• En 2011, la vitesse à tué 31,85% des victimes de la route. • Le choc d'un véhicule qui roule à seulement 50 km/h équivaut à la chute à partir du sixième étage. La vitesse au volant constitue, pour certains, une manie qui suscite le plaisir de briller par rapport aux autres conducteurs et une manière de prouver que l'on maîtrise à merveille et le véhicule qu'on conduit et la route et que, contrairement aux autres, l'on ne conduit pas comme un pied. En réalité, c'est l'inverse qui est vrai: en ayant recours aux vitesses élevées, le conducteur montre qu'il suit à la lettre ce qui figure à l'indicateur de vitesse et qu'il n'arrive pas à adapter la vitesse au contexte routier. Les blagues sur ce point ne manquent d'ailleurs point. Mais le problème n'est pas là : cette manie se transforme graduellement en un comportement routier à part entière, touffu de risques. La vitesse tue. Elevée, elle équivaut à des chutes suicidaires à partir de plusieurs étages. En effet, selon les données fournies par l'Observatoire national de la sécurité routière (ONSR), le choc d'un véhicule qui roule à seulement 50 km/h équivaut à la chute à partir du sixième étage. Si l'on double cette comparaison, l'on se rend compte qu'un accident survenu d'une voiture qui roule à 100 km/h correspond, du point de vue choc mais aussi du point de vue du risque de mortalité et de dégâts matériels, à la chute libre à partir du 12e étage. La gravité des accidents dus à l'excès de vitesse est encore plus importante pour les piétons et les motocyclistes, d'où l'augmentation du risque de mortalité. Il y a lieu de noter que l'excès de vitesse constitue le premier facteur à risque d'accidents graves et mortels. Selon les statistiques relatives à 2011, l'implication de cette infraction aux taux des décès sur la route était de l'ordre de 31,85%. Elle était également la cause directe de 19,11% des blessés de la route. Grave et haut en risque, l'excès de vitesse influe négativement sur la capacité du conducteur à visualiser les divers éléments et corps qui se trouvent sur la route. Pourtant, conduire dépend quasi entièrement de cette faculté et de la manière d'apprivoiser les imprévus. Les études montrent que rouler à une vitesse de 70km/h correspond à une visibilité de 75°. A 100 km/h, la visibilité se trouve réduite à 45°. Elle n'est plus que de 30° à une vitesse de 130 km/h. Inapte à considérer les éléments fixes et mobiles de la route, le conducteur ne peut aucunement maîtriser la situation. Cette incapacité est renforcée par l'excès de fatigue dû à l'interpellation du cerveau à fournir plus d'efforts en un minimum de temps. Dans son action de sensibilisation sur l'impératif de lutter contre l'excès de vitesse et d'orienter le Tunisien vers un comportement routier à la fois plus civique et plus responsable, l'ONSR rectifie certains préjugés répandus. En effet, si certains pensent —à tort—que rouler à une vitesse élevée permet d'économiser le combustible, il n'en est rien: les études ont prouvé que plus la vitesse est importante, plus le véhicule consomme de carburant. Autre préjugé: rouler vite permet de gagner du temps. Or, parcourir une distance de 100 km à une vitesse de l'ordre de 120 km/h au lieu de 110 km/h ne permet de gagner que 4,3 minutes; ce qui n'est pas énorme. Risque d'accidents mortels, fatigue psychologique, gaspillage de combustible, et donc d'argent, sans avantages en retour... Pourquoi donc insister à rouler vite et brûler les étapes? N'est-il pas plus sage de rouler normalement et de profiter du plaisir de conduire et du paysage?