Le feuilleton se propose de raconter les années 2009/2010 ayant précédé la révolution et ce qui a amené les Tunisiens, réputés être très dociles et bons vivants, à se révolter et à changer la face de la Tunisie et peut-être bien celle du monde. Il traite des deux causes principales qui ont conduit au soulèvement, à savoir la situation sociale notamment le chômage et l'immigration clandestine ou l'immigration parfois maquillée par des visas détournés. L'immigration, un mirage qui frappe tous les esprits et la majorité des personnages ne pensent qu'à cela. Catherine/Aïcha, le personnage central, représente le symbole de cette volonté de partir ailleurs, en Europe. Cela est un axe principal. Le deuxième axe concerne la vie politique et les mauvaises pratiques de la police politique avec certains militants qui essaient de s'opposer à un régime qui les empêche d'évoluer dans un environnement où cette police maintient, d'une main de fer, un système de répression qui bloque toute tentative de liberté d'expression. Le tournage va durer une vingtaine de semaines. Un tel travail nécessite normalement plus que cela, mais je vais encore une fois évoquer pour la énième fois la perte de temps. Quand on commence le tournage en retard, le temps devient très serré. Heureusement qu'il reste la possibilité du montage virtuel qui nous permet d'économiser du temps. Nous tournons et nous assurons le montage en même temps, de manière à ce que les opérations de mixage et de postproduction se fassent le plus vite possible. Avant, lorsqu'on procédait en montage linéaire, on était tenu de terminer le montage deux à trois mois avant l'échéance, c'est-à- dire le premier jour de Ramadan. Pour la première fois, je me sens libéré des obligations tant personnelles, que celles imposées d'en haut, au niveau de la liberté d'expression et du traitement de certaines thématiques, autrefois taboues. Même avant la révolution, on sentait une différence entre ce que produisait la télévision nationale avec toutes les contraintes qu'elle subissait et le privé, en l'occurrence Cactus de Sami Fehri. Profitant de sa position de faveur, ce dernier se permettait des libertés qu'on nous interdisait. Maintenant, il nous est permis d'évoquer certaines questions impossibles à aborder auparavant. Nessma aborde ce feuilleton avec beaucoup de courage et de détermination, d'abord, en confiant la production à un producteur exécutif privé comme le faisait la télévision nationale. J'estime que c'est un acte de contribution au développement de la production en Tunisie. Il s'agit là d'une première pour une télévision privée de faire confiance à un producteur privé pour assurer la confection d'un feuilleton. Il demeure, toutefois, que la machine de production elle-même n'est pas huilée en raison de la situation que vit actuellement le pays. Avec la prolifération des chaînes de télévision, j'espère que certaines d'entre elles procèderont de la même manière. Fathi Heddaoui, c'est la première fois que je le sollicite. C'est un comédien qui s'impose par son savoir-faire, sa stature et par l'amour que lui portent les téléspectateurs. Il jouit d'une popularité importante. Fathi a les qualités nécessaires pour incarner le personnage de Nouredinne, marin pêcheur, issu d'une famille riche et jouissant d'une bonne réputation. Je suis heureux de cette première collaboration et convaincu que ce sera un succès.