• Le gouvernement perd des points en termes de popularité Décidément, les sondages d'opinion ne finiront jamais de nous surprendre. Trois mois, jour pour jour, après son dernier sondage en date du 27 mars 2012 (dans lequel 42% des Tunisiens considéraient que la situation en Tunisie était pire qu'à l'époque du président déchu Zine El Abidine Ben Ali), Emrhod Consulting vient d'effectuer un nouveau sondage durant la période allant du 18 au 22 juin. Deux chiffres attirent particulièrement l'attention : 25,5% des Tunisiens et des Tunisiennes renouvelleront leur confiance à Ennahdha au cas où les élections auraient lieu demain, et 21,8% des électeurs choisiront Marzouki s'ils sont appelés à le faire demain. Aussi, malgré les soubresauts et les crises qui ont traversé le pays depuis mars dernier et dont beaucoup d'observateurs et d'analystes imputent la responsabilité au gouvernement dirigé principalement par Ennahdha et en dépit des «erreurs», voire des ratages du président de la République provisoire, les Tunisiens maintiennent leur confiance en le parti «dominant» de la Troïka et choisissent le Dr Marzouki en tant que première personnalité pour laquelle ils voteront s'ils sont appelés, aujourd'hui, aux urnes (de 20,9% en mars dernier, ils passent à 21,8% en juin). Viennent largement derrière Marzouki, Béji Caïd Essebsi, leader de «Nida Tounès» avec 11% (toutefois, l'ex-Premier ministre a réalisé un saut remarquable en matière de popularité puisqu'en mars 2012, seulement 2,8% ont déclaré vouloir le choisir), Hamadi Jebali avec 7%, Mustapha Ben Jaâfar avec 6%. Hamma Hammami et Néjib Chebbi ferme la marche avec respectivement 2,2% et 1,6%. Des scores faibles pour Al Joumhouri et Ettakatol Il est à remarquer que Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, dégringole en matière de popularité, pour tomber de 6,2% en mars 2012 à 1,3% en juin 2012, et ce, bien que le mouvement Ennahdha soit classé au premier rang pour ce qui est des intentions de vote. Quant à Béji Caïd Essebsi, il monte en flèche puisque sa popularité passe de 2,8% en mars dernier à 11% en juin, alors que Nida Tounès ne recueille que 5,2% des intentions de vote. Aussi est-il significatif de relever que pour les personnes sondées, il existe un décalage remarquable dans leur perception des mouvements et partis politiques qu'elles préfèrent d'une part et des personnalités qui dirigent ou animent ces mêmes formations, d'autre part. Pour revenir aux partis politiques qui auraient les faveurs des électeurs au cas où les élections se dérouleraient demain, il est à observer que le Congrès pour la République vient en deuxième position avec 7,9% d'intentions de vote, suivi du dernier parti constitué officiellement, soit «Nida Tounès», qui recueille 5,2% de promesses de vote. Al-Joumhouri et Ettakatol intéressent 4,2% et 4% des votants, alors qu'Al Moubadara ne recueillera qu'1% des électeurs. Seulement, il ne faudrait pas omettre de signaler deux chiffres assez significatifs : 23,2% des personnes sondées ne se prononcent pas, ce qui revient à dire qu'elles sont toujours indécises et 18,4% déclarent qu'ils ne voteront pour aucun parti parmi les partis présents actuellement sur la scène politique nationale. Et si l'on ajoute le taux des indécis à celui de ceux qui considèrent qu'ils ne se retrouvent pas dans ce qu'entreprennent les partis présents dans le paysage politique national (23,2% + 18,4%), l'on découvre que 41,6% des électeurs potentiels ne se sentent pas concernés par une opération électorale qui pourrait être déclenchée demain, selon les propositions d'Emrhod Consulting. Ce taux ne rappelle-t-il pas un autre taux encore plus inquiétant, celui des 48% parmi les Tunisiens qui ne se sont pas inscrits sur les listes électorales malgré toutes les facilités qui leur ont été accordées par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) et qui ont raté, de la sorte, l'opportunité de participer aux élections du 23 octobre 2011. Il est légitime, dans ce contexte, d'exprimer la crainte de voir les choses recommencer à l'occasion des prochaines élections qui approchent à grands pas et de voir la «désaffection du 23 octobre 2011» de plusieurs millions d'électeurs se reproduire au cours du printemps 2013, au cas où le calendrier proposé par Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de la Constituante, serait respecté. Et comme les sondages d'opinion reviennent toujours aux scores réalisés lors des précédentes consultations, Emrhod repose la question du premier trimestre 2012, sur le degré de satisfaction des citoyens interrogés quant au travail du président de la République, de l'Assemblée nationale constituante et du gouvernement. Les résultats montrent, ainsi, que ceux qui sont «plutôt satisfaits» du travail du Dr Marzouki ne sont plus que 43,3%, alors qu'ils atteignaient 48,5% en mars 2012. L'Assemblée nationale constituante, présidée par Dr Mustapha Ben Jaâfar, enregistre un recul significatif de 6,9% parmi ceux qui étaient «plutôt satisfaits de son travail», puisqu'ils ne sont plus que 39%, alors que trois mois auparavant, ils étaient 45,9%. Un autre chiffre mérite d'être cité : le nombre de ceux qui sont «tout à fait insatisfaits» de l'action de l'ANC a pratiquement doublé puisqu'il a grimpé de 12,6% en mars 2012 à 24% en juin de la même année. Côté gouvernement, l'enquête montre que 39,3% des personnes interrogées sont «plutôt satisfaites» de l'action gouvernementale, alors qu'en mars 2012 elles étaient plutôt 50,2% à se dire «plutôt satisfaites». D'autre part, le nombre de ceux qui se disent «très insatisfaits» de l'action du gouvernement a presque triplé, s'élevant de 9,8% en mars dernier à 25,7% en juin 2012. Il est à préciser que le présent sondage a été effectué par Emrohd Consulting. Il s'est déroulé durant la période allant du 18 au 22 juin 2012 et a ciblé 960 personnes qui ont été contactées par téléphone.