Comme on l'a souvent rappelé , la consommation énergétique du secteur industriel a connu, tout au long de ces 20 dernières années, une augmentation relativement modeste d'environ 2,3% par an, contre une augmentation nettement plus importante de la valeur ajoutée du secteur estimée à 4% sur la même période. Ce découplage entre la consommation d'énergie et la valeur ajoutée dénote une amélioration significative de l'intensité énergétique finale du secteur. Ces performances résultent d'une politique volontariste de maîtrise de l'énergie dont la mise en œuvre est basée sur une panoplie d'instruments spécifiques institutionnels, réglementaires et incitatifs. A long terme, le potentiel d'économie d'énergie final dans l'industrie est estimé de manière approximative à environ 18 Mtep cumulées sur la période 2010-2030. Il représente la part la plus importante du potentiel global, tous secteurs confondus, soit près de 30%. La politique d'efficacité énergétique, EE, dans l'industrie repose sur trois types d'instruments complémentaires et cohérents entre eux : des instruments institutionnels, réglementaires et incitatifs. Pour mieux garantir une meilleure efficacité à ces instruments, l'Etat a associé des programmes d'assistance technique qui permettent de les concrétiser à travers les études thématiques, la communication, l'assistance technique aux industriels et le suivi de leurs projets. Une telle assistance technique est d'autant plus essentielle aux industriels qu'elle permet d' initier le marché de l'EE en valorisant l'environnement institutionnel, réglementaire et incitatif mis en place en faveur de l'EE. A ce titre, l'équipe de l'Unité d'Efficacité Energétique dans l'Industrie de l'ANME apporte de l'assistance technique aux industriels à travers la communication, la formation, le conseil, le suivi et l'accompagnement au montage et à la réalisation des actions d'EE. Cette mission de l'équipe de l'ANME est facilitée par la coopération internationale qui finance des programmes spécifiques d'assistance technique pour la promotion de l'EE dans l'industrie. Parmi ces programmes d'assistance technique, on peut citer à titre d'exemple les composantes d'assistance technique des deux lignes de crédit de l'AFD et de la BM, mais surtout le Projet d'Efficacité Energétique dans l'Industrie (PEEI) financé par le FEM/BM sur la période 2005-2012 et qui a permis de d'induire un vrai changement d'échelle de l'EE dans l'industrie.Le projet PEEI a été monté par l'ANME dans le cadre d'un financement FEM/BM de l'ordre de 8,5 M$ sur une période de 7 ans ayant démarré en 2005. L'objectif du Projet d'Efficacité Energétique dans le secteur industriel (PEEI) est d'éliminer les barrières pour le développement du marché de l'efficacité énergétique de façon durable et de concrétiser le potentiel latent d'économies d'énergie dans le secteur industriel. Il devrait permettre de ce fait d'améliorer la compétitivité des industriels tunisiens à travers la réduction des coûts de production liés à l'énergie, tout en contribuant à l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Le PEEI vise également de promouvoir l'approche des Etablissements de Services Energétiques (ESE), en tant qu'instrument de dynamisation du marché de l'EE dans l'industrie, et ce, en mettant en place des mécanismes pilotes d'incitation financière en faveur de ces structures. Un bilan à améliorer Les réalisations du Programme d'Efficacité Energétique dans l'Industrie pour la période allant de 2005 à 2010 sont importantes sur le plan énergétique, environnemental et socio-économique. Sur le plan énergétique et environnemental, le programme a permis des économies d'énergie de 320 ktep d'énergie primaire par an, une quantité d'énergie substituée par le gaz naturel de l'ordre de 180 ktep/an et des émissions évitées de 900 kteCO2 par an. Sur le plan économique, le volume d'investissement total dans les actions d'EE dans l'industrie est d'environ 271 MDT dont 30 MDT proviendront du FNME et le reste du secteur privé. Les investissements réalisés au titre de la maîtrise de l'énergie s'inscrivent par ailleurs dans une logique gagnant – gagnant entre l'Etat et le secteur privé. En effet, le temps de retour sur investissement se situe en moyenne à 2 ans pour les industriels et moins d'une année pour l'Etat (période nécessaire pour recouvrir la prime FNME). D'un autre côté, le programme a permis de créer de nouvelles filières et de nouveau métiers liés à l'efficacité énergétique. On citera, à titre d'exemple, la création d'une dizaine d'ESE qui sont au début de chemin, mais qui développent petit à petit ce nouveau business, puisqu'elles ont déjà signé une trentaine de contrats de performances pour un montant d'investissement total de l'ordre de 16 M$. On citera également la promotion et le développement de la filière de la cogénération au gaz naturel, comme technique efficace de production d'électricité et de chaleur.