Par Soufiane BEN FARHAT Chassez le naturel, il revient au galop. Le ministre de l'Intérieur israélien, Elie Yishaï, a annoncé hier l'imminente convocation de la commission chargée de la construction de logements à Al Qods-Est (Jérusalem-Est) : "J'ai l'intention de convoquer le plus rapidement possible la commission de planification et de construction à Jérusalem pour relancer la construction à Ramat Shlomo. Mais cette fois-ci les discussions n'auront pas lieu durant des visites de responsables américains en Israël", a déclaré Yishaï à Yom leYom, le journal de son parti ultra-orthodoxe, le Shass. Ce faisant, Israël impose son agenda belliciste et macabre en toute impunité. Il profite de la juxtaposition vicieuse de trois donnes : la navrante impuissance des pays arabes empêtrés dans de latents différends intramuros; la bienveillance coupable des Etats occidentaux traînant leur complexe historique des pogroms antijuifs au fil des âges; et le feu vert à peine déguisé d'une administration américaine officiant depuis le président Harry Truman comme la béquille dorée d'Israël. Israël en fait à sa guise. Israël n'a cure de la légalité internationale. A ses yeux, la force prime le droit. Et la force, ce sont les rapports de force internationaux. C'est-à-dire, en l'état actuel des choses, la prééminence des forts sur les faibles, du Nord sur le Sud, de l'Europe occidentale et de l'Amérique du Nord sur l'Afrique, l'Asie et l'Amérique dite latine, des lobbies sionistes et pro-israéliens sur les instances onusiennes… Les Palestiniens, eux, sont livrés à leur triste sort. Des millions d'entre eux végètent dans des camps de fortune en Jordanie, au Liban, en Syrie et ailleurs. Des camps datant de soixante ans pour la plupart. Ils s'y sont retrouvés au gré des spoliations de leurs terres, du génocide et des guerres d'épuration ethniques menés cycliquement depuis 1948 par les hordes sionistes et l'armée d'occupation israélienne. D'autres millions (les Palestiniens sont un peu plus de dix millions d'âmes au total) vivent sous occupation militaire israélienne. Ceux de la Ligne dite verte en premier lieu, quelque un million cinq cent mille Arabes israéliens détroussés de tous les attributs de leur identité historique. Puis les millions de Palestiniens de Cisjordanie occupée. Puis un million cinq cent mille Palestiniens de la bande de Gaza toujours occupée par Israël qui lui impose un blocus terrestre, maritime et aérien des plus iniques dans l'histoire de l'humanité. Il en résulte une injustice évidente et un fait inique et révoltant: le peuple palestinien est aujourd'hui le dernier peuple occupé de la terre. Il est le seul à subir encore un traitement au quotidien digne des pires occupations éhontées et dictatures caractérisées au fil des âges. Il est empêché tout simplement d'avoir une vie normale, privé de son identité, de son Etat indépendant, de ses champs, de ses oliviers centenaires, de ses maisons, de ses villes et villages, de la paix, de la vie normale comme vous et moi, avec ses vicissitudes certes, mais une vie normale au bout du compte. Aujourd'hui, en continuant la spoliation et la judaïsation d'Al Qods (Jérusalem), haut-lieu de l'Islam et du christianisme, Israël maintient vivace la flamme des confrontations religieuses historiques. Il en découle des ressentiments populaires amers et des contre-réactions identitaires et politiques crispées voire violentes. Pourtant, Al Qods (Jérusalem) a un statut bien particulier dans l'acception onusienne. Après la Deuxième Guerre mondiale, les Nations unies ont bien proposé un statut international pour Jérusalem et la ville jumelle chrétienne de Bethléem (Beït Lahm). Israël s'en est soucié comme d'une guigne, occupant militairement tant Al Qods que Beït Lahm. Les édifices historiques et religieux n'en finissent pas de pleurer leur triste sort. Tel est le cas, dans la vieille ville de Jérusalem, de l'Esplanade des Mosquées d'Al Aqsa et du Dôme du Rocher, troisième lieu saint de l'Islam. Tel est le cas, à Bethléem, de la Basilique de la Nativité, l'une des plus vieilles églises du monde, bâtie sur le lieu de la naissance du Christ. La soldatesque israélienne rit sous cape. Pour combien de temps encore ?