L'annonce en a été faite il y a quelques jours : les médecins hospitalo-universitaires observeront une grève les 30 et 31 de ce mois, du moins pour ce qui concerne les cas non urgents. Une conférence de presse a été donnée avant-hier par le syndicat qui les représente et un communiqué a également été publié à l'occasion. Ce dernier reprend les principales revendications des hospitalo-universitaires, à savoir le problème du manque de sécurité dans les hôpitaux, avec la multiplication des actes de violence aussi bien verbale que physique, mais aussi ce que la secrétaire générale du syndicat et radiologue à la Rabta, Mme Habiba Mizouni, appelle le «double alignement»... De quoi s'agit-il ? Il faut rappeler ici que les médecins hospitalo-universitaires, qui sont des spécialistes, assurent un travail qui est à la fois de soins, d'enseignement et de recherche. Or, fait valoir Mme Mizouni, non seulement le travail universitaire d'enseignement et de recherche n'est pas rétribué, mais même le salaire correspondant au travail de soins n'est pas «aligné» sur celui des médecins spécialistes hospitalo-sanitaires. Nous serions donc en présence d'un cas évident de violation du principe de l'équité professionnelle. Mme Mizouni, qui rappelle que cette dernière revendication remonte à la période qui précède la révolution, fait également remarquer qu'une telle situation est en train de vider la profession : «Il y a moins de candidats que de postes au niveau des concours et le nombre des démissions est important... Bientôt, il n'y aura plus assez de personnes ni pour enseigner la médecine dans les facultés ni pour soigner dans les hôpitaux...» La revendication consiste donc pour les hospitalo-universitaires à être rétribués comme leurs collègues hopitalo-sanitaires s'agissant de la partie de leur travail qui concerne les soins, et comme leurs collègues universitaires s'agissant de leur travail d'enseignement et de recherche: «Nous ne demandons rien d'autre qu'une régularisation», souligne la secrétaire générale du syndicat des médecins hospitalo-universitaires. Mais l'ambition du syndicat est que, dans la foulée de ces deux revendications — sécurité et régularisation salariale — soit aussi ouvert le dossier des conditions de travail, qui porte sur les normes en matière d'infrastructures, d'équipements, de ressources humaines et, également, de participation à la gestion administrative et financière de l'hôpital. C'est, avec les compétences à préserver, l'autre volet qui est à même de garantir une amélioration de la qualité des prestations au niveau de l'hôpital public. Au niveau du ministère de la Santé, on préfère ne pas faire de commentaires, en rappelant qu'un nouveau round de négociations est prévu dès la journée de demain, lundi, dont on espère qu'il débouchera sur un rapprochement des positions... Bien entendu, un tour positif des négociations pourrait amener à remettre en question le préavis de grève. Mais nous n'en sommes pas là !