15.000 étudiants sont inscrits en France dont 12 % dans les Grandes écoles 95 %, d'entre eux, ne reviennent pas au pays La Tunisie, comme tous les autres pays, dispose d'une élite formée intra-muros ou à l'étranger. La problématique se pose pour cette dernière catégorie. Depuis longtemps, la question de revenir au pays ou de rester dans le pays d'accueil s'est posée avec acuité. Beaucoup ont tranché. Alors dans quel sens sont-ils allés ? Les études qui portent sur leur parcours n'abondent pas. Et là, il s'agit bien de considérer ce phénomène et de mieux le prendre en compte par les autorités. Il en est de même pour les Tunisiens émigrés en général et ceux qui sont diplômés en particulier. Une base de données doit être disponible. En tout cas, les statistiques disponibles permettent de se faire une idée plus ou moins précise sur le profil de nos «cerveaux» et de l'hémorragie à laquelle on assiste, impuissants. Un chiffre nous apprend que 5 % des jeunes qui vont faire des études d'ingénieur, par exemple, rentrent au bercail. Or, la communauté nationale aura lourdement investi pour permettre à ces jeunes de parvenir à ce niveau. La perte est d'autant plus grande que ces études coûtent 40 fois plus qu'en Tunisie. C'est, peut-être, l'une des raisons qui poussent les grandes sociétés et entreprises internationales à se les arracher et à leur faire des offres difficiles à refuser. En France, actuellement, il y aurait plus de 15.000 étudiants inscrits. Cela représente une augmentation de 50 % par rapport à 2005. Pourquoi la France ? Tout simplement, parce qu'il y a les liens historiques avec ce pays, la proximité géographique, l'usage de la langue française, l'abondance d'informations sur cette destination. Il y a, également, une sorte de tradition : des parents ont, eux-mêmes, effectué des études en France. Ils choisissent le même cursus pour leurs enfants. On compte dans les 5.441 étudiants tunisiens qui ont déposé des dossiers de candidatures auprès de Campus-France (agence nationale française pour la promotion de l'enseignement supérieur français à l'étranger). C'est un dispositif qui a été créé en 2008, qui aide les jeunes tunisiens à se préparer à faire des études en France en leur fournissant les informations et les conseils nécessaires. Il décline un service de messagerie et trois espaces d'accueil et de documentation. Le premier est à Mutuelleville, le second au Centre culturel français à Sfax et le troisième au Relais culturel de Sousse. Ainsi on compte, pour 2011, un nombre de boursiers de l'Etat français de 175 étudiants (63 élèves-ingénieurs, 97 doctorants et 15 masters). C'est l'équivalent de 1.1 million d'euros. Le nombre de visas accordés est passé de 2595 en 2005 à 3.233 en 2011 dont 66 % hommes et 34 % femmes. Si on regarde bien, on s'aperçoit que la position de la France est prioritaire. L'Allemagne vient en seconde position avec 2.660 étudiants tunisiens. La Roumanie suit avec 1058, le Canada avec 650, l'Ukraine avec 616, la Suisse avec 337 et les USA avec 301. Les étudiants en France comptent environ 12 % d'inscrits dans les grandes écoles. Parmi celles-ci, les plus illustres sont l'école Polytechnique, l'école Centrale et les Ponts-et-Chaussées. Quant aux formations les plus suivies, on note que 32 % poursuivent des études en sciences fondamentales et appliquées, 18 % en sciences économiques et gestion, 16 % en médecine et santé. Les autres ont opté pour les sciences de la vie et de la terre (11 %), les lettres et les langues (10 %), les sciences humaines et sociales (8 %) et le droit et les sciences politiques (5 %). Refus de revenir au pays Vu ces profils, les élites formées à l'Etranger ne préfèrent pas rentrer au pays. On dit aussi que, pratiquement, aucun ingénieur diplômé en informatique n'est au chômage actuellement en Tunisie. De plus, tout ingénieur, qui a eu une certification de type Java, Microsoft, ou Linux et Oracle dans le cadre du Programme national de certification des compétences en TIC, dispose de fait d'un passeport pour l'émigration vers le Canada, les USA ou l'Europe, où on cherche à attirer les ingénieurs TIC certifiés. Toutefois, si on fait un petit retour en arrière, on notera que le phénomène de la fuite des cerveaux n'a commencé à s'aggraver en Tunisie qu'à partir des années 1990. Avant, la chose était réelle mais pas trop alarmante. Les grands diplômés qui revenaient au pays étaient, alors, bien lotis et honorés. Ils intégraient aussitôt les directions des grands ministères techniques (équipement, transport, télécom, etc.) et les grandes entreprises nationales (Steg, PTT, etc...) ou occupaient des postes politiques. Le changement s'est opéré en raison d'une certaine politique qui visait à dévaloriser ces nouvelles élites. La structure familiale de certaines entreprises économiques tunisiennes ne leur permettait pas de jouir de toutes les libertés de décision dont ils avaient besoin. Par ailleurs, ces cadres étaient parfois placés sous la direction de supérieurs «politisés» et de moindre niveau qui entravaient leur action. Dans d'autres cas, on les mettait au frigo tout en leur donnant un salaire assez conséquent. Cette tendance de refuser le retour au pays se poursuit, aujourd'hui. Les connaisseurs parient qu'elle ne disparaîtra pas de sitôt. A moins que, avec la mondialisation, on pourrait offrir les mêmes avantages des multinationales avec des postes dans le pays d'origine. Admission dans les Grandes écoles françaises : Une bonne performance en 2012 L'année 2012 comptera parmi les meilleures années pour la qualité du recrutement des étudiants tunisiens au sein des Grandes écoles françaises. Les étudiants ayant préparé les concours en Tunisie ont particulièrement brillé cette année puisque l'on compte 56 admis provenant de l'Ipest et 20 issus d'Esprit prépa. Douze étudiants recevront pour toute la durée de leur scolarité (trois ans) une bourse d'études de l'ambassade de France : 2 à l'Ecole polytechnique, 6 à l'Ecole centrale de Paris, 1 à l'Ecole normale supérieure, 2 à Télécom Paristech, 1 à HEC.