• Un partenaire qatari se chargera de l'étude de la raffinerie de la Skhira et des projets y afférents • Une baisse de la production des hydrocarbures de 9% par rapport à l'année 2010 et de 15% par rapport aux prévisions • Les prix des hydrocarbures pourraient être réajustés Les cours du pétrole ne cessent de flamber. A 123,6 dollars le baril de Brent, hier, et une tendance à la hausse, qui peuvent atteindre 150 dollars, cette année, plusieurs réajustements s'imposent dans maints dossiers. En effet, «à la lumière de ces fluctuations, les travaux de préparation de la loi de finance complémentaire prendront en considération ces nouvelles données», relève M. Mohamed Lamine Chakhari, ministre de l'Industrie et du Commerce, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au siège du ministère. Prévu à 100 dollars lors de l'élaboration du budget de l'Etat, commercialisé à 70 dollars au client final, l'Etat alloue une enveloppe de subvention qui s'élève à 1.400 millions de dinars. Et la facture est de plus en plus salée. Dans ce cadre, le ministre a insisté sur la rationalisation de la consommation des ménages, des entreprises et des administrations. «Ainsi, on peut limiter les importations d'hydrocarbures qui assures 70% des besoins énergétiques», dit-il. Cela laisse croire qu'une révision à la hausse des prix du pétrole à la pompe est prévisible pour cette année. Le ministre n'a pas manqué de préciser que les prix des hydrocarbures pourraient être réajustés dans le cadre de cette loi qui sera soumise prochainement à la Constituante. A cet égard, il convient de préciser que les multiples déclarations d'éventuelles découvertes de pétrole dans plusieurs régions et les scénarios en rose qui se dressent, de facto, ne sont que probabilistes et hâtives. D'ailleurs, «on ne peut parler de découverte de puits ou de champs pétrolifères que si on a du pétrole à la surface», explique M. Khaled Kaddour, directeur général de l'énergie. Les études géologiques et les bilans sismiques ne fournissent que des résultats probabilistes. Sur un autre plan, les deux champs pétrolifères d'El Borma et Achtart, qui assurent 50% de la production nationale, sont en phase de déclin naturel. Le champ d'El Borma ne produit plus que 7.000 barils par jour. Et toutes les nouvelles explorations sont relativement limitées. En plus, plusieurs forages ont été abandonnés pour leur manque de rentabilité. Mais, l'envolée des cours pourrait changer la donne. Ainsi, M. Kaddour a souligné qu'une révision du cadre réglementaire s'impose pour inciter davantage les entreprises à investir dans ces «petits champs». «Le pays est doté d'une assise technologique avancée et développera des partenariats avec des opérateurs outre-Atlantique pour bénéficier des technologies de pointe», ajoute-t-il. Dans ce cas de figure, l'étude économique de ces puits, relativement limités, pourraient montrer une rentabilité significative. Des indicateurs en berne Les ressources nationales d'énergie primaire ont atteint 7 millions de TEP durant 2011 contre 7,8 millions de TEP en 2010, soit une baisse de 10%. Cela est dû à la régression de la production de pétrole brut et du gaz naturel, respectivement de 12% et 9%. Parallèlement, la demande d'énergie primaire est passée de 8,3 millions de TEP en 2010 à 8 millions de TEP en 2011. Le résultant est une aggravation du déficit énergétique. Le bilan d'énergie primaire affiche un déficit d'environ 1 million de TEP en 2011 contre 0,5 en 2010. D'ailleurs, depuis l'année 2000, le bilan énergétique affiche, régulièrement, un déficit relativement limité. Pour résorber le déficit, l'Etat a accordé 50 permis d'exploitation. Au niveau de l'offre, le rythme de production des hydrocarbures, pétrole brut et GPL Champ, a régressé de 11% en 2011. Seulement 3,3 millions de tonnes ont été produites. Cette contre-performance est due essentiellement au déclin de la production des principaux champs, notamment ceux de Didon de 35%, Oudna de 28%, Adam de 21%. Sans parler des tensions sociales qui ont causé des arrêts temporaires dans certains champs pétrolifères. De même, pour le gaz naturel, les ressources nationales ont atteint 3,6 millions de TEP en 2011 contre 3,9 Mtep en 2010. A cet égard, il convient de préciser que la redevance sur le gaz algérien au titre du forfait fiscal a diminué, elle aussi, de 18% pour avoisiner 960 mille TEP. En même temps, les achats du gaz algérien ont augmenté de 10%. Au niveau de la consommation, la demande des produits pétroliers a affiché une baisse de 0,3 million de tonnes. De même, la demande de gaz naturel a diminué de 2%. Pour ce qui est des investissements, les effets collatéraux de la révolution n'ont pas favorisé la réalisation des projets arrêtés ni les travaux de maintenance des champs en activité. Au sujet de la raffinerie de la Skhira, le ministre a précisé qu'un partenaire qatari se chargera de l'étude du site et des projets y afférents. Selon le ministre, cet opérateur est en mesure d'accepter des niveaux de rentabilité inférieurs à ceux exigés habituellement pour entreprendre. S'agissant du marché parallèle du carburant, le ministre a annoncé que les autorités ne permettront plus un tel laisser-aller néfaste pour toutes les parties prenantes, producteurs, Etats et citoyens. En effet, avec des stations fermées, des dangers, notamment d'incendie, et les conséquences néfastes inhérentes à l'utilisation de produits de moindre qualité, aucun effort ne sera ménagé pour appliquer littéralement la loi.