Le 13 mai dernier, le jeune virtuose du qanûn Souheïl Mahjoubi n'était plus de ce monde. Disparu à 23 ans seulement, «à la fleur de l'âge», comme l'a dit sa sœur dans son discours d'hommage. Elle a lu son texte avec beaucoup d'émotion, mardi dernier, à l'occasion d'une soirée musicale dédiée à l'âme du défunt. L'Institut supérieur de musique de Tunis (ISM) a organisé, au Théâtre municipal, ce spectacle qui s'est déroulé en présence massive d'amis, de professeurs et de membres de la famille de Souheïl Mahjoubi, tous venus lui dire adieu par la musique, qu'il adorait tant et à laquelle il avait consacré sa courte vie. Spécialisé en qanûn, ce jeune était bien parti pour une carrière internationale, ayant notamment participé à des master class avec des artistes de renommée, tels que les Turcs Ismail Tunçbilek et Aytac Dogan. Ainsi, la musique s'offre comme le meilleur moyen de rendre hommage à un être cher parti trop tôt, hommage à ce qu'il a été et à ce qu'il aurait pu être. Beaucoup de larmes ont accompagné les mots et les mélodies, choisis avec soin pour l'occasion. Tous les participants portaient des t-shirts blancs, imprimés du portrait de Souheïl. Au dos, on pouvait lire «on ne t'oublira jamais Souheïl». Egalement, une projection de photos souvenirs a accompagné les performances musicales, montrant Souheïl Mahjoubi depuis son enfance et jusqu'avant son départ dans un autre monde. La soirée a commencé par le discours de Naoufel Ben Aïssa, professeur à l'ISM, qui a cédé, très ému, la place à la troupe de Mohamed Ali Kammoun, dont le musicien disparu était membre. Le premier morceau était une composition instrumentale spécialement écrite par Mohamed Ali Kammoun à son ami. S'ensuivirent des chants spirituels. Entre-temps, la projection de photos a fait découvrir à l'audience qu'une salle de l'ISM porte désormais le nom de Souheïl Mahjoubi. Après le speech de sa sœur, suivi de deux poèmes chantés et accompagnés par le luth, c'est la troupe de l'ISM qui a pris la relève et assuré sous les applaudissements du public, malgré les problèmes de son récurrents qui ne sont malheureusement pas propres au spectacle de mardi. C'est en effet devenu «le sel» des scènes tunisiennes, mais cela c'est une autre histoire. Rien, en tout cas, ne pouvait détourner les présents, public et participants, de leur détermination à réussir le spectacle et en faire un hommage complet. Ce fut une longue soirée variée aux couleurs musicales préférées de Souheïl Mahjoubi. Après la troupe de l'ISM, le luthiste et frère de Souheïl, Semih Mahjoubi, a accompagné la chanteuse Asma Ben Ahmed pour Ilah el koun, avant que Ridha Chmak n'interprète un titre de Sheïkh Imam. A la fin de la soirée, Semih Mahjoubi est revenu sur scène pour interpréter en solo Ya habibi ya akhouya de Faïza Ahmed. L'hommage à Souheïl a été voulu à l'image de ce jeune musicien. Non seulement il a été fait en musique, mais, surtout, ses revenus vont servir à une œuvre caritative de l'association «Aide-moi à apprendre». Souheil Mahjoubi n'aurait pas souhaité mieux pour son salut. Qu'il repose en paix!