L'ordre du jour de la 4ème session de la conférence des compétences est axé principalement sur l'examen de la contribution que les compétences tunisiennes à l'étranger peuvent apporter pour impulser le partenariat tuniso-européen en matière de recherche scientifique, d'innovation et de transfert technologique, dans le cadre des programmes cadres européens lancés à cet effet. Deux jours auparavant, l'Association des chercheurs et des enseignants tunisiens en France a tenu, à Tunis, son forum annuel consacré à aider les autorités tunisiennes à voir plus clair dans la valorisation des résultats de la recherche scientifique, à la lumière des expériences européennes.
Question de conditions Le rôle des compétences tunisiennes à l'étranger se réduit, ainsi en partie, à celui de consultant et de contact, alors qu'une majorité de ces compétences doivent leur formation à l'argent du contribuable tunisien, à l'image des ingénieurs formés dans les Grandes écoles françaises et étrangères similaires, après des études primaires, secondaires et préparatoires en Tunisie et grâce à des bourses d'études à l'étranger accordées par le gouvernement tunisien. Selon les chiffres officiels, sur les quelques 5000 compétences tunisiennes à l'étranger recensées, environ 2500 sont des ingénieurs, suivis des enseignants chercheurs qui avoisinent les 1300 et les médecins, aux alentours de 850. Les pays d'accueil sont dans l'ordre la France (1600), le Canada (610), les Etats-Unis d'Amérique (530) et l'Allemagne (500). En ouvrant la rencontre, le ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie, Mr Lazhar Bououny, a fait état d'un grand programme de développement des études d'ingénieurs en Tunisie, sur le plan quantitatif et qualitatif. Le nombre des ingénieurs formés annuellement par les écoles tunisiennes d'ingénieurs sera porté à 7000 contre 4500, cette année, tandis que la qualité de la formation sera améliorée, avec l'introduction du système de certification. Au même moment, d'après les informations que nous avons pu recueillir, une révision va être opérée au niveau de l'attribution de bourses d'études aux étudiants tunisiens de l'Institut préparatoire des études scientifiques et techniques de la Marsa (IPEST), admis aux concours d'entrée aux grandes écoles françaises. Ainsi, seuls les étudiants admis dans les écoles françaises d'excellence comme l'école polytechnique, l'école des mines, recevront des bourses, c'est-à-dire les admis dans des établissements français qui se distinguent par une certaine plus value par rapport aux établissements tunisiens. L'occasion encourage le plus souvent la fuite des cerveaux, bien que des conditions objectives l'alimentent aussi. Interrogés, certains participants évoquent à ce propos tout spécialement les conditions d'emploi et d'employabilité en Tunisie qui encouragent les compétences tunisiennes à préférer le travail à l'étranger. Ce facteur n'est pas spécifique à la Tunisie et il est à l'œuvre dans tous les pays en développement. D'ailleurs, des avantages assez substantiels sont offerts en Tunisie à certaines catégories de compétences tunisiennes à l'étranger pour les encourager à effectuer des missions ponctuelles dans le pays, comme les professeurs visiteurs engagés à effectuer des missions d'enseignement et de recherche pour quelques mois. Dans ce contexte, Mr Mohamed Frikha, vice président du Haut Comité des sciences et de la technologie qui œuvre justement à une implication plus efficace des compétences tunisiennes à l'étranger au développement du pays, estime le concept de fuite des cerveaux dépassé dans le contexte actuel de la mondialisation, notamment pour un pays comme la Tunisie qui a fait de l'intégration à l'économie mondiale un choix de civilisation. Selon lui, les domaines de la recherche, de l'innovation et du savoir sont devenus, aujourd'hui, des domaines absolument ouverts, y compris des secteurs très avancés comme l'avionique. A partir de leurs pays d'accueil, qui sont les pays producteurs de la science et de la technologie, les compétences tunisiennes à l'étranger peuvent participer efficacement au développement de leur pays, en devenant des vecteurs de transmission et de transfert du savoir et de la technologie au profit de leur pays. Mr Aziz Chikhaoui, président de l'Association des chercheurs et enseignants tunisiens en France, partage le même avis. D'autant qu'il s'agit d'une étape dans l'action de développement et non d'un état permanent. La question est liée à des conditions qui s'améliorent de manière continue. Elle pourrait n'être, en définitive qu'une question de temps.