé au lendemain de l'indépendance avec des moyens modestes en se concentrant sur l'enseignement du 1er et 2e cycles. Ce n'est que par la suite qu'on a pu développer l'enseignement du 3e cycle et entamer une activité de recherche scientifique en vue des thèses de doctorat ou des publications universitaires. Les facultés des sciences et les écoles d'ingénieurs étaient les précurseurs dans le domaine de la recherche du fait qu'elles disposaient de structures de recherche sous forme de laboratoires et d'équipements spécialisés. Les autres facultés (lettres et sciences sociales) ont suivi le mouvement en créant des unités ou laboratoires de recherche. En somme, l'université tunisienne dispose actuellement d'un cadre pour la recherche scientifique et d'un budget conséquent. Pour consolider ces acquis, il convient :
- de construire des locaux pour abriter les laboratoires
- d'assouplir la gestion financière du budget pour éviter tout risque de blocage
- d'offrir des bourses consistantes aux doctorants pour les inciter à la recherche
- chercher le partenariat avec les entreprises pour développer la recherche appliquée en relation avec leurs préoccupations industrielles.
- de voir les écoles doctorales aider par leurs initiatives à promouvoir la recherche qui est actuellement considérée comme le moteur principal du pays et le rayonnement de l'université
- d'encourager les professeurs retraités à produire et à diriger la recherche en leur accordant le titre de professeur émérite. Néanmoins, ce titre ne doit pas être un titre honorifique, son octroi doit être subordonné à un engagement du professeur à encadrer et diriger la recherche au niveau du master et du doctorat. En contrepartie de cet engagement, il doit bénéficier des facilités d'usage : missions à l'étranger pour la soutenance d'une thèse en cotutelle ou pour présenter une communication dans un congrès international. Il est évidemment inconcevable de lui demander de poursuivre l'activité de la recherche et de lui refuser en même temps les moyens de le faire, sous prétexte qu'il est retraité et qu'il ne fait plus partie de la fonction publique. L'éméritat est une situation spéciale nouvellement créée et doit être traitée en tant que telle.
d) L'indépendance et la spécialisation des universités
La création des universités en Tunisie est passée par plusieurs phases : au début le critère appliqué est le critère géographique : université de Tunis pour les gouvernorats du Nord, l'université de Monastir puis Sousse pour les gouvernorats du Centre et l'université de Sfax pour les gouvernorats du Sud. Dans une deuxième phase, on a ajouté au critère géographique le critère sectoriel, ce qui a permis de diviser la grande université de Tunis en 3 universités sectorielles (lettres, sciences, sciences sociales). Finalement, dans une 3e phase, on est revenu au sens premier du concept université en tant que structure rassemblant plusieurs disciplines dans un espace donné. C'est ainsi qu'on a actuellement des universités naissantes dans les villes du pays et quatre autres dans le Grand Tunis. Au départ, les universités étaient un simple organe de coordination, les principales prérogatives étant concentrées au ministère de tutelle. Par la suite, un certain nombre de fonctions ont été déléguées aux universités pour arriver en fin de compte à une certaine indépendance financière. Malgré cette évolution sur le plan de l'organisation administrative, les universités sont restées dépendantes du ministère sur le plan pédagogique. Les cursus universitaires, les cours, les formes d'examen, les coefficients des matières sont définis et programmés au niveau du ministère. Or l'université doit s'adapter à son environnement pour mieux servir le développement de son espace géographique. Elle doit donc avoir la latitude d'introduire des cursus nouveaux, adaptés à la région, ce qui la différencie des autres universités. De la sorte, on peut arriver à une certaine spécialisation des universités en variant le contenu des cours et des cursus universitaires. On peut espérer, par là, l'émergence d'une forme d'émulation et même de concurrence entre les universités. La concurrence n'est-elle pas un gage de réussite et de rayonnement. Dans le sillage de la révolution du 14 janvier, l'université tunisienne mérite bien une réforme en profondeur, en commençant par la réforme LMD.


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