•L'Irak déclare l'amnistie, la Tunisie demeure insensible Sur le seuil du ministère des Affaires étrangères, un groupe de barbus a organisé, hier, un sit-in dans l'objectif d'inciter ledit ministère et le gouvernement d'une manière générale à accélérer les procédures relatives au rapatriement des Tunisiens prisonniers dans les établissements d'incarcération irakiens. Un sit-in pacifique, qui ne compte que les barbus et les parents des prisonniers en question, a été organisé via Facebook. Des banderoles ont été accrochées à l'entrée principale du ministère, des incitations à la manière islamiste sont clamées, rehaussées par le takbir régulier et l'étendard noir. Parmi les participants à ce sit-in figure M. Sofiène Ben Romdhane. Ce jeune rappelle que les Tunisiens incarcérés dans les prisons irakiennes étaient mus par une noble cause, celle de libérer un pays arabe et musulman de la colonisation américaine. «Récemment, bon nombre de prisonniers libyens ont été relâchés. Le gouvernement libyen a, en effet, utilisé toutes les procédures pour rapatrier ses prisonniers. Or, ce n'est point le cas pour les Tunisiens, et malgré la décision d'amnistie, déclarée par le gouvernement irakien, la Tunisie n'a, pour l'instant, fait aucun pas dans ce sens», indique M. Ben Romdhane. Le nombre de Tunisiens incarcérés dans les prisons irakiennes demeure imprécis. Toutefois, notre interlocuteur note qu'ils ne comptent pas moins d'une quarantaine. «Sans oublier ceux dont on ignore s'ils sont encore en vie ou déjà décédés», renchérit-il. Notre interlocuteur indique, par ailleurs, que le ministère des Affaires étrangères se montre souvent compréhensif et favorable face à de pareilles recommandations, ce qui rassure un tant soit peu les sit-ineurs. Le retard quant aux procédures de libération des prisonniers tunisiens en Irak s'avère incompris et par les barbus et par les familles des prisonniers. M. Zied Trabelsi, participant au sit-in, évoque les directives déclarées lors du tout récent Sommet arabe quant au rapatriement desdits prisonniers. «Lors de cette réunion, il était déjà question de les relâcher au bout de deux mois au plus tard. Or cela fait deux mois et demi que la réunion a été tenue sans que le rapatriement ait lieu», indique M. Trabelsi. Et d'ajouter qu'il est grand temps que le gouvernement tunisien se penche sérieusement sur la question, surtout que l'état de santé de certains prisonniers est critique. L'inquiétude d'un père Si ces jeunes se sont regroupés, mus qu'ils sont par la cause, d'autres participants sont venus solliciter le rapatriement d'un fils pris en otage depuis des années. C'est le cas de M. Mohamed Salah Marmouch, dont le fils, Hadi, est parti, clandestinement, pour l'Irak depuis 2005 et y est incarcéré pour avoir franchi illégalement ses frontières. En effet, Hadi Marmouch a été arrêté et mis en détention depuis 2009. Il risquait, au début, une peine de 15 ans de prison. «Cependant, et vu qu'il n'a participé à aucune action terroriste ou violente, mon fils a bénéficié, ainsi que 17 autres personnes, de l'amnistie. Or, jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune nouvelle sur son éventuel rapatriement», indique M. Marmouch. Certes, ce père reçoit régulièrement des nouvelles de son fils à travers les coups de téléphone. Mais, les conversations l'inquiètent souvent beaucoup plus qu'elles ne le rassurent. Son fils lui raconte souvent la torture qu'on lui inflige, les conditions lamentables qu'il endure chaque jour à la prison fédérale de Jenjemen. «Seules les mères des prisonniers irakiens réconfortent nos fils en apportant une part supplémentaire des mets qu'elles préparent pour leurs fils. Chouchoutés par leur ambassadeur qui leur rend visite et n'hésite pas à leur fournir de l'argent, les détenus libyens partagent souvent leurs privilèges avec nos fils détenus», indique M. Marmouch qui espère revoir son fils dans les plus brefs délais.