Prise entre l'enclume des éléments en colère et le marteau des actes de vandalisme, Boussalem a vécu une semaine cauchemardesque. Région inondable, toujours à la merci des aléas climatiques, la ville succombe régulièrement aux affres des pluies diluviennes. Ainsi, la crue de l'oued Medjerda, dont les eaux ont envahi les maisons et les rues, a été accompagnée d' une spirale de violences et de pillages ayant ciblé aussi bien les biens publics que privés. Et malgré une certaine accalmie qui prévaut dans la ville, et un retour relatif à la normale, notamment en raison de la baisse sensible du niveau de l'oued, les habitants souffrent encore le martyre. Ils affichent un air de tension. La colère s'empare des jeunes et moins jeunes. Les quartiers populaires qui étaient, pendant plusieurs jours, en proie à des inondations, sombrent actuellement dans un marais de boues et d'eaux stagnantes. Six quartiers au moins demeurent quasi inaccessible. Ceux de Hached, Fattouma Bourguiba, cités populaires 1 et 2, Diamanta et El Khlij, ils sont les endroits les plus touchés par les eaux qui se sont infiltrées à l'intérieur des maisons, à plus de deux mètres de hauteur. Ce qui a entravé les opérations d'intervention et de secours. Bilan: un mort et de lourds dégâts matériels, selon les estimations des habitants. Alors que les évaluations officielles sont déjà en cours. «Nous avons vécu la terreur. Nos maisons ont été encerclées et personne n'a pu intervenir dans l'immédiat. Les opérations de secours n'ont été enregistrées que plusieurs des heures de la catastrophe...», révèle un sexagénaire retraité, habitant le quartier dit «populaire». Et de reprendre, «de grandes quantités d'eau qui se sont accumulées dans le canal limitrophe, traversant la ville...Ce qui a causé ce débordement». Un canal, a-t-il ajouté, qui menace toujours cette partie de Boussalem. Cette région est considérée comme zone inondable, d'où l'impératif de la protéger et revoir tous les plans d'aménagement. «L' état actuel des lieux nous a rappelé des inondations qu'avait connues la région dans les années 69, 73, 2000 et 2003», déplore-t-il. Les habitants en ont assez. Ils réclament une solution radicale afin d'éradiquer le fléau qui les embarrasse beaucoup et qui persiste des années durant. Celui des inondations! C'est là un appel au secours que les sinistrés n'ont cessé de lancer à tous les responsables de l'Etat. Par ailleurs, une unité de l'armée est en train de remettre des aides à leurs bénéficieras. Un groupe de citoyens nous ont déclaré qu'ils n'ont pas besoin de pain ou d'autres produits alimentaires. «Notre revendication se résume essentiellement en le remplacement de nos logements par d'autres, loin du lit de l'oued Mejerda», souhaitent-ils. Cette demande qui traîne au fil des ans et le sentiment de marginalisation qu'ils éprouvent souvent semble être la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Et c'était dimanche dernier que ce cumul d'irritation a suscité une haute tension, quis'est traduite par des troubles et des saccages qui ont gagné un certain nombre d'établissements de la ville dont le Tribunal cantonal, la recette des finances, un poste de police, le siège de la délégation et le centre de formation et du travail indépendant. Ce dernier, situé à l'entrée de Boussalem, a vu tout son matériel et ses équipements volés et endommagés. Selon son directeur, M. Béchir Khémiri, tout a été pillé. «Restaurant, cuisine, ateliers de formation en agro-alimentaire, ainsi que les aides sociales collectées et stockées dans le magasin du centre, tout a été volé...», précise-t-il. Et de souligner que ces actes de saccage ont eu lieu, par force, sous le regard du gardien du centre et des unités de la Protection civile. «Il était, ainsi, difficile d' intervenir, vu le nombre important des agresseurs. Heureusement que l'armée est intervenue pour mettre fin à la violence...», a-t-il témoigné, signalant que les cours dans ledit centre sont actuellement interrompus. La reprise ne sera pas pour aujourd'hui ou demain, cela demande un peu de temps. Sur tous ces événements, M. Mohamed Rached Neji, délégué de Boussalem, n'a rien ajouté. Juste qu'il y a eu, à ses dires, des agitations qui ont leur raison d'être. Mais, il a pour autant dénoncé l'attaque dont son siège était également la cible. «Au moment de ces actes, je n'ai eu plus d'autres solutions que de déserter mon bureau...», lance-t-il. Et de faire remarquer que la situation sécuritaire commence à s'améliorer et la vie a repris son cours ordinaire. Quant à son collègue, Salem Khachroumi, délégué de Balta Bouaouane, à quelque kilomètres de Boussalem, le siège de son département a été complètement incendié. Pour le moment, il n'est plus opérationnel. Les cours reprennent aujourd'hui Les cours reprendront, aujourd'hui, dans tous les établissements éducatifs de Bousalem. Dans un communiqué publié hier, le commissariat régional à l'éducation de Jendouba appelle tous les élèves à rejoindre mercredi 29 février leurs écoles respectives. Les dernières intempéries dans la région ont entraîné la fermeture, depuis mercredi 22 février, des écoles primaires, collèges et lycées de Bousalem.