Les enseignants ont-ils reçu la formation adéquate et disposent-ils des compétences nécessaires pour transmettre leur savoir aux élèves et contribuer, ainsi, au bon rendement du système éducatif ? Ce dernier est, en effet, tributaire en grande partie de l'apprentissage assuré par les éducateurs qui en représentent un maillon essentiel. «Il existe une différence entre la réalité éducative et les objectifs tracés par les structures officielles en matière d'apprentissage des élèves. Les compétences des enseignants dans les différentes spécialités sont, souvent, en-deçà de ce qui est attendu», a relevé Houcine Ben Abdallah, inspecteur, au cours du colloque, qui a été organisé par le ministère de l'Education nationale sur le thème de la méthodologie de la réforme du système éducatif. Chaque année, les inspecteurs effectuent des visites aux établissements scolaires, afin d'évaluer le niveau des compétences des enseignants, ainsi que la qualité de l'apprentissage assuré aux élèves. 69.000 enseignants ont été évalués et 47.000 rapports ont été établis sur la base d'une série de critères qui ont permis d'assurer une évaluation rigoureuse des compétences. Les enseignants ont été évalués sur le niveau des connaissances acquises dans la spécialité enseignée et ont reçu soit l'appréciation très bien, soit bien, soit passable ou nul. La majorité des enseignants ont reçu l'appréciation très bien et le reste a été classé soit moyen soit au-dessous de la moyenne. «Les rapports établis sur l'évaluation des compétences des enseignants ont montré que le niveau des connaissances est satisfaisant dans les spécialités enseignées, a observé M. Ben Abdallah, mais qu'il est, par contre, faible chez les nouveaux enseignants qui ont été intégrés dans le système éducatif». L'étude des rapports établis par les inspecteurs a, par ailleurs, révélé que les enseignants dans les matières littéraires (anglais, français) rencontrent des problèmes de communication qui les empêchent de transmettre des connaissances aux élèves. Les inspecteurs ont, en outre, abouti à des résultats satisfaisants, en évaluant l'approche pédagogique des éducateurs, ainsi que la manière dont ils préparent leurs leçons et transmettent les connaissances aux élèves mais s'agissant, par contre, de la maîtrise des outils didactiques, il ressort de leurs rapports que le niveau est relativement moyen chez les enseignants qui ne respectent pas, pour la plupart, les préceptes didactiques dans la transmission des connaissances aux enseignés. «La formation reste en-deçà de ce qui est attendu en matière de maîtrise des outils didactiques», a relevé, à ce propos, l'inspecteur. Par ailleurs, l'évaluation de l'organisation du travail collectif des éducateurs au sein de la classe a montré que si 66% montrent un niveau satisfaisant concernant ce point en sachant transmettre les informations aux enseignés bien qu'ils n'assurent pas la plupart un suivi correct des cahiers de classe, les résultats obtenus par les élèves aux examens ne reflètent pourtant pas le rendement réalisé par ces derniers. «Il y a une différence entre la formation et les compétences des éducateurs, et les résultats générés par cette formation», note, à ce propos, M. Ben Abdallah. Selon Abdellatif Maâtar, inspecteur des écoles préparatoires, l'amélioration du rendement du système éducatif dépend étroitement de la qualité de la formation dispensée aux éducateurs qui vont transmettre les connaissances aux enseignés. «La formation des enseignants présente des lacunes, ce qui fait que les élèves doivent supporter les conséquences de cette formation incomplète, a souligné l'intervenant. L'évaluation des formations dispensées par les universités, à travers le monde, a montré, d'ailleurs, que l'université tunisienne est classée parmi les dernières en matière de programmes et de formation». La réussite de la réforme fera intervenir plusieurs facteurs et devra impliquer, entre autres, la révision des démarches des structures qui interviennent dans le système éducatif, celle des programmes scolaires, ainsi que l'amélioration des compétences et de la démarche pédagogique des éducateurs.