Après cinq jours de discussions à huis clos sur les stratégies et les motions à adopter par le mouvement Ennahdha, le 9e congrès du parti islamiste a débouché hier soir sur la réélection, comme prévu, du président sortant, Rached Ghannouchi avec environ 73% des voix, c'est ce que nous avons appris de sources fiables, avant la proclamation officielle des résultats qui se sont fait attendre hier soir, notamment pour le président du Conseil de la choura . C'est le premier congrès du mouvement Ennahdha hors clandestinité et c'est un rassemblement qui se présente comme un congrès fondateur pour le parti après les retrouvailles de tous ses militants. Un mouvement pour lequel plusieurs défis sont à l'ordre du jour, notamment les prochaines élections de mars 2013. Ennahdha a choisi la «voie modérée» et croit en un régime parlementaire absolu mais aussi il a choisi la continuité avec l'élection de Rached Ghannouchi à la tête du parti. En effet, il a été élu avec quelque 73% des voix du congrès auquel ont participé 1.103 délégués, alors que Sadok Chourou est venu en seconde position devant Mourou. C'est ce qu'on peut relever de plus important de ce 9e congrès nahdhaoui, outre le choix d'un régime parlementaire absolu. Des choix qui ne cachent pas, cependant, des divergences entre les congressistes mais aussi parmi les leaders sur des questions cruciales pour le parti mais aussi pour le pays alors qu'actuellement c'est lui le parti au pouvoir. Rached Ghannouchi, le chef historique de la formation, a notamment répété qu'Ennahdha, qui s'inspirait à l'origine des Frères musulmans égyptiens, devait devenir un parti de gouvernement «modéré». Les débats ont été parfois houleux lors de ce rassemblement, présenté comme historique, et selon des congressistes, il existe un conflit de générations dans cette phase importante de la vie du parti. Quel rôle pour le Conseil de la choura ? Le 9e congrès d'Ennahdha débouchera sur l'élection d'un Conseil de la choura qu'on a présenté en tant que conseil consultatif, outre le président du mouvement. Le président réélu d'Ennahdha aura à proposer un bureau exécutif qui sera approuvé ou non par le Conseil de la choura. C'est à ce moment-là que l'on saura si le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, sera maintenu ou non au poste de secrétariat général du mouvement islamiste. C'est ce qu'à expliqué en substance Farida Laâbidi, porte-parole du congrès. Le choix du secrétaire général ne relève pas des attributions du congrès, souligne-t-elle. Alors que certains leaders d'Ennahdha ont validé une stratégie «centriste» et «modérée» ainsi que les alliances politiques du mouvement et son programme économique, le contenu des différentes motions n'a pas été rendu public. De même, Abdelhamid Jelassi a affirmé qu'il n'y a pas d'intention d'élargir tout de suite le cercle des alliances et que le mouvement garde une continuité dans le débat avec l'opposition. Le mouvement Ennahdha a fait des pas vers l'ouverture mais les membres du parti sont loin d'être en accord sur tous les points. De nombreuses questions attendent des éclaircissements, notamment la place de l'Islam en politique. Ennahdha s'est fixé pour objectif d'être une formation de consensus mais doit concilier les modérés et les tenants d'une ligne plus radicale, qui seraient minoritaires. « Les congressistes ont voté à une majorité écrasante pour un régime parlementaire absolu », a déclaré le président du Congrès et ministre de la Santé, Abdelatif Mekki. Un choix qui va certainement mettre les deux alliés de centre-gauche des islamistes à l'Assemblée nationale constituante (ANC) mal à l'aise, eux qui réclament un système aménagé pour laisser d'importantes prérogatives au chef de l'Etat