Précédée par sa réputation et ses nombreuses participations au Festival de la Médina, la troupe Chouyoukh Salatin Attarab a offert, à cette édition du festival, jeudi dernier, sa première soirée à succès auprès du public, jusque-là réticent. «Faire revivre le patrimoine musical arabe…à une époque où la mondialisation menace les spécificités culturelles des peuples», c'est ainsi que son directeur, Bechir Ahmed Beji, présente le projet de sa troupe, qui emprunte son nom aux grands «sultans» du tarab de la ville syrienne d'Alep. Ce précieux legs que l'on se passe de génération en génération a une renommée qui dépasse les frontières de la ville et même de l'Orient. La troupe se compose de douze musiciens qui font le tour des instruments spécifiques au genre musical des koudoud halabia : le luth, le qânun, le nay et les percussions, en plus d'instruments occidentaux, comme le violon et le violoncelle. Ils ont présenté un programme en deux parties. La première a été consacrée à des compositions du mode samaï et des mouwachahats, tels Ya lailou sabbou et Ya man hawa, interprétées par la chorale. Les trois chanteurs de cette chorale, Amer Khaïri, Aboud Hallâa et Houssem Lobnani, ont chanté des solos, chacun selon ses affinités vocales, des titres comme Kol lel maliha Al yana al yana et Ala dal'ouna. Dans la deuxième partie, le chanteur Ahmed Azraâ a pris la relève. Sous les applaudissements récurrents du public, il a accompagné, par sa voix, les mélodies de Foug ennakhal, El bolbol naghi, Ya mali cham, Ya faten al ghizlan avant de finir par Khamrat al hobb. Le public était ce soir-là comme un assoiffé dans le désert face à une source d'eau. C'est, en effet, l'une des rares occasions qui se présentent à lui pour se remémorer l'époque des grandes voies du tarab, auxquelles cette troupe rend hommage, et qui ont disparu, comme Sabri Al Moudallal, ou qui ne sont plus tout à fait ce qu'elles étaient, comme Sabah Fakhri. Ce spectacle était comme un doux moment de nostalgie, mais pas beaucoup plus !