Ils souffrent doublement, les insuffisants rénaux sous machine. Leur maladie les contraint à un rythme de vie truffé de risques de complications souvent fatales, notamment chute de tension, hypoglycémie et autres. La semaine, l'emploi du temps et le tonus dépendent, inéluctablement, des séances de dialyse, à raison de trois fois par semaine. Allongé durant quatre heures, le patient se fait faire un traitement aussi lourd que vital. «L'hémodialyse est une biotechnologie qui lie la technicité médicale à la clinique», définit M. Ridha Hmila, président de l'Atir. Mais si la souffrance n'était que limitée à la nature même de cette maladie chronique et au traitement qu'elle nécessite, le patient n'a qu'à accepter son sort. Or, il se trouve, dans bien des cas, à la merci d'un cadre médical et paramédical dépourvu de conscience professionnelle. En effet, certains centres d'hémodialyse privés prennent l'état de santé des insuffisants rénaux à la légère. D'où le recours permanent à des arnaques qui relèguent le professionnalisme médical au second plan au profit sans doute d'un esprit lucratif obsédant. Selon les données fournies par M. Hmila, les arnaques au niveau des centres privés touchent à plusieurs aspects, traduisant ainsi le non-respect des normes pourtant capitales au traitement d'hémodialyse. Le président de l'Atir dénonce la diminution préméditée de la durée de la séance de dialyse qui s'étale normalement sur quatre heures — et peut aller, si situation l'oblige, à cinq heures — à seulement deux heures. «Or, la durée de la séance est étudiée afin de prévenir au mieux les éventuelles complications», note notre interlocuteur. Et d'ajouter qu'en France, il s'est fait faire des séances de dialyse qui s'étalent sur 11 heures. Diminution de la durée des séances, mais aussi de la surface règlementaire du filtre. Certains utilisent même une qualité d'eau inappropriée à la dialyse. Par ailleurs, les séances sont souvent dépourvues d'un suivi médical permanent: le médecin dialyseur n'assiste pas à la totalité de la séance. Or, les complications qui peuvent survenir peuvent être fatales. «Les dépassements qui nous sont déclarés sont souvent flagrants. Des séances bâclées, qui se chevauchent et qui sont parfois assurées par des personnes non qualifiées, telles que les aides-soignantes», fait remarquer notre interlocuteur. Le président de l'Atir, dialysé depuis une bonne trentaine d'années, attire l'attention sur l'inadéquation des superficies réservées à la dialyse. Il précise que la surface réglementaire est fixée à 6 mètres carrés par lit. «Or, aucun centre privé ne se conforme à cette règle», affirme-t-il. D'autant plus que bon nombre de centres privés refusent de mettre à la disposition des malades la possibilité de bénéficier de séances de nuit; des séances qui, pourtant, contribueraient à une meilleure prise en charge dans la mesure où elles n'altèrent point l'emploi du temps des insuffisants rénaux actifs.