ATHENES-BERLIN (Reuters) — La Chancelière allemande Angela Merkel et le patron du Fonds monétaire international (FMI) ont mis en garde hier contre un risque de contagion des difficultés de financement de la Grèce à d'autres pays de la zone euro, alimentant les craintes sur les marchés financiers. Pour la troisième journée de grève générale depuis le début de l'année, les salariés des secteurs public et privé manifestent en Grèce contre le plan d'austérité négocié par le gouvernement en échange d'une aide de 110 milliards d'euros. A Berlin, Angela Merkel a estimé que l'avenir de l'Europe était en jeu, ajoutant que d'autres pays pourraient connaître le même sort que la Grèce si le pays ne parvenait pas à sortir de ses difficultés malgré le plan de l'Union européenne et du FMI. La crainte d'une crise généralisée de la dette souveraine dans la zone euro fait chuter les Bourses un peu partout dans le monde, alors que l'euro a touché un nouveau plus bas d'un an face au dollar à 1,2923 dollar. Les valeurs boursières en Espagne et au Portugal, considérés comme les deux prochaines cibles des investisseurs qui cherchent à tester la cohésion de l'UE, évoluent en baisse pour le deuxième jour d'affilée. Angela Merkel, dont les hésitations sont accusées d'avoir accentué la crise, a affirmé devant le Bundestag que le succès du plan d'aide à la Grèce déterminerait "rien de moins que l'avenir de l'Europe, et avec lui, l'avenir de l'Allemagne dans l'Europe". L'Europe à un carrefour selon Merkel "Nous sommes à un carrefour", a souligné la chancelière à l'occasion du débat sur la validation de la contribution allemande qui se monte à 22 milliards d'euros. La Grèce doit recevoir l'aide promise pour empêcher qu'une réaction en chaîne ne menace de déstabiliser le système financier international et européen, a ajouté Angela Merkel. Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a reconnu qu'il pouvait exister un risque de contagion à d'autres pays européens mais il estime que la France et l'Allemagne ne sont pas menacées. "Il y a toujours des risques", répond-il à la question de savoir s'il existe un risque de contagion en Europe dans un entretien publié par Le Parisien. "On a cité le Portugal mais il est déjà en train de prendre des mesures et les autres pays sont dans une situation beaucoup plus solide", ajoute-t-il avant de préciser qu'"il faut cependant que chacun reste extrêmement vigilant". Le patron du FMI estime par ailleurs que les Européens auraient pu prêter de l'argent à un taux plus intéressant pour la Grèce. "Je trouve en effet que le taux auquel les Européens prêtent aurait pu être égal à celui du FMI qui est plus faible d'un demi-point", dit-il. Sceptiques sur l'efficacité du plan d'aide à la Grèce, les investisseurs ont vendu massivement des actifs européens mardi, faisant chuter de près de 3% l'indice FTSEurofirst 300 qui a entraîné dans son sillage Wall Street et les marchés asiatiques. Hier, le coût de la protection contre un risque de défaut de l'Espagne et du Portugal est encore orienté à la hausse. Contenir l'incendie Pour tenter de calmer les marchés, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a réaffirmé que l'Espagne n'avait pas besoin d'une aide financière de l'UE. Il a cependant jugé préoccupant le niveau des déficits publics européens. "Afin de protéger la reprise économique, il est absolument essentiel de contenir le feu de brousse en Grèce afin qu'il ne devienne pas un feu de forêt et une menace pour la stabilité financière de l'Union européenne et de son économie dans son ensemble", a-t-il expliqué. En dépit des démentis officiels, de nombreux économistes pensent que la Grèce sera obligée de restructurer sa dette. "Ce que nous observons aujourd'hui, c'est une réaction classique de contagion financière", explique Sebastian Barbe, spécialiste des pays émergents au Crédit Agricole à Hong Kong. "Cela s'explique par le fait que le marché intègre dans les prix d'autres risques de dette souveraine en Europe, et à court terme, cela peut encore continuer un certain temps", dit-il. L'un des principaux sujets d'interrogation des investisseurs porte sur la capacité du gouvernement grec à mettre en œuvre les mesures nécessaires face au risque de troubles sociaux. Les manifestations de ce mercredi seront donc surveillées avec attention afin d'évaluer le degré de mobilisation.