Les côtes tunisiennes, de Tabarka à Médenine, se caractérisent par leur richesse en diversité biologique grâce à la faune et à la flore qui confèrent à ces sites naturels près de la mer une beauté extraordinaire. Cependant, le littoral se trouve aujourd'hui menacé par des interventions illégales de certaines personnes qui n'hésitent pas à s'approprier le littoral pour faire des extensions de leurs habitats ou locaux commerciaux et de services. Profitant du manque de contrôle qui a suivi la révolution du 14 janvier 2011, certains habitants sont allés jusqu'à entamer des travaux de construction sur des sites publics réservés à la nature. En effet, le littoral, déjà fragile et vulnérable, a fait l'objet, depuis l'année dernière d'ailleurs, de dépassements de certains individus, qui n'ont pas manqué de prendre possession d'une partie du domaine public maritime en vue d'effectuer une extension de leur maison. L'occasion était propice pour effectuer de telles infractions, vu l'absence de contrôle et l'application de mesures dissuasives même pour quelque temps. D'où la nécessité de revoir le système de contrôle qui ne devrait pas être limité aux agents de l'Àgence de protection et d'aménagement du littoral (APAL). Il s'est avéré aussi que des décisions de sanctions prises – suite à une contravention – ne sont pas toujours appliquées même avant la révolution, et ce, pour diverses raisons dont celles qui ont trait au favoritisme. Un comportement civique souhaité Même les conditions climatiques défavorables cette année avec ces averses et pluies continues n'ont pas manqué d'avoir des effets négatifs sur le littoral où on a constaté qu'une partie de la plage – à Monastir et Mahdia notamment – a été envahie par la mer en ébullition. La biodiversité a été malmenée aussi bien par les interventions illégales des hommes que par Dame nature. Les changements climatiques sont déjà perceptibles avec ces averses et tornades, même au cours du printemps. De plus, les écosystèmes marins et côtiers connaissent – en période normale – des pressions en permanence, compte tenu du fait que le littoral compte pas moins de 70% des habitants du pays. Et cette évolution démographique contribue à la pollution dans la mesure où plusieurs habitants se débarrassent de leurs déchets près de la plage sans se rendre compte qu'un tel acte peut avoir des répercussions négatives sur le milieu naturel. Des bouteilles en plastique, des canettes, des restes d'aliments sont autant de déchets qui sont jetés parfois à tour de bras par les habitants – voire certaines unités touristiques – en pensant que les services municipaux sont là pour les enlever. Or, la participation des habitants à l'effort de la propreté est plus que nécessaire. Cette pression sur le littoral s'explique aussi par la présence de 90% des activités industrielles et touristiques. Ces secteurs sont considérés comme très pollueurs surtout quand certains industriels, hôteliers et restaurateurs font fi de la réglementation en vigueur. Un comportement civique est souhaité. Il ne faut pas généraliser, car certains acteurs économiques font de la propreté de l'environnement l'une des préoccupations et n'hésitent pas à consentir des investissements colossaux. Parmi les nouveaux phénomènes naturels constatés au niveau du littoral, l'élévation du niveau de la mer, ce qui est à l'origine des problèmes liés à l'érosion marine observée dans certaines zones côtières. La gestion du domaine public ne se basait pas sur une démarche claire avant la révolution. L'occupation temporaire de ce domaine était à l'origine de critiques de la part des bénéficiaires qui ne respectaient pas les délais impartis d'occupation. Ces bénéficiaires s'adonnaient notamment à certaines activités touristiques pendant la saison estivale. Une nouvelle démarche relative à l'octroi et au suivi des autorisations de l'occupation temporaire du domaine public marin permettrait de remettre les pendules à l'heure. Une commission nationale élargie devrait gérer ce dossier sur la base des plans de gestion des plages à mettre en place en collaboration avec les communes et l'Office tunisien du tourisme. En tout cas, des programmes sont en cours de réalisation actuellement en vue de préserver les écosystèmes marins dont l'un concerne la protection de la biodiversité marine et côtière, et ce, dans le cadre de la gestion des aires fragiles protégées sur le littoral. Cet effort serait accompagné par les textes d'application y afférents. A noter que des études relatives à l'atténuation de l'érosion marine sur près de 50 km de plages les plus touchées ont été élaborées. Ces études ont concerné aussi l'aménagement des écosystèmes fragiles, à l'instar du golfe de Monastir, le lac de Ben Ghayadha à Mahdia, et ceux de l'Ariana et de Séjoumi. Mais vu le coût élevé des travaux, les interventions sur le terrain n'ont pas pu commencer à temps. Il est nécessaire, par conséquent, de trouver les financements pour concrétiser ces projets d'autant plus que ces écosystèmes jouent un rôle prépondérant au double niveau économique et social.