A vrai dire, la situation au poste frontalier de Ras Jédir n'est guère stable et rassurante. Les forces de l'ordre et les douaniers avaient beau porter des brassards rouges, à maintes reprises, ou observer des sit-in, les accrochages ainsi que la fermeture provisoire du poste, d'un côté ou de l'autre, sont devenus courants et le problème n'a jamais été résolu définitivement. Du côté libyen, les raisons des conflits qui perturbent le trafic sont claires et connues de tous : qui assurera le contrôle de ce point de passage névralgique , dans les deux sens ? C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dans la nuit de samedi à dimanche, des conflits internes entre Libyens ont eu lieu sur place. Les uns parlent de forces gouvernementales qui sont venues de la ville de Zaouia, dans le but de chasser les rebelles de Zouara qui géraient la situation à Ras Jédir depuis longtemps. D'autres sources parlent de salafistes libyens qui accusent les fonctionnaires en place de malversations et veulent nettoyer le poste. Toujours est-il que «les échanges de tirs entre les deux clans ont duré quelques heures et se sont étendus jusqu'à la localité de Boukamache, à 15 km de Ras Jédir», nous confie Sadok R. qui est venu le soir même rendre visite à sa mère, dans une clinique, à Zarzis. L'information est confirmée par une source tunisienne, digne de foi, postée sur place et qui ajoute : «Pour des mesures de précaution, nous nous sommes mis d'accord avec nos frères libyens pour garder la frontière fermée jusqu'à nouvel ordre». Effectivement, hier matin, le portail était toujours fermé, sauf pour les Tunisiens qui désirent regagner le pays ou les Libyens qui veulent rentrer chez eux. En attendant, nous avons appris que des négociations étaient en cours entre les deux belligérants afin de s'entendre sur le contrôle du poste dans le territoire libyen. La ministre suisse de la Justice à Echoucha Les réfugiés campés à Echoucha donnent des soucis au gouvernement tunisien et aux responsables de l'Unhcr. Bien que des milliers aient été déjà rapatriés, que d'autres aient bénéficié de l'asile pour être réinstallés dans un pays tiers, il en reste encore 2.500 environ, de différentes nationalités, qui attendent impatiemment d'être évacués de ce camp de transit pour être réinstallés ailleurs. La détérioration des services et de l'infrastructure du camp, les mauvaises conditions climatiques, le manque d'hygiène... les font souffrir, surtout après la réduction progressive des employés dans le camp. La situation préoccupe énormément l'Unhcr. C'est la raison pour laquelle, des membres de l'Union européenne et un responsable des droits des réfugiés ont visité Echoucha jeudi passé. Hier, c'était au tour de la ministre suisse de la Justice de faire un saut au camp et constater de visu les conditions de vie de ces réfugiés. L'objectif de ces visites est bien évidemment le même : discuter avec ces individus et leur trouver un pays tiers qui acceptera leur réinstallation, le plus tôt possible.